L'île du bout du monde - extrait n° 4

 
    • cnslancelot

      Espoir de la lecture

      Hors ligne

      #1 17 Septembre 2017 20:02:10

      Un rêve ?



         

      Henri regarda autour de lui et reconnut le café auquel il avait l’habitude de s’installer pour boire un verre, le marchand de glace ainsi que le vendeur de beignets. Pas de doute, il était revenu de ce cauchemar et il poussa un soupir de soulagement. Il décida de quitter la plage et de retourner à son hôtel pour préparer ses valises, attribuant aux lieux une sorte de malédiction à cause de cet affreux rêve. Il retourna chez sa mère dans le Wisconsin et tenta d’oublier cette étrange aventure. Il essaya du mieux qu’il pouvait mais les images lui revenaient sans cesse à l’esprit. Il passa une année avant que, par miracle, il arrête de rêver de l’île et de ses titanesques démons. Il avait lors de ses rêveries visiter chaque recoin, de la plage d’or jusqu’au-delà de l’immense forêt d’arbres aux multiples couleurs. Il relata tout dans son petit journal. Il fit une description parfaite des environs. Il parla dans ses écrits d’une cité en ruines qu’il avait aperçu lors de son périlleux voyage, témoignage d’une civilisation jadis existante. La vétusté des pierres qui la composaient semblait indiquer qu’elle était vieille de plusieurs milliards d’années et qu’elle fut construite bien avant l’apparition des premiers hommes. Ou alors il s’agissait là des restes d’un monde post-apocalyptique où seuls les monstres dominaient et que l’homme avait depuis le temps disparut.
         Il garda précieusement ses notes et les rangea à l’abri des regards indiscrets dans un coffre cadenassé. Il passa ensuite le plus clair de son temps à la bibliothèque, à la recherche d’ouvrages traitant des civilisations disparues avant de se rendre compte qu’aucune date ne correspondait. Les civilisations les plus anciennes qu’il put trouver étaient celles des premiers hominidés. Il reconsidéra alors l’autre hypothèse selon laquelle la cité qu’il avait vu en rêve avait été construite dans son futur, un futur qu’il redoutait par-dessus tout. Il consulta ensuite quelques ouvrages sur les relativités spatio-temporelles tel que « La théorie de la relativité restreinte », d’Albert Einstein ou encore « La nature de l’espace et du temps », de Stephen Hawking et enfin sur les voyages astraux et les rêves. Il passa une grande partie du printemps à la bibliothèque, en train de feuilleter les livres, décidé à découvrir la vérité. Il se rendit même chez son médecin pour se faire prescrire des somnifères de crainte de se réveiller d’un de ses voyages oniriques. Il put à loisir visiter l’ancienne cité et ses alentours, partir à la recherche d’une quelconque trace de civilisation et étudier la flore environnante.
         Les arbres de son rêve semblaient être un curieux mélange et il ne pouvait dire à quelle espèce de plante ils appartenaient. Ces titans de bois donnaient des fruits que l’on retrouve chez certains conifères mais ressemblaient à tout sauf à des conifères. Il y reconnut par contre une ou deux plantes grasses qui grimpaient le long d’un tronc. Il découvrit aussi quelques fleurs dont les pétales étaient bariolés et qui les rendaient tout sauf naturels. Il les examina longuement puis le lendemain matin, à son réveil, il prit soin de tout noter dans son petit carnet qu’il gardait précieusement dans son petit coffre sur la table de chevet. Il retourna ensuite à la bibliothèque pour y étudier les divers types de plantes afin de les comparer à celles qu’il avait vu sur l’île. Au final il ne trouva rien de très concluant et rentra chez lui, abandonnant pour le moment ses recherches.
         Henri ne savait même plus pourquoi il faisait tout ça alors qu’il lui semblait que ce n’était qu’un simple rêve, un fantasme. Peut-être parce qu’il craignait une quelconque vérité dans tout ce qu’il avait pu observer. Si l’île existait bel et bien dans une réalité ou une autre, il se devait de tout relater afin qu’un jour les générations futures puissent être prévenues si jamais le pire venait à arriver. Ainsi il sauverait le monde d’une catastrophe sans précédent où des créatures cyclopéennes prendraient le contrôle de la planète, réduisant toute espèce inférieure au néant. Ses monstres ne s’en étaient jamais pris à lui dans ses cauchemars et n’avaient d’effrayant que leur grossière apparence. Pourtant il sentait que ces bêtes pouvaient représenter une réelle menace pour l’humanité. Alors rêve ou pas, il se devait d’agir.
         Dès qu’il eut fini son carnet, il alla voir son ami René afin de lui faire part d’une copie de ses notes lui intimant de les lire que s’il venait à disparaître. Il lui demanda ensuite de lui organiser une expédition afin de trouver trace de son île et d’éclaircir enfin le mystère qui l’entourait.