Worm, une traduction

 
    • Drawn

      Livraddictien débutant

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      #1 12 Août 2017 01:48:46

      Bonjour, je suis Drawn et en regardant les différentes sections de ce forum, j'ai trouvé que celle ci correspondait le plus, je m'excuse si ce n'est pas le cas. 
      Concernant mon projet, il s'avère qu'il y a un an de cela alors que j'étais aux états unis, un ami m'a conseillé de lire un web serial (histoire publiée chapitre par chapitre sur internet, gratuitement) que lui et ses amis avaient adoré. J'ai suivi son conseil et autant dire que je suis tombée amoureuse de l'histoire. J'ai donc passé toute mon année à essayer sans grand succès de convaincre mes amis de la lire. Leur plus grosse objection ? 1,680,000 mots en anglais, c'est pas facile d'accès pour tout le monde. C'est pour cela que j'ai décidé de me lancer dans la grande aventure qu'est la traduction de ce monstre. J'en suis à trois chapitres pour l'instant, et l'expérience me plait bien, cela dit en dehors de mes amis et de ma famille, personne ne lit mon travail, ce qui est normal puisqu'en dehors de la communauté exclusivement anglophone qui lit des web serials, personne ne connais Worm.
      C'est pour cela que j'ai décidé d'entrer en contact avec des communautés de lecteurs français, espérant que certains parmi vous seraient intéressé par la perspective de lire le travail de l'auteur, Wildbow. Sur ce je vous laisse avec ma traduction des mots de l'auteur, en espérant que certains d'entre vous me feront l'honneur de la lire.
      PS : je suis seule sur le projet, il est plus que possible qu'il y ait des typos ou fautes qui soient passées au travers des mailles, si vous en repérez, prévenez moi.

      Tous ce qui suit est la propriété de John Mcrae alias Wildbow

      Worm

      by John Mcrae

      Une jeune lycéenne introvertie avec un super pouvoir peu conventionnel, Taylor décide de sortir en costume afin d’oublier sa vie de tous les jour, frustrante et sans joies. Sa première tentative d’affronter un supervaillain la voit se faire prendre pour un de ces derniers, l’envoyant immédiatement au cœur du monde des Capes, un monde avec sa politique propre, ses règles et morales ambiguës. Alors qu’elle met en jeu sa vie et sa santé Taylor va se trouver face au dilemme de devoir faire de mauvaises choses pour de bonnes raisons.

      L’histoire, titrée Worm, prend la forme d’un web serial, posté sur un internet chapitre par chapitre, de manière similaire aux travaux de Mark Twain, avant l’apparition de romans à proprement parler. Worm a débuté en Juin 2011 et s’est terminé en Novembre 2013, et fut publié à raison de deux chapitres par semaine. Il est composé de environ 1,680,000 mots soit environ 26 romans de taille moyenne. Les chapitres étaient publiés les mardis et samedis avec des chapitres occasionnels les jeudis.

      L’œuvre elle même est séparée en différents arcs narratifs chacun contenant 5 à 16 chapitres. Des interludes entrecoupent l’histoire offrant des informations supplémentaires et un autre point de vue que celui de Taylor. D’autres interludes furent publiés comme bonus lorsque l’audience atteignait un certain niveau de donations, mais ils éloignaient l’attention de l’histoire principale (malgré une réception positive) et furent peu à peu abandonnés.

      Les lecteurs devraient être avertis que Worm est un travail de fiction particulièrement sombre et que les choses empirent au fur et à mesure de l’histoire. Les moralités ne sont pas noires ou blanches, Taylor et les autres personnages ne sont pas invincibles, les héros ne gagnent pas la guerre entre le bien et le mal et les super pouvoirs n’ont pas affecté le monde pour le mieux. Le strict opposé en fait. Même à un niveau plus fondamental la vie au quotidien de Taylor n’est pas heureuse, et elle est au bout du rouleau dès le début de l’histoire. Les habitants du Wormverse (comme l’a appelé la communauté) ne sont pas tendres et je fais de mon mieux pour ne pas l’être non plus en tant qu’auteur. Le langage est parfois grossier, il y a de la violence et du sexe (seulement mentionné dans le cas du dernier). Il serait plus simple de noter les trigger warnings qui n’ont pas lieux d’être plutôt que ceux présents dans l’histoire.

      En résumé ce n’est pas une histoire pour les jeunes, je le mettrait moi même PG-18 , mais je pense que nous savons tous qu’il y a des enfants qui peuvent supporter ce genre de chose et des adultes qui ne peuvent pas. Utilisez votre jugement et les commentaires si vous n’êtes pas sûrs.

      _______________

      Note : ce livre n’est pas destiné à un public jeune, si vous êtes sensibles il vous est conseillé de ne pas lire l’œuvre qui va suivre.

      Le cours allait se terminer dans cinq minutes et je ne pouvais penser que : une heure c’est trop long pour manger.

      Depuis le début du semestre j’avais attendu avec impatience le moment ou le cours de Mr Gladly sur les affaires mondiales* aborderait le sujet des Capes. Et maintenant qu’on y était enfin je n’arrivait pas à me concentrer. Je jouait nerveusement avec mon stylo, le passant de main en main, tapant contre la table ou dessinant sur un coin de mon cahier, la nouvelle figure allant rejoindre les autres déjà présentes. Mes yeux aussi n’arrêtaient pas de bouger passant de l’horloge à Mr Gladly puis à l’horloge de nouveau. Je n’écoutait pas assez son cours pour suivre ce qui se disait. Vingt minutes puis douze puis cinq avant la sonnerie.

      Il semblait animé, clairement excité par ce dont il parlait et, pour une fois, la classe l’écoutait. Il était le genre de prof qui veut être pote avec ses élèves, le genre qui se fait appeler « Mr G » au lieu de Mr Gladly. Il aimait bien terminer ses cours un peu avant l’heure, discuter avec les élèves populaires, donnait plein de travaux de groupe pour que les autres puissent traîner avec leurs amis en classe et faisait des cours « sympas » style faux procès.

      Pour moi il était un des gars populaire qui était devenu prof. Il était probablement convaincu d’être le favoris de tout le monde. Je me demandais comment il réagirait au fait d’entendre mon avis sur la question. Est-ce que ça détruirait l’image qu’il avait de lui même ou est-ce qu’il mettrait ça sur le compte d’une anomalie de la part de la fille dépressive qui ne parlait jamais en classe ?

      J’ai jeté un coup d’œil au dessus de mon épaule. Madison Clements était assise deux rangées derrière moi et deux sièges à ma gauche. Elle vit mon regard et me lança une grimace narquoise, ses yeux se rétrécissant et je baissais mon regard sur mon cahier. J’essayai d’ignorer le pressentiment qui me tordais l’estomac et regardai l’horloge. Onze heure quarante-trois.

      « Donc laissez moi résumer » dit Gladly « désolé les gars mais il y a des devoirs pour le week-end. Pensez aux Capes et à la manière dont ils ont impactés le monde qui nous entoure. Vous pouvez faire une liste si vous voulez mais c’est pas obligatoire. Lundi on se répartira en groupes de quatre et on verra qui a la meilleure liste. J’achèterai au groupe des vainqueurs des bonbons au distributeur. »

      Il y eut une série d’exclamations de joie suivies du chaos de fin de cours. La salle était remplie de bruits d’arceaux de classeurs qui claquent, de cahiers qui se ferment et de chaise qui raclent contre le carrelage, le tout enrobé du bruit de fond des conversations naissantes. Un groupe des élèves les plus sociaux de la classe se dirigea vers Mr Gladly pour discuter.

      Moi ? J’ai rangé mas livres en silence. Je n’avait presque pas pris de notes du cours ; il n’y avait sur les pages que des petits dessins et des numéros écrits alors que je comptais les minutes me séparant de la fin du cors comme si il avait s’agit du compteur d’une bombe. Madison discutait avec ses amis. Elle était populaire mais pas magnifique comme le stéréotype de la fille populaire à la télé. Elle était plus « mignonne ». Petite et fine. Elle jouait le rôle avec des barrettes bleues ciel dans ses cheveux bruns mis longs et son attitude mièvre. Elle portait un haut sans bretelles et une jupe en jean, ce qui était à mon avis stupide puisqu’il faisait encore assez froid les matins pour que nos souffles se condensent.

      Mais je n’était pas vraiment en position de la critiquer, elle avait du succès auprès des mecs et des amis, on ne pouvait pas vraiment dire la même chose à mon sujet. Mon seul atout féminin était mes cheveux bruns et bouclés que j’avais laissé pousser. Les habits que je portais ne montraient pas de peau et je ne me parais pas de couleurs comme un oiseau montrant son plumage.

      Les garçons l’aimaient bien, je pense, parce qu’elle était jolie sans être intimidante.

      Si seulement ils savaient.

      La cloche sonna avec un ding-dong chantonnant et je fus la première à passer la porte. Je ne couru pas mais j’avançais à grandes enjambées alors que je me dirigeait vers l’escalier pour atteindre les toilettes du troisième étage.

      Il y avait déjà une bonne demi douzaine de filles lorsque j’arrivai, il me fallu donc attendre qu’une place se libère. Je gardais un œil nerveux sur la porte des toilettes, sentant mon cœur tomber un peu plus bas dans ma poitrine à chaque fois que quelqu’un la poussait pour entrer.

      Dès qu’une place fut libre j’y entrais et verrouillait la porte. Je m’appuyais contre le mur et exhalait lentement. Ce n’était pas exactement un soupir de soulagement. Soulagement impliquait de se sentir mieux. Je ne me sentirait pas mieux avant d’être de retour à la maison. Je me sentait juste moins mal à l’aise.

      Il fallu environ cinq minutes pour que les bruits cessent complètement. Un coup d’œil sous le mur séparant mes toilettes des autres révéla que plus personne ne se trouvait dans la pièce. Je m’assis sur le couvercle des toilettes et attrapais mon paquet repas brun pour manger.

      Déjeuner dans les toilettes était la routine maintenant. Tous les jours d’école je me cachais ici pour finir mon repas avant de faire mes devoirs ou de lire un livre jusqu’à ce que la cloche sonne. Le seul livre dans mon sac que je n’avait pas lu était intitulé « Triumvirat », un biographie des trois membres principaux du Protectorat. Je pensais passer aussi longtemps que possible sur le devoir de Mr Gladly avant de lire, je n’étais pas vraiment fan du bouquin. Les biographies n’étaient pas mon truc, surtout quand j’avais l’impression persistante que ce n’était que des mensonges.

      Mais quels qu’aient été mas plans je n’eut même pas le temps de terminer mon wrap. La porte des toilettes s’ouvrit à la volée. Je me figeais. Je ne voulais pas avertir qui que ce soit de ma présence aussi restais-je immobile, l’oreille tendue.

      Je ne pouvais comprendre ce que disaient les voix. Elles étaient à demi masquées par des gloussements et le bruit de l’eau d’un des lavabos. Quelqu’un tapa à ma porte me faisant sursauter. Je l’ignorais mais les tapements se firent plus insistants.

      « Occupé »dis-je d’une voix hésitante.

      « Oh putain c’est Taylor ! » dit une des filles de l’autre côté de la porte, puis en réponse à ce qu’une autre fille lui avait murmuré « Ouais vas-y ! »

      Je me levais abruptement, renversant au passage mon sac et mon repas. Me précipitant vers la porte de ma cabine je la déverrouillais et poussais de toutes me forces. Elle ne bougea pas d’un pouce.

      Il y avais des bruits dans les cabines de chaque côté de la mienne puis un bruit au dessus de moi. Je levais les yeux pour vois de quoi il s’agissait, uniquement pour me faire arroser. Mes yeux commencèrent à brûler et je fus momentanément aveuglée par le fluide acide dans mes yeux et sur mes lunettes. Je pouvais le goûter alors qu’il pénétrait dans ma bouche et mon nez. Du jus de cranberry.

      Elles ne s’arrêtèrent pas là. Je parvint à enlever mes lunettes juste à temps pour voir Madison et Sophia me surplombant, bouteilles de jus à la main. Je me penchais en avant en me protégeant de mes mains juste avant de recevoir une douche de jus de fruit.

      Il coula le long de ma nuque trempant mes habits et pétillant dans mes cheveux. Je poussais de nouveau la porte mais la fille de l’autre côté la tenait solidement fermée avec son corps.

      Si les deux fille me douchant avec du jus de fruit étaient Sophia et Madison, alors cela signifiait que la fille de l’autre côté était Emma, leader du trio. Sentant ma colère monter je poussais un grand coup contre la porte avec tout le poids de mon corps. Ça ne fit rien et mes chaussures trempées perdirent leur traction contre le sol. Je tombais à genoux dans une flaque de jus.

      Des bouteilles en plastique avec des étiquette de jus de cramberry et de raisin tombèrent sur le sol autour de moi. Une bouteille de soda à l’orange rebondit sur mon épaule pour atterrir dans la flaque au sol avant de rouler jusqu’à la cabine suivante. L’odeur sucrée était écœurante.

      La porte s’ouvrit en grand et je défiais du regard les trois filles devant moi. Madison, Sophia et Emma. Là ou Madison était mignonne, à la puberté tardive, Sophia et Emma correspondaient à l’image même de la reine de promo. Sophia avait le teint sombre, avec un corps svelte et athlétique qu’elle avait développé en tant que coureuse dans l’équipe du lycée. Emma aux cheveux roux, par contraste, avait toutes le formes que les mecs voulaient. Elle était assez belle pour décrocher le job occasionnel de mannequin amateur pour les catalogues des magasins du coin. Les trois se moquaient de moi comme si c’était la chose la plus drôle au monde, mais les sons de leur amusement parvenaient à peine jusqu’à moi. Toute mon attention était sur le rugissement de mon sang dans mes oreilles et les « craquements » inquiétants et pressants qui ne seraient pas étouffés si je mettais mes mains sur mes oreilles. Je pouvais sentir des restes de jus coulant le long de mes bras et de mon dos, toujours froids à cause du système réfrigérant du distributeur.

      Je n’avais pas confiance en ma capacité de rétorquer quoi que ce soit qui ne les face encore plus rire, ainsi restais-je silencieuse.

      En faisant attention, je me mis sur mes deux pieds pour aller attraper mon sac toujours sur la cuvette des toilettes. Le voir me fis marquer une pause. Il était kaki, avant, mais était maintenant couvert de tâches violettes. Passant les bretelles sur mes épaules je me retournais. Les filles n’étaient pas là. J’entendis la porte des toilettes claquer, coupant leurs voix excitées et me laissant seule dans la pièce, trempée.

      Je m’approchais du lavabo et me regardais dans le miroir sale et abîmé accroché au dessus. J’avais hérité d’une grande bouche fine et expressive de ma mère mais mes yeux larges et mon air maladroit me faisaient ressembler à mon père. Mes cheveux étaient trempés d’une telle manière qu’ils collaient à mon scalp, mon cou et mes épaules. Je portais un sweat à capuche brun au dessus d’un t-shirt vert, mais des tâches rouges, violettes et oranges marbraient les deux. Mes lunettes étaient couvertes de gouttelettes de toutes les couleurs. Une goutte coula le long de mon nez avant de tomber dans l’évier.

      A l’aide d’une serviette en papier du distributeur j’essuyais mes lunettes avant de les remettre, mais les traînées résiduelles rendaient la vision tout aussi difficile sinon plus.

      Respire profondément Taylor, me dis-je.

      J’enlevais de nouveau mes lunettes pour les nettoyer avec une serviette mouillée mais les traces étaient toujours là.

      Un cris inarticulé de frustration et de colère s’échappa de mes lèvres, et je donnais un coup de pied dans le sceau en plastique juste en dessous de l’évier, l’envoyant heurter le mur avec la brosse à toilettes qu’il contenait. Lorsque même ça ne suffit pas, je pris mon sac à deux mains pour l’envoyer voler. Je n’utilisait plus mon casier, il avait déjà été vandalisé quatre fois. Mon sac était lourd, chargé qu’il était de mes affaires pour toute la journée. Il y eut un craquement audible lorsqu’il percuta le mur.

      « Mais putain quoi ! » Je criais à personne en particulier, ma voix se répercutant dans les toilettes. Il y avait des larmes aux coins de mes yeux.

      « Bordel mais qu’est-ce que je suis sensée faire ? » Je voulais frapper quelque chose, casser quelque chose. Prendre ma revanche contre ce monde injuste. Je faillis frapper le miroir mais me retint de justesse. Cela ne servait tellement à rien que j’avais l’impression que ça ne ferait que me faire me sentir plus insignifiante au lien de calmer ma frustration.

      J’avais enduré ça tous les jours d’école depuis un an et demi. Les toilettes avaient été ce qui s’approchait le plus d’un refuge. Ça avait été solitaire et peu digne, mais ça avait été un endroit ou je pouvais me réfugier, un endroit hors de leur radar. Maintenant je n’avais même plus ça.

      Je ne savais même pas ce que j’étais sensée faire pour les cours de l’après midi. Notre examen d’arts plastiques était dû mais je ne pouvais pas aller en cours comme ça. Sophia y serait et je pouvais déjà imaginer son sourire satisfait si j’arrivais en ayant l’air de sortir d’une poubelle.

      En plus je venais de jeter mon sac contre le mur et je doutais que mon projet soit toujours entier.

      Le bourdonnement aux frontières de ma conscience empirait. Mes mains tremblèrent alors que je me penchais en avant, agrippant le bord de l’évier, laissant s’échapper un long soupir et mes défenses tomber. J’avais passé les trois derniers mois à me retenir. Mais maintenant ? J’en avais plus rien à faire.

      Je fermais mes yeux, laissant le bourdonnement se transformer en information concrète. Aussi nombreux que des étoiles des nœuds de données complexes firent leur apparition tout autour de moi. Je pouvais me pencher sur chacun individuellement, me concentrer sur les détails. L’ensemble des données s’était approché de moi régulièrement depuis que j’avais été arrosée. Elles répondaient à mon subconscient et mes émotions, autant le reflet de ma frustration, ma colère, ma haine pour ces trois filles que mon cœur battant et mes mains tremblantes. Je pouvais les faire s’arrêter et bouger presque sans y penser, comme pour bouger un bras ou un doigt.

      J’ouvris mes yeux. Je pouvais sentir l’adrénaline parcourir mon corps, mon sang s’écouler dans mes veines. Je tremblais en réaction à la fraîcheur des jus de fruit dont on m’avait trempée, à mon anticipation et à un peu de peur. Sur chaque surface des toilettes se trouvaient des insectes ; des mouches, des fourmis, des araignées, des milles-pattes, des perces-oreilles, des scarabées des guêpes et des abeilles. A chaque seconde qui passait plus arrivaient par la fenêtre ouverte et d’autres ouvertures variées dans la pièce avançant à une vitesse surprenante. Certains arrivèrent par un trou là ou l’évier rejoignait le mur, d’autres par une ouverture triangulaire dans le plafond, ou par la fenêtre à la peinture écaillée couverte de mégots de cigarettes écrasés dans les cavités. Ils se regroupèrent autour de moi sur chaque surface disponible, un ensemble primitif de signaux et de réponses, à l’attente des ordres.

      Mes sessions d’entraînement m’avaient appris que je pouvais diriger un seul insecte afin qu’il bouge une antenne ou commander toute une horde pour qu’elle se déplace en formation. D’une simple pensée je pouvais sélectionner un groupe particulier, espèce ou maturité, et les diriger comme bon me semblait. Une armée de soldat sous mon contrôle total.

      Il me serait tellement simple, tellement simple, de simplement partir en mode Carrie**. Donner au trio la leçon qu’elles méritaient et leur faire regretter tout ce qu’elles m’avaient fait subir ; les e-mails vicieux, les déchets sur mon bureau, la flûte – celle de ma mère- qu’elles avaient volé dans mon casier. Et pas seulement elles. D’autres filles et un petit nombre de garçons avaient participé, oubliant « par accident » de récupérer mes devoir à rendre, ajoutant leurs voix aux moqueries et aux marées d’e-mails injurieux, tout pour attirer l’attention d’une des trois filles les plus belles et populaires de notre niveau.

      J’étais bien consciente que je serais attrapée et arrêtée si j’attaquais d’autres élèves. Il y avait trois équipes de super héros et un certain nombre de héros indépendants dans la ville. Je m’en moquais un peu. La pensée de mon père découvrant mon arrestation à la télé, sa honte ? Voilà qui était plus terrifiant, mais même ça ne contrebalançait pas complètement la colère et la frustration.

      Sauf que je valais mieux que ça.

      Avec un soupir j’envoyais une instruction à l’ensemble de l’essaim. Dispersion. Le mot n’était pas aussi importait que l’idée derrière. Ils commencèrent à quitter la pièce disparaissant entre les fissures du carrelage et par le fenêtre. Je m’appuyais contre la porte d’entrée des toilettes afin de m’assurer que personne ne surprendrait la scène.

      Peu importe à quel point je le voulais, je ne pouvais sévir. Alors même que je tremblais d’humiliation je parvint à me convaincre de récupérer mon sac à dos et à sortir des toilettes. Je quittais l’école ignorant les regards et les rires sur mon chemin et attrapais le premier bus allant dans la direction générale de ma maison. Le jus de fruit que me recouvrait encore, trempant mes vêtements, aggravait le vent frais de début de printemps, me faisant frissonner.

      Je serais une super héroïne. C’est cet objectif que j’utilisais pour me calmer dans les moments comme ça. Ce qui me faisais me lever le matin pour aller à l’école. Le rêve fou qui rendait tout tolérable. C’était quelque chose à attendre, quelque chose à espérer. Ça m’aidait à supporter le fait que Emma Barnes, leader du trio, était avant ma meilleure amie.

      *(World Affairs) sujet disponible au lycée aux US, qui porte sur la géographie, la politique, l’économie, et les sujets de société actuels.

      **Référence au film Carrie dans lequel une jeune fille dotée de pouvoirs mais persécutée par les élèves de son lycée finit par craquer et tous les tuer. Expression utilisée aux US to go Carrie signifie perpétrer un massacre lié à la vengeance, à la colère ou la folie.

      __________
      Lien vers l'oeuvre originale : https://parahumans.wordpress.com/
      Lien vers la traduction : http://rss.webinage.fr/worm/
    • Richert Ophelie Auteure

      Néophyte de la lecture

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      #2 19 Août 2017 16:56:06

      Hey !

      Bah écoutes, ça m'a l'air bien cool tout ça ! Je trouve génial le projet que tu as de traduire toi-même un récit en anglais que tu as apprécié pour que d'autres qui ne lisent pas l'anglais, qui ne savent pas lire l'anglais (comme moi)  puissent en profiter. bravo à toi !

      bisous !
    • Drawn

      Livraddictien débutant

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      #3 22 Août 2017 00:32:49

      Merci beaucoup pour ton commentaire @Satana.
      J'ai décidé d'opter pour un rythme de parution de un chapitre par semaine, mon objectif étant d'en poster un tous les lundi, ce que je ferai ici aussi. Je pense continuer de poster ici jusqu'à la fin de l'arc un (sept chapitres), histoire de vous donner un avant goût. Cela dit vu que c'est du travail de formatage en plus j'aimerai ne pas avoir à continuer pour l'intégralité du projet, surtout qu'à partir d'un certain nombre de chapitre la lecture deviendra compliquée car le forum n'est pas fait pour. Pour la suite il faudra venir sur le site (et comme ça je l'ai pas fait pour rien XD)

      Le site : http://rss.webinage.fr/worm/

      Ce qui suit est une traduction du travail de John Mcrae

      Gestation 1.2

      Pendant que je rentrais chez moi en bus, mes pensées se tournèrent vers Emma. Pour une personne extérieure, je crois qu’il est facile de sous estimer l’importance d’un « meilleur ami », mais quand tu es un enfant, personne n’est plus important. Emma avait été ma « BFF »* de la maternelle au collège. Ça n’avait pas été assez pour nous de passer tout notre temps à l’école ensemble, on alternait les week-end passés chez l’autre. Je me rappelle de ma mère disant qu’on était tellement proche qu’on était pratiquement sœurs.

      Une amitié aussi profonde est intime. Pas de manière grossière, juste un échange sans hésitation de chaque vulnérabilité et faiblesse.

      Donc quand je suis rentrée d’un camp d’été, juste avant que notre première année de lycée ne commence, pour me rendre compte qu’elle ne me parlait plus ? Qu’elle appelait Sophia sa meilleure amie ? Découvrir qu’elle utilisait maintenant chacun de ces secrets et points faibles que je lui avait confié pour me blesser de la manière la plus vicieuse possible ? Ce fut dévastateur. Il n’y a pas d’autre moyen de le dire.

      Refusant de ruminer ces pensées plus longtemps je tournais mon attention vers mon sac, le posant sur le siège à côté de moi et en triant le contenu. Le jus de raisin l’avait taché et je soupçonnais qu’il allait me falloir en trouver un autre. Je l’avais acheté il y a à peine quatre mois, après que mon ancien ait été prit dans mon casier, et il n’avait coûté que douze euros, ce n’était donc pas un gros problème. Le fait que mes cahiers, mes livres de cours et les deux bouquins que j’avais fourré dans mon sac soient trempés de jus de fruit était plus inquiétant. Je soupçonnais que la fille qui avait tenu le jus de raisin avait visé le dessus du sac ouvert alors qu’elle le versait. Je notais aussi la destruction de mon projet d’art plastique – la boîte dans laquelle je l’avais mis avait un côté écrasé. Ça c’était de ma faute.

      Mon cœur coula dans ma poitrine à la vue du carnet à la couverture noire et blanche. Le coin du papier était trempé au point qu’un quart de la page était teinté de violet. L’encre était diluée et les pages commençaient déjà à gondoler.

      Ce carnet était – avait été – l’ensemble de mes notes et de mon journal pour ma carrière de super héro. Les tests et entraînements que j’avais fais avec mon pouvoir, des pages d’idées de noms barrées, même les mesures que j’utilisais pour mon costume en cours de fabrication. Après que Emma, Madison et Sophia aient volé mon ancien sac pour le mettre dans une poubelle, j’avais réalisé à quel point il était dangereux d’avoir tout écrit comme ça. J’avais tout recopié dans un nouveau carnet dans un code simple et de bas en haut. Maintenant ce carnet était fichu, et il allait me falloir copier plus de deux cent pages de notes détaillées dans un autre cahier si je voulais conserver ces informations. Et il fallait encore me rappeler de ce qui était inscrit sur toutes les pages détruites.

      Le bus s’arrêta à un pâté de maisons de chez moi et j’en sortis en tentant d’ignorer les regards qu’on me lançait. Même avec cela, le fait que mon carnet était ruiné et la nervosité liée au fait que je séchais un après midi entier de cours, je me sentis mieux alors que j’approchais de la maison. C’était tellement plus agréable de savoir que je pouvais baisser ma garde, arrêter de surveiller mes arrières et de me demander quand le prochain incident se produirait. J’entrai dans la maison, et me dirigeai immédiatement vers la douche, sans même enlever mon sac ou mes chaussures avant d’arriver dans la salle de bain. Je me tenais sous le jet d’eau avec mes vêtements au fond de la baignoire, espérant que l’eau aiderait à enlever la majeure partie du jus. Je réfléchissais. Je ne sais pas qui l’a dit, mais à un moment j’étais tombé sur cette notion de prendre un fait négatif pour le transformer en fait positif. J’essayais alors de considérer les événements de la journée et de les retourner dans ma tête pour voir si je ne pouvais pas les considérer sous un jour plus positif.

      Okay donc le premier truc qui me vint à l’esprit fut « une raison de plus de tuer le trio ». Ce n’était pas un pensée sérieuse – j’étais en colère mais ce n’étais pas comme si j’allais vraiment les tuer. D’une certaine manière je soupçonnais que je me ferais du mal avant de leur faire du mal. J’étais humiliée, frustrée et énervée et j’avais toujours une arme de disponible – mon pouvoir. C’était comme d’avoir un flingue chargé à la main à tout moment. Mais mon pouvoir n’étais pas si fort que ça, donc peut être que c’était plus comme d’avoir un taser. Il étais difficile de ne pas penser à l’utiliser quand les choses devenaient vraiment difficiles. Mais je ne pensais quand même pas avoir cet instinct de tueur en moi.

      Non, je me dis, me forçant à penser positif, y avait-il un bon côté à ce qui s’était produit ? Projet d’art foutu, fringues probablement irrécupérables, besoin d’un nouveau sac… carnet. Mon esprit semblait fixé sur ce fait.

      J’éteignais la douche, puis m’essuyais, réfléchissant. Je m’enroulais dans une serviette de bain et plutôt que de me diriger vers ma chambre pour m’habiller, je mis mes vêtements dans le panier à linge sale, pris mon sac et me dirigeais vers l’étage du dessous, à travers la cuisine et vers la cave.

      Ma maison était vieille, et la cave n’avait jamais été rénovée. Les murs et le sol étaient en ciment et le plafond en planche de bois nues couvertes de câbles électriques. La chaudière fonctionnait auparavant au charbon et il y avait toujours une vieille chute à charbon, de deux mètres sur deux, d’où des camions pouvaient verser dans la cave les réserves de charbon pour l’hiver. La chute était condamné, mais environ à l’époque ou j’avais commencé à recopier mon « carnet de super pouvoir », j’avais décidé d’être prudente et de commencer à devenir créative pour protéger mes affaires personnelles. C’était à ce moment que j’avais commencé à l’utiliser.

      J’enlevais une vis et le carré de bois couvert de peinture blanche écaillée qui fermaient la partie inférieure de la chute. J’y récupérais un sac de gym et remettais le panneau en place sans le visser.

      Je vidais le contenu du sac sur l’établi désaffecté que le propriétaire précédent de la maison avait laissé dans la cave, puis ouvrit les fenêtres qui étaient au même niveau que la rue et que le jardin à l’avant de la maison. Je fermais mes yeux et passais une minute à exercer mon pouvoir. Je ne me contentais pas de choper chaque trucs rampant dans le quartier cela dit. J’étais sélective, et j’en réunissais un paquet.

      Cela prendrait du temps pour qu’ils arrivent. Les insectes peuvent bouger plus vite qu’on ne le pense quand ils avancent en ligne droite et avec un objectif, mais tout de même, deux pâtés de maison était un long chemin à traverser pour quelque chose d’aussi petit. Je m’occupais d’ouvrir le sac et d’en trier le contenu. Mon costume.

      Les premières araignées commencèrent à arriver et à se réunir sur l’établi. Mon pouvoir ne me donnait pas la connaissance du nom officiel des insectes avec lesquels je travaillais, mais n’importe qui pouvait reconnaître celles qui s’introduisaient dans la pièce. C’était des veuves noires. Une des espèces les plus dangereuses présentes aux États Unis. Leurs morsures peuvent être létales, bien qu’elles le soient rarement, et elles ont tendances à mordre pour un rien. Même sous mon contrôle total, elles m’effrayaient. A mon ordre, les douzaines d’araignées se mirent en place sur l’établi et commencèrent à esquisser les lignes d’une toile, étirant les lignes les unes sur les autres et les tissant ensemble.

      Il y a trois mois, après avoir récupéré suite à la manifestation de mon pouvoir, j’avais commencé à me préparer pour l’objectif que je m’étais fixé. Cela avait compris une routine sportive, des entraînements pour mes pouvoirs, des recherches et la fabrication de mon costume. Cette dernière était beaucoup plus compliquée qu’on ne pouvait le penser. Là ou les membres d’équipes officielles avaient bien entendu des ressources pour ce genre de choses, nous autres ne pouvions que les acheter, les bricoler à partir de pièces trouvées ici et là ou les fabriquer de a à z. Chaque option avait son lot de problèmes. Si tu achetais un costume en ligne, tu courais le risque de te faire repérer, ce qui foutrais en l’air ton identité secrète avant même d’avoir enfilé le costume. Tu pouvais le fabriquer en achetant des parties séparément dans un magasin et en les collant ensemble, mais très peu de personnes pouvaient faire ça avec un bon résultat. La dernière option, tout faire sois même, était tout simplement un sacré boulot et tu pouvais toujours rencontrer les problèmes des options précédentes – te faire repérer ou finir avec un costume pourri – dépendant de ou tu te procurais tes matériaux et de comment tu t’y prenais.

      La deuxième semaine après avoir compris comment fonctionnaient mes pouvoirs, quand je n’étais pas encore tout à fait sûre de ce qu’il se passait, j’étais tombée sur un reportage de la discovery channel sur une tenue faite pour résister à des attaques d’ours. Le reportage expliquait que la tenue était faite de soie d’araignée synthétique, ce qui avait inspiré ce projet. Pourquoi s’embêter avec de la soie synthétique quand on pouvait en produire de la vraie ?

      Bon okay, ça avait été un peu plus compliqué que ça. Ça ne marchait pas avec n’importe quelle araignée, et les veuves noires elles mêmes étaient difficiles à trouver. On ne les trouvait généralement pas dans le nord est des États Unis mais heureusement pour moi ce qui faisait de Brockton Bay une destination touristique et un lieu à concentration importante de Capes en faisait aussi un lieu dans lequel les veuves noires pouvaient vivre, voire même prospérer. A savoir, il y faisait chaud. Grâce à la géographie et à l’océan qui bordait la ville à l’est, Brockton Bay avait certains des hivers les plus doux du nord est, et certains des étés les plus confortables aussi. Et tout comme les veuves noires, les gens qui se baladaient en costume moulant appréciaient cette caractéristique.

      Avec mon pouvoir je m’étais assurée que les araignées puissent se multiplier. Je les avait gardées dans des endroits sûrs et engraissées avec des proies que je dirigeait droit vers elles. J’avais activé la commande mentale qui leur disait de se reproduire et de pondre des œufs comme si c’était l’été, et nourris les jeunes avec encore plus de proies, ce qui m’avait valu un bon nombres d’ouvrières pour mon costume en récompense pour mes efforts. Le plus gros problème avait été le fait que les veuves noires sont territoriales, donc il m’avait fallu les disperser afin d’être sûre qu’elles ne s’entre tueraient pas quand je n’étais pas dans le coin pour les contrôler. Environ une fois par semaine, lors d’un footing, j’organisais une rotation des araignées afin de toujours avoir un stock prêt à l’usage pour fabriquer les matériaux nécessaires. Tout cela faisait que les araignées étaient toujours prêtes à travailler sur le costume quand je rentrais des cours.

      Ouais, il fallait vraiment que je m’achète une vie.

      Mais j’avais un putain de costume.

      Ce n’était pas un super costume, pas encore. Le tissu était jaune gris. Les parties avec de l’armure étaient faites de coquilles et d’exosquelettes pris à la population d’insectes locale, finement arrangés et renforcés de câbles de soie. Au final, l’armure avait fini d’une couleur sombre tachetée de brun-gris. Quand tout serai terminé j’avais prévu de teindre le tissu et de peindre l’armure.

      J’étais aussi fière de mon costume car il était flexible, durable et extrêmement léger étant donné la quantité d’armure que j’avais mis dessus. A un moment je m’étais trompée dans les proportions d’une des jambes, et quand j’avais essayé de la couper pour recommencer, j’en avais été incapable même avec un cutter. Il m’avait fallu utiliser des cisailles, et même ça avait été compliqué. Mais en ce qui me concernait, c’était tout ce qu’un super héro voulait de son costume.

      Je n’avais pas vraiment envie de le tester mais j’avais bon espoir qu’il soit aussi pare balles. Ou au moins que les plaques d’armure protégeant mes organes vitaux le soient.

      Le plan était de terminer mon costume dans le mois qui suivait puis alors que l’année scolaire se terminait et que l’été commençait, débuter ma carrière de super héroïne.

      Mais le plan avait changé. J’enlevais ma serviette pour la poser sur un coin de l’établis, puis je commençais à enfiler mon costume afin de tester la taille pour la millième fois. Les araignées se poussèrent docilement hors de mon chemin.

      Quand j’étais encore dans la douche, à tenter de trouver un aspect positif à ma journée, mes pensées s’étaient tournées vers mon carnet. J’avais alors réalisé que je procrastinais. Je passais mon temps à planifier, préparer, considérer chaque possibilité. Il y aurais toujours plus de préparations, de trucs à étudier ou tester. La destruction du carnet avait été une chance d’aller de l’avant. Je ne pouvais pas tout recopier dans un autre cahier ou en commencer un nouveau sans retarder mes plans d’au moins une semaine ou deux. Il fallait que j’aille de l’avant.

      Il était temps de le faire. Je fléchissais ma mains dans son gant. Je sortirais la semaine prochaine – non. Non plus de délais. Ce week-end je serais prête.

      *BFF : best friends forever, anglais pour "meilleures amies pour toujours"
    • Drawn

      Livraddictien débutant

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      #4 28 Août 2017 15:20:49

      Ce qui suit est une traduction du travail de John Mcrae

      Gestation 1.3

      Mon programme d’entraînement consistait à courir tous les matins et un après midi sur deux. En faisant ça j’avais acquis une assez bonne connaissance de la partie est de la ville. Ayant grandi à Brockton Bay, on m’avait dis « reste sur la Promenade ». Même pendant mes footings, j’avais fait attention à rester du côté de la Promenade et à éviter les parties dangereuses de la ville. Là on était un dimanche soir, et j’étais dehors en costume, désobéissant à la règle.

      J’avais peint et teint le costume le vendredi, acheté des parties temporaires (ceinture, les attaches du masque et les lentilles) le samedi, et fini les détails essentiels le dimanche après midi avant de sortir en début de soirée. Le costume n’était pas encore complet, manquant une partie des plaques d’armure prévues, mais les les parties les plus essentielles – mon visage, mon torse, ma colonne vertébrale, mon estomac et mes articulations- étaient couvertes. Le masque comportait des lentilles jaune pâle, la seule couleur sur le costume noir et gris, et deux sections d’armure supposée imiter des mandibules, chargées de protéger ma mâchoire. Le masque laissait mes cheveux libres, ce qui laissait l’arrière de ma tête vulnérable, mais c’était là l’un des sacrifices nécessaires pour sortir avec un costume pas terminé.

      Minuit venait juste de passer et j’étais à la limite entre l’un des quartiers les plus sympas de la ville et le genre de quartier ou vivaient les prostituées droguées et les gangsters. L’écart entre les deux était moins grand que l’on pouvais le penser.

      La Promenade était le coin à touristes. Courant du nord au sud le long de la plage il y avait des magasins qui vendaient des robes pour un millier d’euros, des cafés aux prix ridicules et des étendues de planches et de plage d’ou les touristes pouvaient profiter de vues superbes sur l’océan. D’à peu près partout dans les Docks on pouvait voir un des monuments de Brockton Bay, le QG du Protectorat. En plus d’être une merveille d’architecture avec ses tours et ses arches, le QGP était une base d’opération flottante qu’une équipe de super héros locaux appelaient leur maison, équipée d’un champ de force et d’un système de défense sol-air. Il n’y avait jamais eut d’occasion de tester aucun des deux, mais je devais l’admettre, on se sentais mieux avec.

      Si on s’éloignait de la Promenade vers l’ouest, loin de l’eau, on se retrouvais dans la partie que les locaux appelaient juste « Docks ». Lorsque le commerce d’import/export de Brockton Bay s’était tarit, il y avais eut un paquet de personnes qui s’étaient soudainement trouvées sans travail. Les plus riches et débrouillards étaient parvenus à se faire plus d’argent, tournant les ressources de la ville vers les technologies et la finance, mais tous ceux qui avaient été employés sur les bateaux et dans les entrepôts n’avaient pas beaucoup d’options. Ils leur avait fallu choisir entre quitter Brockton Bay, rester et vivre des petits boulots qu’ils parvenaient à trouver ou se tourner vers des activités plus illicites.

      Tout cela avait contribué à l’expansion de la population locale de super vilains. Le potentiel de gagner gros, couplé au nombre de larbins potentiels plus que motivés en avait fait la ville phares des supers vilains des années 90. Ça avait prit quelques années aux héros pour s’organiser, mais ils y étaient parvenus, et il régnait désormais une forme d’équilibre. Pour ce qui était de la population de Cape, Brockton Bay n’était pas dans le top 5 aux Etats Unis, mais elle était probablement dans le top 10.

      Juste en passant d’une pâté de maison à l’autre je pouvais voir des changements. Alors que je progressais au cœur des Docks, je pouvais voir la qualité des bâtiments décliner fortement. Il y avait assez d’entrepôts et d’appartements dans le coin pour que même les plus démunis puissent trouver de quoi s’abriter, donc les seules personnes dans les rues étaient des alcoolos dans les pommes, des putes et des membres de gangs. Je me tenais à l’écart de tous ceux que je voyais et m’aventurais plus en profondeur dans le quartier.

      Alors que je marchais, j’utilisais mon pouvoir pour réunir un essaim, mais je les gardais hors de vue, les déplaçais le long des toits et à l’intérieur des bâtiments. Quiconque prêtais attention à la population locale de cafards se douterais qu’il se passait quelque chose, mais il y avait peu d’éclairage. Je doutais même que certains des bâtiments ici aient l’électricité.

      Le manque de lumière dans le coin fut ce qui me fis m’arrêter et me réfugier contre le côté d’un bâtiment lorsque je vis un point orange dans la rue sombre devant moi. L’orange était la flamme d’un briquet, et j’étais capable de distinguer plusieurs visages autour. Ils étaient asiatiques, certains vêtus de sweat à capuche, d’autre avaient des bandanas ou des chemises à manches longues, mais tous portaient les mêmes couleurs. Rouge et vert.

      Je savais qui ils étaient. Ils faisait partie du gang local qui laissait des tags « Azn Bad Boys »* ou ABB pour faire plus court, partout dans l’Est de la ville. Plus d’un venaient à mon lycée. Pour ce qui était des criminels du coin, ils n’étaient pas à prendre à la légère. Là ou le membre moyen du gang n’était qu’un coréen, japonais, vietnamien ou chinois recruté de force dans les lycées et quartiers les moins riches de Brockton Bay, le gang était dirigé par quelques gars avec des pouvoirs. Les gangs n’avaient pas tendance à être aussi ouvert à des nationalité différentes, ça en disait beaucoup que leur leader soit capable de tous les maintenir en ligne.

      Il n’y avait pas de lumière dans la rue donc ma capacité de voir ce qu’il s’y passait dépendait de la lune et des quelques lumières d’intérieur qui continuaient d’éclairer le trottoir. Je commençais à essayer de trouver leur boss. D’autres membres de gangs sortaient d’un bâtiment de deux étages pour rejoindre ceux dans la rue. Il ne régnait pas une atmosphère de potes qui traînent ensemble non plus. Ils étaient dépourvus d’expressions ou les sourcils froncés et ne parlaient pas.

      Je repérais leur patron alors que le gang s’écartait pour lui laisser de la place. Je ne le connaissais que par ce que j’avais pu voir à la télé et sur internet, mais je le reconnus immédiatement. Il était costaud mais pas au point de faire fuir les gens quand il se baladait dans la rue comme certains avec des pouvoir l’étaient. Il mesurait un peu plus d’un mètre quatre-vingt, cela dit, ce qui faisait qu’il dépassait la plupart des membre du gang de la tête et des épaules. Il avait un masque de métal ornée sur le visage te ne portait pas de t-shirt malgré le froid. Des tatouages serpentaient sur son corps, tous représentant des dragons de la mythologie asiatique.

      Il se faisait appeler « Lung » et avait combattu à lui tout seul des équipes entières de héros, tout en parvenant à rester en liberté, comme prouvé par sa présence ici. Et pour ses pouvoir, je ne savais que ce que j’avais pu réunir en ligne, et il n’y avait aucune garantie de la qualité des infos. Pour ce que j’en savais, il avait put dissimuler la réelle dimension de ses pouvoirs et gardait un as dans sa manche en cas d’urgence, ou il pouvait avoir un pouvoir très subtil que personne n’avait repéré jusque là.

      Les informations que j’avais réuni sur internet et dans les journaux  m’avaient appris cela : Lung pouvait se transformer petit à petit. C’était peut être basé sur son adrénaline, son état émotionnel ou un truc dans le genre, quoi qu’il en soit ses pouvoirs devenaient plus efficaces au fur et à mesure du combat. Il guérissait à une vitesse hallucinante, devenait plus fort, plus résistant, plus grand, et une armure et des griffes métalliques poussaient sur sa peau et au bout de ses doigts. La rumeur voulait que des ailes lui poussent dans le dos si le combat durait assez longtemps. Et si ça ne suffisait pas, il était aussi doté de pyrokinésie, capable de créer des flammes et de les contrôler à volonté. Ce pouvoir aussi augmentait au fur et à mesure de sa transformation. On ne connaissait pas de limite à son pouvoir. Il ne retournait à la anormale que lorsqu’il n’y avait plus personne à combattre.

      Lung n’était pas le seul Cape de ABB. Il avait un larbin, un sociopathe flippant appelé Oni Lee, qui pouvait se téléporter et créer des doubles de lui même – je n’étais pas entièrement sûre des détails – mais Oni Lee avait un look facile à identifier et je ne le voyais pas dans la foule. Si il y avait quelqu’un d’autre avec des pouvoirs dont je devais me méfier je n’en avais jamais entendu parler lors de mes recherches.

      Lung s’adressa à ses hommes d’une voix grave et sérieuse. Je ne pouvais pas entendre ce qu’il disait mais il me semblais qu’il leur donnait des ordres. Alors que je les observais, un des hommes tira un couteau papillon de sa poche et un autre porta sa main à sa ceinture. Entre le manque de lumière et le fait que je me tenais à un demi pâté de maison je ne pouvais pas bien voir, mais une forme noire se détachait sur le vert de son t-shirt. Il s’agissait probablement d’un flingue. Mon cœur se mit à battre plus rapidement à la vue de l’arme, ce qui était ridicule. Lung était plus dangereux que cinquante personnes avec des armes à feu.

      Je décidais de changer de cachette pour trouver un meilleur point d’observation afin d’épier leur conversation, ce qui semblait être un bon compromis entre ma sécurité et ma curiosité. Je reculais lentement, jetant un coup d’œil par dessus mon épaule pour m’assurer que personne ne me voyait avant de faire le tour du bâtiment derrière lequel j’étais cachée.

      Mon exploration fut récompensée. Au milieu de l’allée, je vis un escalier de secours qui menait au toit du bâtiment devant lequel Lung et ses hommes se tenaient. Mon costume avait des semelles molles, et je ne fis presque aucun bruit lors de mon ascension.

      Le toit était couvert de gravier et de mégots de cigarettes et malgré mes semelles je doutais d’être silencieuse en marchant dessus. A la place je marchais sur le rebord du toit. Alors que je m’approchais de la zone directement au dessus de Lung et de son gang de « Azn Bad Boys », je m’accroupis pour continuer d’avancer. Il faisait assez sombre pour que je doute qu’ils puissent me voir si je sautais en remuant les bras, mais je n’avais pas de raison d’être imprudente.

      Etant au sommet d’un bâtiment de deux étages alors qu’ils étaient au sol, j’avais du mal à les entendre. Lung avait aussi un accent assez assez fort, il me fallu l’écouter prononcer quelques phrases avant de pouvoir comprendre ce qu’il disait. Le fait que ses larbins soient parfaitement et respectueusement silencieux aidait cela dit.

      Lung grognait hargneusement « … les gosses, vous tirez. On se fous de votre visée, vous tirez. Vous en voyez un par terre ? Vous dégommez le petit con deux fois de plus pour être sûr. On ne leur donne pas de chance d’être malins ou chanceux, compris ? «

      Il y eut un murmure d’assentiment .

      Quelqu’un alluma une cigarette, puis se pencha pour allumer la cigarette de son voisin. Durant les quelques secondes ou ses mains ne protégeaient pas la flamme, je pouvais voir les visages d’environ une douzaine des gangsters réunis autour de Lung. Dans leurs mains, ceintures et holsters je pouvais voir le métal sombre de leur armes à feu réfléchissant la lumière de la flamme. Si il m’avais fallu deviner, j’aurais dit que tous avaient des armes.

      Ils allaient tuer des enfants ?

      *écriture phonétique de "Asian Bad Boys", les "mauvais garçons asiatiques", le nom du gang asiatique de Brockton Bay
    • cnslancelot

      Espoir de la lecture

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      #5 29 Août 2017 16:59:10

      Comme l'a dit Satana, c'est super ce que tu fait. Cela sera fort utile pour les gens qui ne lisent ou ne parlent pas anglais.
      Moi aussi je traduis mais du français à l'anglais :)
    • Drawn

      Livraddictien débutant

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      #6 04 Septembre 2017 10:44:40

      Lien du site : http://rss.webinage.fr/worm/

      Ce qui suit est une traduction du travail de John Mcrae

      Gestation 1.4

      Un frisson me parcourut. Une partie de moi souhaitais avoir pu se procurer un téléphone portable. Je n’avais pas de ceinture utilitaire mais les plaques d’armure qui couvraient ma colonne vertébrale cachaient un lot d’EpiPens, un carnet et un crayon, un tube de spray au poivre fait pour s’attacher à un porte clef et une poche de poussière de craie. Il aurait été possible d’y cacher un téléphone. Avec j’aurais alerté les vrais héros à propos du fait que Lung prévoyait de tuer des enfants avec des membres de son gang.

      Du moins c’est ce que j’avais entendu. Je n’arrivais pas à y croire, et retournais les mots dans mon esprit afin de trouver un autre contexte dans lequel ça aurais du sens. Ce n’était pas tant le fait que lui puisse faire quelque chose comme ça. J’avais du mal à croire que quiconque puisse faire ça.

      Lung répondit à une question d’un de ses hommes, parlant brièvement dans une langue étrangère. Il attrapa le bras d’un de ses larbins et le tordit de manière à voir le quadrant de la montre de l’homme, je supposais donc que la question avait à voir avec le timing de l’opération ou l’heure à laquelle ils partaient. L’homme dont le bras avait été tordu grimaça mais ne protesta pas.

      Qu’est ce que j’étais censée faire ? Je doutais de pouvoir trouver qui que ce soit dans les Docks qui soit prêt à me prêter un téléphone. Si je rejoignais la Promenade, je n’étais pas sûre de trouver un magasin ouvert et je n’avais pas de monnaie pour une téléphone public. Encore quelque chose qu’il faudrait ajouter à mon costume pour la prochaine fois. Un téléphone et du liquide.

      Une voiture s’arrêta en contrebas, et trois autres hommes se joignirent au groupe. Peu après, le gang – une vingtaine de personne en tout – prit la direction du nord, passant juste en dessous de moi alors qu’il progressait le long de la rue.

      Je n’avais plus le temps de réfléchir sur mes options. Bien que je n’aime pas l’idée, il n’y en avait qu’une que je n’aurai pas regretté. Je fermais mes yeux afin de me concentré sur chaque insecte dans le quartier dont ceux de l’essaim de bonne taille que j’avais déjà réuni. Je pris le contrôle de chacun d’eux.

      Attaquez.

      Il faisait assez sombre pour que je ne puisse dire ou l’essaim se trouvait que grâce à mon pouvoir. Je ne pouvais donc pas l’ignorer si je voulais avoir la oindre idée de ce qu’il se passait. Mon esprit était prit d’assaut par une quantité inimaginable d’informations, alors que je sentais chaque morsure, chaque piqûre. Alors que les milliers d’insectes et d’arachnides se pressaient sur le groupe, je pouvais presque sentir les contours de chaque personne en me basant sur les surfaces touchées par les insectes et les zones ou la vermine ne se trouvait pas. Je fis en sorte de garder les espèces les plus venimeuses en retrait pour l’instant – je n’avais pas besoin d’un type allergique qui fasse un choc anaphylactique ou qui ait des complications sérieuses à cause d’une morsure de recluse brune.

      Je sentis le feu au travers de mon essaim avant de réaliser que je le voyais de me propres yeux. Mon pouvoir me transmit la chaleur ressentie par mes insectes, mais je n’eu pas le temps de consacrer une pensée réfléchie afin de contrôler les instincts provoqués par le feu avant que le dégât ne soit fait. Les esprits simples de mes insectes furent réduits à un amalgame d’instincts contradictoires de fuir la chaleur et de suivre la lumière qu’ils utilisaient pour naviguer. Ils furent tués ou handicapés par la chaleur. De là ou j’étais je pouvais voir Lung qui projetais rageusement des jets de flammes vers le ciel.

      Je me retint de rire, ivre d’adrénaline. C’était tout ce qu’il savais faire ? J’ordonnais à l’essaim de se regrouper afin que ceux qui n’étaient pas en train de piquer et de mordre soient cachés au sein du groupe formé par les hommes de Lung. Si il voulais utiliser ses flammes contre mon essaim, il lui fallait blesser son gang.

      Grâce à mes insectes, l’air chaud et l’odeur me suffisaient pour détecter la position de Lung. Je pris une profonde inspiration et j’envoyais la réserve. Je pris le contrôle d’une partie des insectes les plus dangereux que j’avais gardé sur le côté et leur ordonna d’attaquer Lung. Une poignée d’abeilles, de guêpes, quelques unes des araignées les plus venimeuses, comme les veuves noires et les recluses brunes, et une douzaines de fourmis rouges.

      Il guérissait vite grâce à son pouvoir. Tout ce que j’avais trouvé sur internet indiquait que les gens comme lui résistaient très bien aux toxines, il m’en faudrait donc beaucoup pour neutraliser cet aspect de son pouvoir. Et puis il était costaud, je jugeais donc qu’il pouvait y survivre.

      D’après ce que je pouvais comprendre au travers de mes insectes, peut être un quart de son corps était déjà couvert d’armure. Des écailles métalliques de forme triangulaire perçaient sa peu pour la recouvrir jusqu’à ce qu’elle soit presque impénétrable. Si ce n’était pas déjà le cas, ses doigts et ses orteils se transformeraient en griffes, telles des lames.

      Je ressentis une joie sadique alors que j’organisais l’attaque contre Lung. J’envoyais les insectes volants à l’assauts de son visage. Avec dégoût, je dirigeais les spécimens rampants vers des zones plus… vulnérables de son anatomie. Je fis de mon mieux pour ignorer les informations transmises par ce groupe en particulier, je ne voulais certainement pas de la même carte topographique que celle que j’avais eut il y a quelques instants seulement. Lung était dangereux, il me fallait m’en débarrasser au plus vite. Il me fallait frapper fort.

      Pragmatisme à part, je ressentais une pointe de culpabilité à l’idée de prendre du plaisir à faire souffrir quelqu’un d’autre. Je fis taire ce remord en me rappelant que Lung avait amené tragédies, addictions et mort dans de nombreuses familles. Il prévoyais de tuer des enfants.

      Lung explosa. Pas métaphoriquement. Il détonna dans un ouragan de feu qui brûla ses vêtements, quelques déchets au sol et un de ses hommes. Presque tous les insectes à côté de lui moururent à cause de la vague de chaleur extrême. Depuis mon point d’observation sur le toit, je regardais alors qu’il se transformait en bombe humaine une seconde fois. La deuxième explosion transforma ses habits en lambeaux et força ses hommes à battre en retraite à la recherche d’un abri. Il sortit de la fumée, ses mains comme des torches, et les écaille argentées qui couvraient maintenant un tiers de son corps reflétant les flammes.

      Merde, merde, merde. Il était résistant au feu ? Ou alors son contrôle était assez avancé pour qu’il puisse surchauffer l’air autour de lui sans se brûler ? Les quelques loques de vêtements qui lui restaient finissaient de brûler et les flammes dansaient sur sa peau sans qu’il ait l’air de s’en préoccuper.

      Il rugit. Pas un rugissement monstrueux comme on aurait put s’y attendre mais un son très humain de rage et de frustration. Mais aussi humain fut le ri, il fut aussi puissant. Je vis des lumières s’allumer tout le long de la rue, et même quelques visages aux fenêtres, profitant de l’action. Idiots. Si la prochaine attaque de Lung brisait le verre, ils pouvaient se blesser.

      De ma position accroupie au bord du toit, je dirigeais certains des insectes inoffensifs à l’attaque de Lung. Il les repoussa violemment avec ses flammes dès qu’ils commencèrent à lui ramper dessus, ce à quoi je m’attendais. Il parvenait à en tuer la plus grande partie avec chaque jet de feu, et étant donné ses pouvoirs, je savais que ses flammes ne feraient que devenir plus grandes, plus chaudes et plus dangereuses.

      Dans n’importe quel autre combat, on s’attend à ce que l’adversaire s’affaiblisse plus la lutte dure. Les coups s’additionnent, il fatigue, épuise ses techniques et stratégies… Avec Lung, c’était l’inverse. Je regrettais de ne pas avoir envoyé plus d’insectes venimeux, car il devenait clair que ceux que j’avais utilisés sur lui étaient loin d’avoir suffis. Il ne savait pas ou j’étais donc je supposais que j’avais toujours l’avantage, mais mon nombre d’insectes tout comme mon nombre d’options se réduisait à vue d’œil. Malgré ma satisfaction passée, je n’étais plus si sûre de pouvoir gagner.

      Je sifflais à travers mes dents, bien trop consciente que je n’avais plus beaucoup de temps. Dans peu de temps, Lung mettrait le feu à tout le pâté de maisons, deviendrait immunisait aux morsures ou détruirait l’intégralité de mon essaim. Il me fallait être créative. Il me fallait être plus méchante.

      Je concentrais mon attention sur une guêpe et la pilotais autour de Lung jusqu’à l’arrière de sa tête puis je la fis foncer directement dans son œil. Elle toucha son cil, provoquant un battement de paupière. A cause de cela le dart ne se planta dans cette dernière, suscitant un nouveau jet de flamme accompagné d’un rugissement de colère.

      Encore. Je réfléchissais. Une abeille cette fois ci. Je n’étais pas sûre que même ses yeux finissent par être couverts d’écailles, mais peut-être pouvais-je utiliser des piqûres pour faire enfler ses yeux et l’aveugler ? Ainsi il ne pourrait plus combattre.

      L’abeille atteint son objectif cette fois ci, enfonçant son dard profondément dans l’œil de Lung. A ma surprise, il ne resta pas planté, j’ordonnais à l’abeille de piquer un deuxième fois, parvenant à ce que le dard reste enfoncé dans le coin de son œil, à côté de son nez. L’abeille mourut sur le coup, laissant une partie de son abdomen et un petit sac de venin accroché au dard.

      Je m’attendais à ce qu’il explose de nouveau. Il n’en fit rien. Au lieu de cela, il s’enflamma, des pieds à la tête. J’attendais un moment, prête à attaquer avec une nouvelle abeille dès qu’il s’éteignait, avant de réaliser qu’il ne comptait pas le faire. Mon cœur sombra.

      Pourtant il brûlait tout l’oxygène autour de lui. N’avait il pas besoin de respirer ? Bordel d’ou est ce qu’il pouvait faire du feu sans oxygène ?

      Debout dans la rue, il tourna sur lui même à ma recherche, avec les flammes qui dansaient autour de lui éclairant ce qui était auparavant dans l’obscurité. Brusquement, il se pencha en avant. Je me demandais si – j’espérais – les toxines et venins dans son système étaient entré en action. Puis son dos se sépara en deux, créant une crevasse le long de sa colonne vertébrale. De là surgit une éruption de longues écailles métalliques, couvrant la longueur de son épine dorsale. Après quelques instants passés à tinter les unes contres les autres, les écailles s’ancrèrent dans son dos. Il se redressa et s’étira, et j’aurais put jurer qu’il avait grandi.

      Toujours en feu des pieds à la tête.

      Si tout cette histoire d’être « constamment en feu » avait rendu toute lutte futile, le fait de voir Lung grandir et devenir plus fort que jamais m’avait carrément fait flipper. Je commençais à réfléchir à une stratégie de retraite. Pensant rationnellement, les hommes de Lung étaient éparpillés aux quatre vents, et probablement dans un sale état, donc quoi que Lung ait prévu pour ce soir, il ne pourrais pas le faire après cette débâcle. J’avais accompli ce que j’avais à faire, je pouvais donc partir et prévenir le QGP au cas ou.

      C’était la perspective rationnelle. Quoi qu’il en soit, je voulais partir, maintenant. Si les choses continuaient comme ça, alors Lung aurait la possibilité de confirmer la rumeur selon laquelle il pouvait lui pousser des ailes, auquel cas je serais fichue. Je ne pouvais plus battre Lung désormais de toute façon, ce qui ne laissait comme option qu’une retraite peu gracieuse.

      Lung me tournait le dos, je me redressais donc doucement. Accroupie, je reculais en douceur, posant doucement mon pied sur le gravier du toit sans quitter Lung des yeux.

      Comme si un coup de feu avait retenti, Lung se retourna d’un coup pour me fixer. Un de ses yeux n’était plus qu’une ligne brillante derrière son masque mais l’autre était un globe de métal en fusion.

      Un rugissement victorieux retenti dans l’air, moins humain que le cri de tout à l’heure, et je senti en moi une forme de résignation. Super ouïe. Le paquet de pouvoir que ce bâtard avait gagné comprenait une super ouïe.
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      #7 11 Septembre 2017 19:40:36

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      Gestation 1.5

      On ne se rend pas bien compte de ce que signifie une force super humaine avant d'avoir vu quelqu'un bondir du trottoir au deuxième étage d'un bâtiment de l'autre côté de la rue. Il ne parvint pas directement jusqu'au toit, mais fit facilement le deux tiers de la distance de ce seul saut. Je ne savais pas comment il arrivait à ne pas tomber, et je ne pouvais que supposer qu'il se retenait en enfonçant ses griffes dans le mur de l'immeuble.

      J’entendis des craquements et des crissements au fur et à mesure de son ascension et je lançais un regard vers ma seule issue. Je ne me faisais pas d'illusions sur ma capacité à descendre par l'issue de secours avant que Lung ne parvienne jusqu'au toit et ne devine ou j'étais passée. Pire, au point ou on en était il pouvais probablement me dépasser simplement en sautant du toit, voire carrément me cramer avant que je ne soit descendue. L'ironie d'une issue de secours n'offrant ni issue ni secours ne m'échappais pas.

      J'aurais aimé pouvoir voler. Mon lycée offrait le choix entre chimie, biologie et physique, ainsi qu'une option "sciences de base" pour les flemmards. Je n'avais pas choisi physique, mais j'étais plus ou moins certaine que peu importe le nombre d'insectes rassemblés, sauter du toit avec un essaim pour essayer de ralentir ma chute serais aussi efficace que les parapluies et les draps des gamins de neuf ans rêvant d'être des héros dont on entendais parler dans les faits divers.

      Pour l'instant j'étais bloquée.

      Passant ma main dans la partie convexe de mon armure couvrant mon dos, je faisais la liste de ce que j'y avais dissimulé. Les EpiPens servaient à traiter les cas de choc anaphylactique dus aux piqûres d'insectes, et ne ferait probablement rien à Lung, même si je pouvais l'approcher assez pour trouver un point pour les injecter. Dans le pire des cas ils ne serviraient qu'à surcharger son pouvoir en provoquant une décharge des hormones qui causaient sa transformation. Inutile, voire dangereux. J'avais une poche de magnésie, un truc pour les grimpeurs et les gymnastes, je l'avais vu dans un magasin de matériel de sport alors que j'achetais les lentilles pour mon masque. J'avais des gants et je ne pensais pas avoir particulièrement besoin de la sécheresse et de la traction en plus, mais je m'étais dit que je pouvais l'utiliser contre un ennemi invisible, et je l'avais acheté sur un coup de tête. En y repensant c'étais un peu bête puisque mon pouvoir me permettait de faire la même chose avec des insectes. Comme outil contre Lung... je ne savais pas si ça exploserait au contact des flammes comme la poussière normale, mais il était immunisé contre le feu de toute manière. Donc on laisse tomber.

      Je me saisis du tube de spray au poivre. C'était un cylindre de huit centimètres de long, pas beaucoup plus épais qu'un stylo, avec une gâchette et une goupille de sécurité. C'était un cadeau de mon père, pour quand j'avais commencé à courir le matin pour m'entraîner. Il m'avait dit de varier mon itinéraire et m'avait donné le spray pour ma protection, avec une chaîne pour l'attacher à ma ceinture afin qu'on ne puisse pas me le prendre et l'utiliser contre moi. En costume, j'avais décidé d'abandonner la chaîne pour gagner en discrétion. Utilisant mon pouce, je désactivais la sécurité et positionnais le tube, prête à faire feu. Je m'accroupissais afin de présenter une cible plus petite, et j'attendais qu'il se montre.

      Les mains de Lung, toujours en feu, furent les premières à faire leur apparition, agrippant le rebord du toit assez fort pour le tordre. Ses mains furent rapidement suivie de sa tête et de son torse alors qu'il se hissait à mon niveau. Il avait l'air d'être fait d'une superposition de lames luisant d'une couleur orangée du fait de la température des flammes. On ne pouvait plus distinguer sa peau, et il mesurait déjà environ trois mètres de haut d'après la taille de ses bras et de son torse. Rien que ses épaules mesuraient bien un mètre de large. Même son seul œil valide avait l'air métallique, une fente remplie de métal en fusion luisant.

      Je visais son oeil ouvert mais le jet du spray partit à un angle plus serré que prévu, et ne fit qu'effleurer son épaule. En s'approchant de sa peau le gaz s'enflamma brièvement.

      Je jurais entre mes dents et réajustais ma prise sur le tube de spray. Alors qu'il passait une de ses jambes au dessus du rebord je visais et tirais à nouveau. Cette fois ci - grâce à une légère modification de l'angle en plein spray -je l'atteignais en plein visage. Le gaz s'enflamma et roula sur sa peau sans effet mais le contenu du spray fit son effet. Il cria, lâchant le toit d'une main pour la porter à son visage.

      Il aurait été vain d'espérer qu'il tombe. Je m'estimais déjà heureuse que malgré son apparence métallique il soit toujours sensible au spray au poivre.

      Lung se hissa sur le toit. Je l'avais blessé... mais je ne pouvais rien faire de plus. Mes insectes étaient officiellement inutiles, il ne me restait plus rien dans mon compartiment utilitaire et je me ferais plus de mal qu'autre chose en l'attaquant. Je notais mentalement de me procurer un couteau ou une matraque si je m'en sortais en vie alors que je piquais un sprint vers l'issue de secours.

      "Fi... fils de pute!" Cria Lung. En li tournant le dos, je ne pouvais pas la voir venir, mais le toit fut brièvement illuminé par la vague de flammes juste avant qu'elle ne me percute. Je perdais l'équilibre et m'écroulais contre le rebord du toit, juste à côté de l'issue de secours. Je vérifiais à tâtons que tout allait bien. Mon costume n'avait pas prit feu, et mes cheveux - je courais rapidement une main le long de ma chevelure afin de vérifier.

      Dieu merci le toit n'était pas fait de matériaux inflammables. Je ne pouvais qu'imaginer ce dernier s'enflammer et le peu de chose que j'aurais pu faire si ça avait été le cas.

      Lung se redressa, lentement, toujours en couvrant son visage de sa main. Il boitait légèrement alors qu'il s'approchait de moi. Il lança une vague de flammes à l'aveugle qui roula sur la moitié du toit. Je couvris ma tête de mes mains et ramenai mes jambes contre mon torse alors que le mur de chaleur me percutait. Mon costume absorba la majorité des dégâts mais il me fallu tout de même me mordre la langue pour me retenir de faire du bruit.

      Lung s'arrêta, tournant lentement sa tête.

      "Sale. Enflure." il grogna avec son fort accent, son insulte interrompue par son essoufflement. "Bouge. Donne moi une cible."

      Je retint mon souffle et me fis aussi immobile que possible. Qu'est ce que je pouvais faire ? J'avais toujours le spray au poivre dans ma main mais même si j'arrivais à le toucher encore une fois je courais le risque qu'il pète un câble et me cuise vivante sans que j'ai eu le temps de fuir. Si je bougeais la première, il pourrait m'entendre et me repousser avec des flammes, probablement avant même que je sois debout.

      Lung enleva sa main de son visage. Il cligna des yeux, regarda autour de lui et cligna de nouveau. C'était une question de secondes avant qu'il ne puisse me voir. Les spray au poivre était censé mettre quelqu'un hors d'état de nuire pendant trente minutes ! Comment est ce que ce monstre n'était pas classé A ?

      Soudainement il bougea, ses mains irisées de flammes et je fermais mes yeux.

      Lorsque j'entendis le craquement des flammes sans pour autant être brûlée vive, j'ouvris mes yeux. Lung projetait des torrents de flammes, visant le toit du bâtiment adjacent, un immeuble de trois étages. Je tentais d'apercevoir ce qu'il attaquait mais sans succès à cause de la pénombre et malgré l'éclairage offert par le feu de Lung.

      Sans prévenir, un corps massif sauta sur Lung dans un fracas tel que j'aurais parié que les gens à l'autre bout de la rue avaient entendu. De la taille d'un van le "corps massif" était un animal, un mélange entre un tigre et un lézard, avec des nœuds de muscle et d'os là ou il aurait du avoir de la peau, de la fourrure ou des écailles. Lung était maintenant à genoux, tenant l'une des griffes de taille considérable de la bête loin de son visage avec sa propre main également pourvue de griffes.

      Lung usa de sa main libre pour frappa la créature au museau. Bien qu'il soit plus petit que la bête, l'impact la fit reculer. Elle recula de quelques pas en réaction puis chargea Lung comme un rhinocéros, les faisant tomber du toit. Ils s'écrasèrent en contrebas dans un grand bruit.

      Je me relevais, consciente du fait que je tremblais comme une feuille. J'étais tellement instable sur mes pieds que je manquais de tomber lorsque deux nouveaux impacts secouèrent le toit. Deux nouvelles créatures, similaires à la première en terme de texture, mais différentes en terme de taille et de forme avaient atterri non loin de moi. Ces deux là avaient chacun une paire de cavaliers. Je me contentais de regarder alors qu'ils glissèrent du dos des animaux. Il y avait deux filles, un mec et un  quatrième que je n'identifiais comme un homme que grâce à sa taille. Les grand s'approcha de moi alors que les autres se précipitaient vers le bord du toit pour voir Lung et la créature se bastonner.

      "Tu nous as évité un paquet d'emmerdes." me dit il. Il avait une voix profonde, masculine mais étouffée par son casque. Il était vêtu intégralement de noir, un costume qui était en fait constitué intégralement d'une tenue de moto. La seule chose qui me faisait penser qu'il s'agissait d'un costume était la visière du casque. Elle était sculptée de façon à représenter la figure stylisée d'un crâne, et était aussi noire que le reste du costume, uniquement discernable grâce aux reflets de lumière sur sa surface. C'était un de ces costumes faits avec les moyens du bord, et pas trop mauvais à condition de ne pas être trop exigeant. Il tendit une main vers moi et je reculais, méfiante.

      Je ne savais pas quoi dire, je m'en tint donc à ma règle de ne rien dire qui puisse me causer des ennuis.

      Retirant sa main l'homme en noir indiqua la direction générale de Lung avec son pouce "Quand on a entendu que Lung voulais nous faire la peau, on a carrément flippé. On a passé la majeure partie de la journée à se prendre le bec sur la marche à suivre. Au final on s'est dit basta, on a qu'a lui faire face. Improviser la suite. Pas mon style d'habitude mais bon."

      Derrière lui une des fille poussa un sifflement aigu tout en indiquant la rue en contrebas. Les deux monstres que le groupe avait chevauché en arrivant sautèrent alors du toit pour rejoindre la lutte.

      Le mec en noir continuait de parler, "Et devine quoi, son larbin Lee est là avec une douzaine de gars, mais pas de boss à l'horizon." Il rit, un son étrangement normal pour quelqu'un portant un casque avec un crâne dessus.

      "Lee est loi d'être nul en combat mais il y a une raison pour qu'il ne soit pas le leader des ABB. Sans son boss, il a flippé et s'est enfui. Je suppose que t'es responsable pour ça ?"Masque de crâne attendit pour une réponse. Lorsque je ne lui en offrit pas une, il se tourna vers le rebord du toit et toujours en regardant la rue en contrebas demanda "Lung se prend une branlée, qu'est ce que tu lui as fait ?"

      "Spray au poivre, piqûres d'abeilles et de guêpes, de fourmis rouges et morsures d'araignées " dit la deuxième fille, répondant à ma place. Elle était vêtue d'un costume moulant qui combinait du noir avec du bleu ou une sorte de violet - difficile à dire dans le noir - et ses cheveux d'un blond sombre volaient au vent. Elle sourit et ajouta "Il le supporte assez mal. Et il se sentira vraiment comme une merde demain."

      L'homme en noir se retourna brusquement vers moi, "Introductions. Elle c'est Tattletale*. Je suis Grue. La fille avec les chiens..." il désigna la deuxième fille, celle qui venait de donner des ordres aux monstres. Elle n'était pas en costume, à moins de conter une jupe à carreaux, des rangers, un débardeur déchiré et un masque de bouledogue en plastique bas de qualité comme un costume. "-on l'appelle Bitch**, à sa préférence, mais afin de rester adapté aux moins de dix ans les gentils et les médias ont décidé de l'appeler Hellhound*** à la place. Et le dernier, dans absolument tout, c'est Regent."

      Je compris enfin ce qu'il venait de dire. Ces monstres étaient des chiens ?

      "Ta mère, Grue," rétorqua Regent avec un gloussement et dans un ton qui indiquait clairement qu'il n'était pas si offensé que ça. Il portait un masque blanc, pas tout à fait aussi décoré que ceux associés au carnaval de Venise, mais similaire. Il avait placé une couronne argentée sur sa tête couverte de boucles noires et portait une large chemise blanche rentrée dans des leggins de la même couleur, avec des bottes montantes. Très médiéval. Sa carrure me faisait plus penser à un danseur qu'à un bodybuildeur.

      Les introductions finies, Grue me regarda un moment. Après quelques secondes, il me demanda "Hey, ça va ? T'es blessé ?"

      "La raison pour laquelle elle ne se présente pas n'est pas qu'elle est blessée," dit Tattletale alors qu'elle continuait de se pencher au bord du toit pour observer ce qu'il se passait dans la rue "c'est parce qu'elle est timide."

      Tattletale se retourna ayant l'air de vouloir ajouter quelque chose, mais elle s'arrêta, tournant la tête. Le sourire qu'elle avait porté s'effaça, "Gaffe, faut qu'on se casse."

      Bitch acquiesça en réponse et siffla, un court puis deux longs. Après une brève pause, le bâtiment fut soudainement secoué par des impacts. En quelques instants, ses créatures sautèrent depuis la rue et grimpèrent les côtés du bâtiment pour nous rejoindre sur le toit.

      Grue se tourna vers moi. Je me tenais toujours du côté opposé du toit, à côté de l'issue de secours. "Hey, on t'emmène quelque part ?"

      Je regardais les créatures - chiens ? Ils étaient ensanglantés, grognant, sortis tout droit de mes cauchemars. Je faisais signe que non. Il haussa les épaules.

      "Hey," dit Tattletale, s'asseyant juste derrière Bitch,"c'est quoi ton nom ?"

      Je la fixait pendant quelques secondes. Ma voix s'étrangla avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. "Je ne... Je n'en ais pas choisi pour l'instant."

      "Okay, Bug****, un Cape va se pointer dans moins d'une minute. Tu nous a rendu un sacré service en nous débarrassant de Lung, donc un conseil. Quelqu'un du Protectorat se pointe, trouve deux vilains en train de se fritter, il ne va pas en laisser un s'enfuir. Tu ferais mieux de dégager." Dit elle. Elle m'adressa un sourire. Un de ces sourires vulpins, qui remonte aux coins de la bouche. Derrière son simple masque domino, ses yeux brillaient de malice. Si elle avait eu des cheveux roux, elle m'aurait fait penser à un renard. En fait elle m'y faisait déjà un peu penser.

      Sur ces mots, ils sautèrent au dessus de ma tête, l'un e des bête percutant l'escalier de secours au passage, produisant un bruit métallique.

      Réalisant ce qu'il venait de se produire, j'aurais pu en chialer. Il était facile de comprendre que Regent, Tattletale et Bitch étaient des adolescents. On pouvait aussi se douter que c'était le cas de Grue. Les "enfants" que Lung avait voulu tuer, ceux pour qui j'avais fait tous ces efforts, étaient des méchants. Non seulement ça, mais ils croyaient que c'était aussi mon cas.

      *Tattletale signifie une commère en anglais. J'ai choisi de ne pas traduire les noms pour des raisons de complexité/esthétique, cependant certains ont un sens particulier que je décrirai dans les notes en fin de chapitre.

      **Bitch signifie à la base une chienne, mais est plus souvent utilisé comme insulte (même signification que l'insulte "chienne" en français.) Il s'agit ici d'un jeu sur la signification originale du mot et sur son utilisation commune de la part de Bitch.

      ***Hellhound, littéralement limier de l'enfer, référence à la créature mythologique qu'est le chien des enfers. (ex : Cerbère)

      ****Bug, signifie Insecte, en référence à l'apparence et aux pouvoirs de Taylor.
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      #8 18 Septembre 2017 21:10:19

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      Gestation 1.6

      J’entendis le Cape arriver sur sa moto sous stéroïdes. Je ne voulais pas être aperçue fuyant une scène de crime et risquer d’être de nouveau identifiée comme un méchant, mais je n’étais pas prête de me rapprocher de la rue non plus, au cas ou Lung se sentirait mieux. Puisque je n’avais nulle part ou aller, je me tint tranquille. Se reposer faisait du bien.

      Si on m’avait demandé il y a quelque heures comment je me sentirais à l’idée de rencontrer un grand super héro, j’aurai utilisé des mots comme excitée ou étourdie. En vrai j’étais presque trop épuisée pour en avoir quelque chose à faire.

      On aurait dit qu’il s’était envolé jusqu’au toit, mais l’arme de deux bons mètres de long que l’homme tenait eut un mouvement de recul alors qu’il atterrit. J’étais presque sûre d’avoir vu un grappin se rétracter à l’arrière de l’arme. Donc c’est à ça que ressemble Armsmaster* en vrai ?

      La plus grande organisation de super héros du monde était le Protectorat, s’étendant aux Etats Unis et au Canada, et avec des pourparlers pour inclure le Mexique dans le contrat. Il s’agissait d’une ligue de super héros sponsorisée par le gouvernement avec une base dans chaque « ville de Capes ». En gros ils avaient une équipe stationnée dans chaque ville avec une population un minimum important de héros et de vilains. La section de Bockton Bay était officiellement « Le Protectorat Est-Nord Est » et vivait dans l’île flottante et entourée d’un champ de force visible depuis la Promenade. Ce type, Armsmaster, était le chef de l’équipe locale. Quand les membres clé des US et du Canada se regroupaient pour prendre les photos promotionnelles avec la formation classique en « v », il était un des gars dans les ailes. C’était un mec qui avait des jouets à son effigies. Genre action man d’Armsmaster avec des parties interchangeables pour sa hallebarde.

      Il ressemblait bien à un super héro, et pas à un mec en costume. Une nuance importante. Il portait une armure, bleue foncée avec des parties argentées, et une visière en « v » couvrant ses yeux et son nez. Avec seulement la partie inférieure de son visage visible je pouvais voir une barbe soigneusement taillée qui traçait les contours de sa mâchoire. Si il m’avais fallu juger en me basant uniquement sur la partie de son visage visible j’aurai dit qu’il avait la trentaine.

      Son arme de prédilection était une hallebarde, en gros une lance avec une tête de hache au bout, agrémentée de gadgets et de technologie qu’on ne voyait vraiment que dans les films de science fiction. Il était le genre de mec qui apparaissait sur des couvertures de magazines et faisait des interview à la télé, donc on pouvais savoir tout de lui rien qu’en cherchant dans les médias traditionnels, à part son identité secrète. Je savais que son arme pouvais couper du métal comme si c’était du beurre, et qu’il y avait des injecteurs à plasma au cas ou ça ne suffisait pas, et qu’elle pouvait projeter des pulsion electro-magnétiques dirigées afin de désactiver les champs de force et les équipements mécaniques.

      « Tu vas me combattre ? » demanda t il.

      « Je suis avec les gentils. » je répondis.

      En s’approchant il inclina sa tête « T’en as pas l’air. »

      Venant de lui, ça faisait mal. C’était comme Michael Jordan qui dit que t’es nul en basket. « C’est… pas fait exprès, » je répondis, pas du tout défensive, « j’avais presque fini de fabriquer le costume quand je me suis rendue compte qu’il était déjà beaucoup plus émo que prévu, et je n’y pouvais plus rien. »

      Il y eut une longue pause. Nerveusement, je détournais les yeux de cette visière opaque. Je jetais un œil au symbole sur sa poitrine, la silhouette de sa visière en bleu sur un fond argenté, et je fus frappée par le fait ridicule que j’avais jadis possédé des sous vêtements avec cet emblème dessus.

      « Tu dis la vérité, » il annonça. C’était une déclaration définitive, ce qui me surprit. Je voulais lui demander comment il savait, mais je n’avais pas l’intention de dire ou faire quoi que ce soit qui le fasse reconsidérer.

      Il s’approcha encore plus, me regardant alors que j’étais assise avec mes bras autour de mes genoux, et demanda « Tu as besoin d’aller à l’hôpital. »

      « Non, » je dis « je ne pense pas. Je suis aussi surprise que vous. »

      « Tu es nouvelle. » Il déclara.

      « Je n’ai même pas trouvé de nom. Vous savez à quel point c’est difficile de trouver un nom en rapport avec les insectes et qui ne me donne pas l’air d’un supervilain ou d’un geek ? »

      il eut un petit rire, chaleureux, sonnant étrangement normal. « J’en ai pas la moindre idée. J’ai commencé assez tôt pour ne pas avoir à me soucier de me dépêcher pour avoir les meilleurs noms. »

      Il y eut une pause dans la conversation. Je me sentis soudainement mal à l’aise. Sans trop savoir pourquoi j’admettais « j’ai failli mourir. »

      « C’est pour ça qu’on a le programme des Wards** » il dit. Il n’y avait pas de jugement dans sa voix, pas de pression. Juste un fait.

      J’acquiesçais, plus pour offrir une réponse que pour approuver ce qu’il venait d’annoncer. Les Wards étaient une division du Protectorat pour les moins de dix-huit ans, et Brockton Bay avait sa propre équipe de Wards, avec les même conventions de nom que le Protectorat ; les Wards Est-Nord-Est. J’avais considéré l’idée de les rejoindre, mais la notion d’échapper au stress du lycée en me jetant dans un bordel de drama d’ado, de supervision adulte et d’emplois du temps semblait pour le moins contradictoire.

      « Vous avez attrapé Lung ? » je demandais pour changer le sujet. J’étais plus ou moins sûre qu’il était obligé d’essayer de recruter les nouveaux héros soit dans le Protectorat, sois dans les Wards, en fonction de leur âge, histoire de mettre en avant l’idée des super héros organisés et tenus responsables de leurs actions, et j’avais vraiment pas envie qu’il me saoule avec l’idée de les rejoindre.

      « Lung était inconscient et en sale état quand je suis arrivé. Je lui ai injecté un paquet de tranquillisants pour être sûr et l’ai temporairement immobilisé avec une cage en métal soudée au sol. Je le récupérerai en partant. »

      « Bien, » je dis,  » avec lui en prison, j’aurai au moins l’impression d’avoir fait quelque chose aujourd’hui. La seule raison pour laquelle j’ai commencé ce combat était que je l’avais entend parler d’aller tuer des enfants. C’est seulement plus tard que j’ai compris qu’il parlait d’autres méchants. »

      Armsmaster se tourna pour me regarder. Donc je lui ai tout raconté, lui expliquant le déroulement du combat, l’arrivée des méchants et leur description générale. Il marchait déjà de long en large sur le toit avant que j’ai terminé.

      « Ces types. Ils savaient que j’arrivais ? »

      Je hochais la tête, une fois. J’avais beau avoir beaucoup de respect pour Armsmaster, je n’étais pas d’humeur à me répéter.

      « Ça explique beaucoup de choses. » il dit, les yeux perdus dans le vide. Après un moment, il commença à expliquer, « ils sont difficiles à attraper. Les quelques fois ou on a réussi à les affronter directement, soit ils gagnent, soit ils s’en sortent plus ou moins saufs, voir les deux. On ne sait presque rien d’eux. Grue et Hellhound étaient indépendants avant de rejoindre le groupe, donc on en sait un peu sur eux, mais les deux autres ? Ce sont des fantômes. Si la fille Tattletale a un moyen de nous détecter ou de nous traquer, ça pourrait expliquer pourquoi ils s’en sortent toujours aussi bien. »

      Je fus quelque peu surprise de voir un des plus grands super héro admettre qu’il était moins que parfaitement en contrôle de la situation.

      « C’est drôle, » je dis, après quelques instants de réflexion, « ils n’avaient pas l’air très hardcore. Grue a dit qu’ils étaient paniqués en apprenant que Lung voulait leur peau, et ils se chambraient pendant le combat. Grue se foutait de la gueule de Regent. »

      « Ils ont dit tout ça devant toi ? » Il demanda

      Je haussais les épaules « Je crois qu’ils pensaient que je les aidais. Vu comment Tattletale parlait, elle pensait que j’étais aussi une méchante, ou un truc dans le genre. » Un peu amère j’ajoutais, « Je sais pas, c’est peut être le costume qui leur a fait penser ça. »

      « Tu aurais pu les battre ? » me demanda Armsmaster.

      Je commençais un haussement d’épaules avant de grimacer. Mon épaule était douloureuse, là ou j’étais tombée après avoir été projetée par les flammes de Lung. Je dis « Comme vous l’avez fait remarquer, on ne sait pas grand chose sur eux, mais je pense que la fille avec les chiens… »

      « Hellhound. » Dit Armsmaster.

      « Je pense qu’elle aurait pu me casser la gueule à elle toute seule, donc non. »

      « Alors estime toi heureuse qu’ils aient eut la mauvaise impression, » dit Armsmaster.

      « J’essayerai de le voir sous cet angle, » je dis, impressionnée par sa capacité à transformer quelque chose de mauvais en quelque chose de bien, ce que j’avais essayé de faire plus tôt. Je l’enviais.

      « Bien, » dit-il « et pendant q’on y est, on ferait bien de voir ce qu’on va faire maintenant. »

      Mon cœur coula dans ma poitrine, il allait reparler des Wards.

      « Qui reçoit le crédit pour la capture de Lung ? »

      Prise par surprise, je le regardais bêtement. J’ouvrais ma bouche pour parler mais il leva la main.

      « Écoute moi. Ce que tu as fait est spectaculaire. Tu as aidé à mettre un supervilain majeur en prison. Tu dois juste penser aux conséquences.

      « Conséquences, » je murmurais alors que le mot spectaculaire résonnait dans mes oreilles.

      « Lung a un gang de taille conséquente dans Brockton Bay et ses environs. Plus que ça, il a deux subordonnés dotés de pouvoirs, Oni Lee et Bakuda. »

      Je secouais ma tête, « je connais Oni Lee, et Grue a dit l’avoir affronté. Je n’a jamais entendu parler de Bakuda. »

      Armsmaster acquiesça, « pas surprenant. Elle est nouvelle. Ce q’on sait d’elle est limité. Elle a fait sa première apparition et démonstration de ses pouvoirs lors d’une longue campagne de terrorisme contre l’université de Cornell. Lung l’a apparemment recrutée et fait venir à Brockton Bay après que ses plans aient été déjoués par le Protectorat de New York. C’est… problématique. »

      « Quels sont ses pouvoirs ? »

      « Est-ce que tu connais la classification Tinkers*** ? »

      Je commençais à hocher l’épaule avant de me souvenir de mon épaule douloureuse, et d’opter pour un hochement de tête. C’était probablement plus poli aussi. Je dis, « ça concerne tous ceux dont les pouvoirs donnent une connaissance avancée de la science. Ça leur permet de créer des technologies largement en avance sur leur temps. Pistolets laser, lanceurs à glace, exosquelettes, ordinateurs super intelligents.  »

      « C’est plus ou moins ça, » dit Armsmaster. Je fut frappée par la pensée q’il devait être un Tinker, au vu de sa hallebarde et de son armure. Ou alors quelqu’un lui procurait son équipement. Il continua, « la plupart des Tinkers ont une spécialité, une technique secrète. Quelque chose qu’ils maîtrisent particulièrement bien, ou quelque chose qu’eux seuls peuvent faire. La spécialité de Bakuda est de faire des bombes. »

      Je le fixais.Une femme avec un pouvoir qui la laissait fabriquer des bombes en avance sur leur temps de plusieurs décennies. Pas étonnant que ce soir problématique.

      « Maintenant je veux que tu considères le danger qu’implique le fait d’être crédité pour la capture de Lung. Sans aucun doute, Bakuda et Oni Lee vont chercher à accomplir deux choses. Libérer leur boss et prendre leur revanche sur le responsable de sa capture. Je suppose que tu es maintenant consciente… ce sont des gens dangereux. D’une certaine manière plus encore que leur patron. »

      « Vos êtes en train de dire que je ne devrais pas prendre la responsabilité. » Je dis

      « Je suis en train de dire que tu as deux options. La première est de rejoindre les Wards, ou tu auras du support et une protection en cas d’altercation. Option deux est de te faire discrète. De ne pas prendre la responsabilité. De passer sous le radar. »

      Je n’étais pas prête à prendre une telle décision. D’habitude j’allais me coucher aux environs de onze heures, et me réveillais vers six heures trente du matin pour me préparer pour mon jogging matinal. A mon avis, il devait être à peu près deux heures du matin. J’étais émotionnellement épuisée à cause des événements de la soirée et je pouvais à peine concevoir les complications liées au fait de rejoindre les Wards, sans parler d’avoir deux psychopathes super dangereux qui veulent ma peau.

      En plus de ça, je n’étais pas assez ignorante pour ne pas remarquer les motivations d’Armsmaster. Si j’optais de ne pas réclamer le crédit pour l’arrestation de Lung, j’étais sûre qu’Armsmaster le ferait. Je ne voulais pas me retrouver sur la liste noire d’une des figures majeures du monde des super héros.

      « S’il vous plaît, gardez mon implication dans la capture de Lung secrète. » je lui dis, douloureusement déçue de devoir le dire, bien que ce soit la meilleure décision à prendre.

      Il sourit, ce à quoi je ne m’étais pas attendue. Il avait un beau sourire. cela me fit penser qu’il pouvait probablement gagner les faveurs de nombreuses femmes, peut importe à quoi la partie supérieure de son visage ressemblait. « Je pense que tu te rendras compte que c’était la décision la plus intelligente, » dit Armsmaster, se retournant pour marcher jusqu’à la partie opposée du toit, « appelle moi au QGP si tu as des ennuis. » Il sauta dans le vide, disparaissant hors de vue.

      Appelle moi si tu as des ennuis. Il avait dit, sans l’admettre ouvertement, qu’il m’en devait une. Il prendrait la majeure partie de la récompense pour la capture de Lung, mais il m’en devait une.

      Avant que je n’arrive en bas de l’issue de secours, j’entendis le vrombissement de sa moto, emportant probablement Lung vers une vie derrière les barreaux. Je pouvais espérer.

      Ça me prendrait une demie heure de rentrer à la maison. Sur le chemin, je m’arrêterai et sortirai le sweat et le jean que j’avais amené. Je savais que mon père était parti se coucher avant moi, et qu’il dormait comme une marmotte, donc pas besoin de m’inquiéter pour la fin de soirée.

      Ça aurait pu être pire. Aussi étrange que cela soit, ces mots étaient pour moi un réconfort dans lequel je m’enveloppais afin d’ignorer que demain était un jour d’école.

      *Armsmaster : littéralement maître d’armes.

      **Wards : A ward signifie un pupille, un apprenti et héritier de responsabilités et d’un rôle.

      ***Tinkers : To tinker signifie bricoler, bidouiller avec des mécanismes/de la technologie.


      Pour lire les chapitres traduits dès leur sortie : http://rss.webinage.fr/worm/

      Dernière modification par Drawn (18 Septembre 2017 21:11:10)

    • Drawn

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      #9 25 Septembre 2017 22:02:12

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      Ce qui suit est le travail de John Mcrae.

      Interlude 1.x

      "On ne sait pas depuis combien il était là. Suspendu dans l'air au dessus de l'océan Atlantique. Le vingt mai 1982 un bateau traversait l'océan de Plymouth à Boston quand un passager le repéra. Il était nu, les bras le long du corps, ses longs cheveux battus par le vent alors qu'il volait une trentaine de mètres au dessus des vagues. Sa peau et ses cheveux ne pouvaient être décrit que comme de l'or bruni. Sans vêtements ni poils pour le couvrir, il semblait presque artificiel.

      "Après une discussion impliquant les passagers et l'équipage, il fut décidé de détourner le navire afin de s'approcher. Il faisait beau, et les passagers se bousculèrent sur le pont pour pouvoir l'observer. Comme si elle partageait leur curiosité, l'apparition s’approcha aussi. Son expression faciale ne changea pas mais plusieurs témoins affirmèrent qu'il paraissait profondément triste.

      "Je pensait qu'il allait fondre en larmes d'un moment à l'autre" déclara Grace Lands, "Mais quand j'ai touché le bout de ses doigts, c'est moi qui ait pleuré."

      "Cette croisière en bateau était mon dernier voyage. J'était atteinte du cancer et je n'avais pas le courage de faire face. J'arrive pas à croire que j'admet ça en face d'une caméra, mais je rentrais à Boston, ou j'étais née, pour finir les choses moi même. Après l'avoir rencontré, j'ai changé d'avis. Non pas que ça importe. J'ai consulté un docteur et il m'a dit qu'il n'y avait pas la moindre trace d'une maladie."

      "Mon frère, Andrew Hawke, fut la dernière personne à entrer en contact avec lui, je m'en souviens. Il avait grimpé sur le bastingage et, en tombant presque, il avait agrippé la main de l'homme doré. Nous autres avions du le retenir pour qu'il ne tombe pas. Quoi qu'il se soit passé, cela laissa mon frère dans un état d'admiration. Lorsque l'homme à la peau doré s'envola au loin, mon frère ne dit pas un mot. Il resta silencieux jusqu'à Boston. Et lorsque nous avons accosté et que mon frère est enfin redevenu lui même, il a tout raconté aux journalistes, excité comme un gamin."

      "L'homme doré fit de nombreuses apparitions dans les mois et années qui suivirent. Au bout d'un certain temps, il apparut vêtu. Tout d'abord d'un simple drap passé autour des épaules et fixé de chaque côté de sa taille, puis de vêtements plus conventionnels. En 1999 il adonna le justaucorps blanc qu'il porte toujours aujourd'hui. Pendant plus d'une décennie on s'interrogea, d'ou notre homme d'or tenait t-il ces choses ? Avec qui était-il en contact ?

      "De temps en temps pour commencer, puis plus régulièrement, l'homme d'or se mit à intervenir en temps de crise. Pour des événements aussi bénins que des accidents de voiture, aussi majeurs que des catastrophes naturelles, il a utilisé ses pouvoirs pour nous sauver. Un flash de lumière pour geler l'eau renforçant une digue endommagée par un ouragan. Une attaque terroriste déjouée. Un tueur en série attrapé. Un volcan en éruption réprimé. Des miracles, dirent certains.

      "La fréquence de ses interventions augmentait, peut être parce qu'il apprenait toujours ce qu'il pouvait faire, peut être parce qu'il comprenait mieux ou on avait besoin de lui. Dès la moitié des années 90, il passait d'une crise à l'autre, volant plus vite que le son. En 15 années, il n'a pas arrêté.

      "Il n'a parlé qu'une fois en trente ans. Après avoir éteint un feu de grande envergure à Alexandrovsk, il s'est arrêter quelques instants pour s'assurer qu'il ne restait plus aucun foyer. Une journaliste s'est approchée de lui et lui a demandé 'Kto vy ?' - qu'es tu ?

      "Choquant le monde entier, capturé par une caméra dans une scène rejouée un nombre incalculable de fois, il parla d'une voix qui semblait ne jamais avoir produit de son avant. A peine audible il répondit 'Scion*'.

      "Ce devint le nom par lequel on l'appelait. Ironique, car nous prîmes un  mot qui signifiait descendant pour nommer le premier d'un grand nombre d'individus dotés de super pouvoirs - les parahumains -à apparaître sur Terre.

      "A peine cinq ans après la découverte de Scion, les super héros sortirent du couvert de rumeurs et de secrets pour se révéler au grand public. Bien que les vilains n'aient pas tardé à suivre, ce furent les héros qi brisèrent le statu de dieux des parahumains. En 1989, tentant de calmer une émeute causée par un match de basketball au Michigan, le super héro connu du public sous le nom de Vikare s'impliqua, seulement pour recevoir un coup de batte à l'arrière de la tête. Il mourut un peu plus tard d'un embolisme cérébral. Il fut plus tard révélé qu'il s'agissait en fait d'Andrew Hawke.

      "L'âge d'or des parahumains ne fit donc pas long feu. Ils n'étaient pas les figures divines que l'on pensait. Les parahumains étaient avant tout des Hommes avec des pouvoirs, et les Hommes ne sont jamais parfaits. Les agences gouvernementales augmentèrent les régu..."

      La télévision s'éteignit et l'écran devint noir, coupant le documentaire en pleine phrase. Danny Hebert soupira et s'assit sur son lit, seulement pour se lever et recommencer à faire les cent pas quelques instants plus tard.

      Il était trois heures et quart du matin et sa fille, Taylor, n'était pas dans sa chambre.

      Danny passa une main dans ses cheveux, qui étaient assez fin sur le dessus pour être presque chauve. Il aimait être le premier arrivé au boulot, voir tout le monde arriver, leur faire savoir qu'il était là pour eux. Il allait donc régulièrement se coucher tôt, généralement aux environs de dix heures du soir, dépendant de ce qu'il y avait à la télé. Seulement ce soir, un peu après minuit, il avait été tiré d'un demi sommeil lorsqu'il avait senti plus qu'entendu la fermeture de la porte de derrière, juste en dessous de sa chambre. Il était allé vérifier que sa fille allait bien et avait trouvé sa chambre vide.

      Il avait donc attendu son retour pendant trois heures.

      Un nombre incalculable de fois il avait regardé par la fenêtre, espérant voir Taylor rentrer.

      Pour la vingtième fois il ressentit le besoin de demander à sa femme de l'aide, un conseil, du support. Mais son côté du lit était vide, et l'avait été depuis un moment. Tous les jours semblait il, il était frappé par le besoin de l'appeler sur son téléphone. Il savait que c'était stupide - elle ne décrocherait pas - et si il y pensait trop, il ne ferait que s'énerver contre elle, ce qui le ferait se sentir encore plus coupable.

      Il se demandait, bien qu'il pertinemment la réponse, pourquoi il n'avait pas acheté de téléphone à Taylor. Danny ne savait pas ce que sa fille puisse faire qui la pousse à sortir en pleine nuit. Ce n'était pas son genre. Il pouvait se dire que tous les pères pensait ça de leur fille, mais au fond il savait. Taylor n'était pas sociale. Elle n'allait pas à des fêtes, elle ne buvait pas, elle n'était même pas particulièrement intéressée par le champagne qu'il lui proposait quand ils fêtaient le nouvel an ensemble.

      Deux possibilité lui tiraillaient l'esprit, toute deux bien trop crédibles.  La première était que Taylor était sortie prendre l'air, voir même courir. Elle n'était pas heureuse, notamment à l'école, il le savait, et le sport était sa façon de le gérer. Il pouvait très bien la voir faire ça un dimanche soir, avec une semaine d'école en perspective. Il aimait que ses footing la fasse se sentir bien, et qu'elle semblait faire cela de façon raisonnable et bonne pour la santé. Il détestait juste qu'elle ait à le faire ici, dans ce quartier. Parce qu'ici une jeune fille maigre était une cible facile. Un vol ou pire - il ne pouvait même pas articuler cette pensée sans se sentir physiquement malade. Si elle était sortie pour courir à minuit et n'était pas rentrée à trois heures du matin, quelque chose s'était passé.

      Il jeta un œil par la fenêtre vers ce coin ou la flaque de lumière projetée par un lampadaire lui permettrait de la voir venir. Rien.

      La deuxième possibilité n'était pas beaucoup mieux. Il savait que Taylor était harcelée à l'école. Danny avait découvert cela en janvier quand sa petite fille avait du être sortie du lycée et envoyée à l'hôpital. Pas aux urgences mais dans l'aile psychiatrique. Elle refusait de dire qui, mais sous l'influence d'un des médicaments qu'ils lui avaient donné, elle avait finit par admettre qu'elle était victimisée par des gens à l'école, au pluriel pour lui indiquer qu'il s'agissait d'un ils et pas d'un il ou elle. Elle n'en avait pas reparlé - du harcèlement ou de l'incident - depuis. Si il la poussait, elle ne faisait que devenir plus défensive et refermée sur elle même. Il s'était résigné à la laisser révéler les détails à son propre rythme, mais des mois avaient passé sans qu'elle ne révèle quoi que ce soit.

      Danny ne pouvait pas non plus y faire grand chose. Il avait menacé de faire un procès à l'école après que sa fille ait été envoyée à l'hôpital, et le conseil de l'école avait répondu en payant la facture médicale et en promettant qu'ils feraient attention à ce que ça ne se reproduise pas. C'était là une faible promesse faite par une équipe éducative déjà surchargée, et elle ne faisait rien pour le rassurer. Ses efforts pour la faire changer d'école avaient été contrés par des règles et régulations limitant le temps de voyage entre la maison de l'élève et son établissement. Le seul autre lycée dans la zone de Taylor était Arcadia High, qui était déjà plein avec plus de deux cents élèves sur listes d'attente.

      En ayant conscience de tout ça, avec sa fille qui avait disparu au milieu de la nuit, il ne pouvais s'empêcher de penser que les brutes l'avaient attirée à l'extérieur en la faisant chanter, en la menaçant ou e faisant des fausses promesses. Il ne savait rien en dehors de l'incident, celui qui l'avait envoyée à l'hôpital, mais ça avait été grotesque. Il avait été sous entendu, mais jamais confirmé, que ce n'était pas un incident isolé. Il pouvait imaginer ces garçons ou ces filles qui tourmentaient sa fille, s'encourageant les uns les autres alors qu'ils créaient des façons toujours plus créatives de la blesser et de l'humilier. Taylor ne l'avait jamais dit à voix haute, mais ce qu'il se passait à l'école était assez agressif et persistant pour qu'Emma, la meilleure amie de Taylor depuis des années, avait arrêté de passer du temps avec elle. Tout ça le rongeait.

      Impuissant. Danny était inutile quand on avait besoin de lui. Il ne pouvait rien faire - son appel à la police à deux heures du matin lui avait valu une explication fatiguée du policier qui déclarait ne pas pouvoir faire quoi que ce soit sans avoir plus d'informations. Si sa fille était toujours portée disparue après douze heures, on lui avait dit de rappeler. Tout ce qu'il pouvait faire, c'est attendre la gorge serrée en priant pour que le téléphone ne sonne pas, un policier ou une infirmière prêt à lui dire e qu'i était arrivé à sa fille.

      La plus petite vibration dans la maison marqua la sortie d'une bouffé d'air chaud vers l'extérieur glacé, et il y eut un soufflement étouffé alors que la porte de derrière se refermait. Danny sentit un soulagement brutal, couplé à une peur abjecte. Si il descendait pour voir sa fille, la trouverait-il souffrante ? Sa présence ne ferait elle qu'empirer les choses, son propre père la voyant vulnérable après une humiliation aux mains des brutes ? Elle lui avait dit de toutes les façons possibles sauf avec des mots qu'elle ne voulait pas ça. Elle l'avait supplié, avec son langage corporel, ses yeux fuyants, ses phrases jamais finies et tout les non dits, de ne pas demander, de ne pas la pousser, de ne rien voir de ce harcèlement. Il ne pouvait pas vraiment dire pourquoi. La maison était un moyen d'échapper tout ça, il suspectait, et si il reconnaissait le harcèlement, le rendait réel même ici, peut être qu'elle n'aurait plus de moyen d'y échapper. Peut être était-ce de la honte, que sa fille ne voulait pas qu'il la voit comme ça, qu'elle ne voulait pas être aussi faible devant lui. Il espérait sincèrement que ce n'était pas le cas.

      Il courut donc de nouveau ses doigts dans ses cheveux et s'assit de nouveau sur son lit, ses coudes sur ses genoux, sa tête entre ses mains, et fixa du regard la porte de sa chambre. Ses oreilles étaient à l’affût du moindre indice. La maison était vieille, et elle n'avait pas été un bâtiment de bonne qualité même quand elle était neuve, les murs étaient donc fins et la structure avait tendance à grincer à la moindre occasion. Il y eut un léger bruit de porte en bas. La salle de bain ? Ça ne pouvait pas être la porte du sous sol, elle 'avait aucune raison d'y aller, et il ne pensait pas que ça puisse être un placard car après deux ou trois minutes, la même porte s'ouvrit et se ferma de nouveau.

      Après que quelque ait claqué au contact du plan de travail, il n'y eut qe le grognement occasionnel du parquet. Cinq ou dix minutes après qu'elle soit rentrée, il y eut le craquement rythmique des marches alors qu'elle escaladait l'escalier. Danny pensa à s'éclaircir la gorge afin de lui faire savoir qu'il était éveillé et disponible si elle voulait lui parler, mais décida finalement de ne pas le faire. Il agissait en lâche, pensait il, comme si s'éclaircir la gorge ferait de ses peurs une réalité.

      Sa porte se ferma doucement, presque inaudible avec seulement le plus léger tapement de la porte contre sa chambranle. Danny se leva, abruptement, et ouvrit la porte de sa chambre, prêt à traverser le hall pour aller frapper à la sienne. Pour s'assurer que sa fille allait bien.

      Il fut stoppé par une odeur de toast et de confiture. Elle s'était préparé quelque chose à grignoter. Cette révélation le remplit de soulagement. Il ne pouvait imaginer sa fille rentrant après avoir été volée, tourmentée ou humiliée et se préparant un toast avec de la confiture. Taylor allait bien, ou en tous cas assez bien pour être laissée seule.

      Il laissa s'échapper un soupir de soulagement et retourna dans sa chambre, sur son lit.

      Son soulagement se transforma en colère. Il était en colère contre Taylor pour l'avoir inquiété, et sans prendre la peine de l'assurer qu'elle allait bien. Il ressentait une haine brûlante à l'encontre de la ville, pour avoir des quartiers et des habitants à qui il ne pouvait pas laisser sa fille en confiance. Il détestait les brutes qui s'en prenaient à sa fille. Et en dessous de tout cela, il été frustré envers lui même. Danny Hebert était la seule personne qu'il pouvait contrôler, et Danny ne parvenait pas à faire quoi que ce soit d'utile. Il n'avait pas obtenu de réponse, n'avait pas stoppé les brutes, n'avait pas protégé sa fille. Pire que tout était l'idée que cela ait pu se produire par le passé, sans qu'il s'en rende compte.

      Il s'empêcha de débarquer en trombe dans la chambre de sa fille de demander des réponses, même si c'était ce qu'il voulait. Ou était elle partie, qu'avait elle fait ? Était elle blessée ? Qui étaient ces gens qui la tourmentaient ? Il savait qu'en la confrontant et en se mettant ne colère il ferait plus de mal que de bien, il menacerait de détruire toute la confiance qu'il y avait entre eux.

      Le père de Danny avait été un homme à la carrure puissante et lourde, et Danny n'avait pas récupéré un seul de ces gènes. Danny avait été n nerd alors même que le terme était encore jeune dans la culture populaire, maigrichon, mauvaise vue, lunettes, mauvais sens de la mode. Ce qu'il avait hérité de son père était son fameux tempérament. Sa colère montait vite et était d'une intensité surprenante. Contrairement à son père, Danny n'avait frappé quelqu'un sous l'emprise de la colère qu'a deux reprises, toutes deux alors qu'il était beaucoup plus jeune. Cela dit, tout comme son père il pouvait se lancer dans des tirades qui laissaient ses interlocuteurs tremblants. Danny avait toujours vu le moment ou il était devenu un adulte, un homme comme le moment ou il avait décidé de ne jamais perdre son calme face à sa famille. Il ne passerait pas ce trait à son enfant comme son père lui avait passé.

      Il n'avait jamais brisé cette promesse avec Taylor, et ce fait était la seule chose qui lui permette de se contenir, faisant les cent pas, le visage rouge et désirant frapper quelque chose. Bien qu'il ne se soit jamais énervé contre Taylor, qu'il ne lui ait jamais crié dessus il savait qu'elle l'avait déjà vu en colère. Une fois alors qu'il était au travail, parlant avec l'un des aides au maire. L'homme avait dit à Danny que les projets de restauration des Docks avaient été annulés et que contrairement à ce qui avait été promis, il y aurait des licenciements et non pas de nouveaux emplois pour les dockers déjà en difficulté. Taylor avait passé la matinée dans son bureau avec la promesse qu'ils sortiraient se promener ensemble l'après midi, et avait été présente pour le voir partir en sucette de la pire façon possible avec l'homme. Quatre années auparavant il avait perdu son calme avec Annette pour la première fois, brisant ainsi son contrat avec lui même. Ça avait été la dernière fois qu'il l'avait vue. Taylor ne l'avait pas vu s'énerver contre sa mère, mais il était certain qu'elle l'avait entendu au moins en partie. Il en avait honte.

      La troisième et dernière fois qu'il avait perdu son calme alors que Taylor avait été en position de le savoir avait été la fois ou elle avait été hospitalisée après l'incident en janvier. Il avait hurlé sur la principale de l'école, qui l'avait mérité, et sur le prof de bio de Taylor de l'époque, qui ne l'avait probablement pas mérité. Ça avait été assez terrible pour qu'une infirmière menace d'appeler la police, et Danny à peine apaisé, été parti en trombe pour rejoindre la chambre dans laquelle était sa fille, plus ou moins consciente et les yeux écarquillés en réaction. Il était profondément effrayé à l'idée que la raison pour laquelle Taylor ne lui avait rien révélé au sujet du harcèlement était qu'elle avait peur qu'il ne réagisse sous la colère et fasse quelque chose de regrettable. Ça le rendait malade, l'idée qu'il ait pu contribuer à forcer sa fille dans cette isolation qu'elle s'imposait pour gérer ses problèmes.

      Il fallut un long moment à Danny pour se calmer, aidé par l'idée qu'il se répétait encore et encore, que Taylor était sauve, qu'elle était à la maison, qu'elle était en sécurité. Ce fut une sorte de bénédiction qu'une fois la colère passée, il se senti aussi fatigué. Il s'installa du côté gauche du lit, laissant le côté droit libre, une habitude dont il lui fallait toujours se séparer, et s'enroula dans les couvertures.

      Il parlerait à Taylor ce matin. Obtiendrait des réponses.

      Il rêva de l'océan.

      *"Scion" signifie héritier, descendant.

      ---------

      Et voilà, le dernier chapitre du premier arc, ouf, c'était déjà quelque chose. Le premier pas d'un long voyage. Est-ce que ça vous a plu ? Est ce que la traduction était au niveau ? (surtout pour la syntaxe, difficile de passer d'une langue à l'autre) Bref, n'hésitez pas à commenter, et bien sûr si vous pouvez lire l'anglais, allez lire le travail original sur le site de l'auteur, et rejoignez la communauté ! Sinon, il va vous falloir vous contenter de mon rythme de parution pas fou ^^.
      Bon, comme je l'avais dit, publier sur ce site c'est un effort en plus, je préfère donc arrêter pour l'instant et me contenter de publier sur mon site, c'est plus facile à gérer. Donc pour suivre la suite c'est là bas. Je reviendrai peut être publier la suite quand j'aurai bien avancé et que je me serai habituée au rythme.
      Donc à plus tard je l'espère, et bonne journée à vous.
    • Drawn

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #10 15 Janvier 2018 22:49:48

      Salut, de retour après un très long hiatus, je suis très occupée et la traduction prend beaucoup de temps. Mais le projet n'est pas mort, et je compte bien continuer de traduire aussi longtemps que possible (qui sait, peut être que je verrais la fin du projet ^^)
      Quoi qu'il en soit, voici un nouveau chapitre, d'un nouvel arc narratif. J'espère que ça va plaire, et surtout n'hésitez pas à me corriger en cas d'erreurs de français, c'est très difficile de passer autant d'une langue à l'autre.
      Bref, bonne lecture !

      --------------------------------------------------------------------------
      ce qui suit est une traduction du travail de John Mcrae.

      Gestation 2.1

      Je fut réveillée par le son étouffé de la radio dans la salle de bain. Tendant le bras je retournai mon réveil de manière à en voir l’écran. 6: 28. Aujourd’hui était donc un jour de semaine comme un autre. Mon alarme était réglée pour sonner à six heure et demie mais je n’en avais presque jamais besoin car mon père était toujours dans la douche au même moment. Nous étions définis par nos routines.

      Alors qu’une vague de fatigue s’écrasait sur moi, je me demandai si je n’étais pas malade. Il me fallu quelques instants passés à fixer le plafond pour me rappeler des événements de la veille. Tu parles que j’étais fatiguée. J’étais rentrée et m’étais faufilée dans la maison pour aller me coucher à presque trois heure trente, il y a trois heures de cela. Et avec tout ce qui s’était passé, je n’avais pas dormis pendant la totalité de ces trois heures non plus.

      Je me forçai à me lever. En bonne esclave de ma routine ça aurait été un crime d’en faire autrement. J’enfilai un survêtement et descendais dans la cuisine pour me passer de l’eau sur le visage, luttant pour rester éveillée. J’étais assise à la table de la cuisine, enfilant mes baskets, lorsque mon père descendit dans la pièce en robe de bain.

      Mon père n’est pas ce qu’on appellerait un bel homme. Fin comme une allumette, le menton fuyant, ses cheveux fins et noirs sur le point de disparaître, de grands yeux et des lunettes qui les faisaient paraître encore plus grands. Alors que me père entrait dans la cuisine, il parût surpris de me voir. C’était juste son expression de toujours : constamment étonné. Ça et un air un peu déconfit.

      « Bonjour ma chérie » dit il, entrant dans la cuisine et déposant un baiser sur mon crâne.

      « Salut papa. »

      Il faisait déjà son chemin vers le frigo lorsque je répondis. Il jeta un coup d’œil par dessus son épaule « Pas très en forme ? »

      « Hum ? »

      « Tu à l’air morose, » dit-il.

      Je secouais ma tête « Fatiguée. J’ai pas bien dormis. »

      Il y eut le son du bacon jeté sur la poêle à frire. Il grésillait déjà lorsque mon père prit de nouveau la parole, « Tu sais, tu pourrais retourner te coucher et dormir pendant une heure de plus . Tu n’est pas obligée d’aller courir. »

      Je souris. C’était à la foi attachant et ennuyeux, le fait que mon père détestait mon habitude de sortir courir. Il s’inquiétait pour ma sécurité, et ne pouvait pas s’empêcher de suggérer que j’arrête, ou que je fasse plus attention, ou que je rejoigne une salle de sport à la moindre occasion. Je n’étais pas sûre si il serait plus ou moins inquiet si il apprenait pour mes pouvoirs.

      « Tu le sais bien qu’il le faut papa. Si je ne le fais pas aujourd’hui ça sera encore plus dur de le faire demain. »

      « Tu as bien le, heu… »

      « J’ai le tube de spray au poivre dans ma poche » dis-je. Il hocha sa tête en signe d’accord. Ce ne fut que quelques instants plus tard que je réalisai que je ne l’avais pas. Le spray au poivre était dans mon costume, dans la chute de mon sous-sol. Je me sentais coupable d’avoir menti à mon père.

      « Jus d’orange ? » demanda t il.

      « Je m’en charge. » dis-je en me dirigeant vers le frigo pour le récupérer. Pendant que j’y étais, je pris aussi de la compote de pomme. Alors que je retournais à la table mon père mit du pain perdu dans la poêle avec le bacon. La pièce se remplit des arômes de cuisson de nourriture. Je me servis un peu de compote.

      « Tu te souviens de Gerry ? » demanda mon père.

      Je haussai les épaules.

      « Tu l’as croisé une ou deux fois quand tu venais me visiter au bureau. Grand gars, baraqué, Irlandais noir ? »

      Haussant de nouveau les épaules, je mordais dans mon pain perdu. Mon père était membre de l’Association des Dockers, en tant que représentant de l’Union et responsable des embauches. L’état des Docks étant ce qu’il était, le travail de mon père était plus ou moins de dire aux gens qu’il n’y avait pas d’empois, jour après jour.

      « D’après la rumeur il aurait trouvé du travail. Devine chez qui. »

      « Chaipas, » dis-je, la bouche encore pleine.

      « Il va être un des larbins de Über et Leet. »

      Je haussai mes sourcils. Über et Leet étaient deux méchants locaux avec un thème autour des jeux vidéos. Ils étaient plus ou moins aussi incompétents que des méchants pouvaient l’être sans pour autant terminer en prison. Ils étaient à peine sur la liste B.

      « Genre ils vont li faire porter un uniforme ? Couleurs primaires bien vives, style Tron ? »

      Mon père gloussa, « Probablement. »

      « On est censé parler de comment les pouvoirs ont influencé notre vie en classe aujourd’hui. Peut être que j’en parlerai. »

      On mangea en silence pendant une minute ou deux.

      « Je t’ai entendu rentrer tard hier soir, » dit-il.

      J’acquiesçai doucement, avant mordre dans mon pain perdu alors même que mon rythme cardiaque triplait, mon esprit tentant de formuler une excuse.

      « Comme je t’ai dit, » je déclarais enfin, le regard vissé sur mon assiette, « j’arrivais juste pas à dormir. A clamer mes pensées. Je me suis levée, j’ai essayé de faire les cents pas dans ma chambre mais comme ça marchait pas, j’ai décidé de sortir et de faire le tour du quartier. » Je ne mentais pas complètement. Ça m’était déjà arrivé. Juste pas hier, et j’avais fais le tour du quartier, quoi que pas de la façon que je sous entendais.

      « Mon dieu, Taylor, » répondit mon père, « c’est pas le genre de quartier dans lequel tu veux traîner tard le soir. »

      « J’avais mon spray au poivre, » je protestai faiblement. Au moins ce n’était pas un mensonge.

      « Et si tu tétais faite prendre par surprise ? Ou si il avait eu un couteau, ou un pistolet ? » demanda mon père.

      Ou la pyrokinésie, ou la capacité de se faire pousser des écailles et des griffes ? Je sentis un nœud dans mon estomac à la vue de l’inquiétude de mon père. Il était d’autant plus intense que c’était justifié. J’avais failli mourir hier soir.

      « Qu’est ce qui se passe pour que tu sois anxieuse au point de ne plus dormir la nuit ? » Demanda t-il.

      « L’école, » dis-je, la gorge nouée, « les amis, ou plutôt leur manque. »

      « Ça ne va pas mieux ? » demanda t-il, évitant soigneusement d’aborder le sujet évident, celui du harcèlement.

      Si c’était le cas, je n’aurais pas de problèmes, si ? Je haussai juste les épaules avant de me forcer à avaler une nouvelle portion de pain perdu. Mes épaules protestèrent, mes bleus de la veille se faisait ressentir. Même si je ne me sentais pas de manger, je savais que mon estomac protesterait bien avant le déjeuner si je ne mangeais pas maintenant. C’était sans même compter le fait que j’allais courir, ou mes escapades de la veille.

      Quand mon père réalisa que je n’avais pas de réponse pour lui, il recommença à manger . Il ne prit qu’une bouchée avant de reposer sa fourchette, qui tinta au contact de l’assiette.

      « Plus de sorties au milieu de la nuit, » dit-il, « ou j’accroche des clochettes aux portes. »

      Il en était capable. Je me contentai de hocher la tête en me promettant de faire plus attention la prochaine fois. Quand j’étais rentrée la vaille, j’étais tellement fatiguée et courbaturée que je n’avais pas prêté attention au claquement de la porte, au raclement de la serrure ou au grincement des lattes de parquets plus vieilles que moi.

      « Okay, » dis-je, ajoutant, « je suis désolée ». Même avec ça, je me sentais mal. Mon excuse était sincère en intention, mais je m’excusais en sachant très bien que je contais recommencer. C’était mal.

      Il m’adressa un sourire qui ressemblait presque à un ‘je suis désolé aussi ».

      Je finis mon assiette et me levai, pour la mettre dans l’évier et passer de l’eau dessus.

      « Tu sors courir ? »

      « Ouais, » dis-je, posant mes affaires dans le lave vaisselle et je me courbai pour faire un câlin à mon père avant de me diriger vers la porte.

      « Taylor, tu as fumé ? »

      Je fis non de la tête.

      « Tes cheveux sont, heu, brûlés. Aux pointes, là. »

      Je repensai à la nuit précédente. A être projetée alors qu’une des vagues de flammes de Lung me frappait dans le dos.

      Haussant les épaules, je suggérai, « Le four, peut être ? »

      « Fais attention à toi, » me dit mon père, détachant bien les mots. Je pris ça comme mon signal pour me mettre en route, sortant par la porte du côté et me mettant à courir dès le portillon de fer dépassé.

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