[Suivi lecture] Clamence

 
  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #1 09 Octobre 2012 10:19:48

    Je cherche un lieu pour atterrir. Tiens, Henry Bauchau est décédé le 21 septembre dernier, il n'aura finalement pas passé le siècle.

    <image>

    Ahah, comme ce dessin le rend mal ! Il le rend austère et rugueux, là où il était élégant et chaleureux !

    On n'aura plus la jeunesse frappante de son regard mutin, l'acuité bonhomme des traits qu'il éclairait.
    Il restera une découverte notable pour les élèves des classes littéraires sommés de se pencher sur les réécritures et pris à revers par son Antigone, son Oedipe sur la route. Il faudra que je les relise, je me rappelle avoir eu en bouche des critiques aussi roides qu'était prenante l'humanité qui nous enveloppait dans sa voix. Son regard pétillant qui rendait les gens beaux. Il faudra que je (re)lise tout ce qu'il nous laisse d'ailleurs, cet autre grand monsieur.

    Il restera la madeleine des enfants lecteurs au vague souvenir d'un Enfant bleu, qu'on ne saisit plus vraiment, qui nous échappe, mais nous touche encore quelque part, au coin d'un coeur ridé.

    Resteront ses pensées, ses conférences pour la Chaire de poétique, sa passion de l'écriture qui transpirait même d'un métalangage essayiste.

    Et puis d'autres oeuvres, trop tranchantes pour les aborder des années après, qu'il me faudra renouer avec lui. Tardivement comme je sais le faire. Un "poète de sa vie" (comme dit l'autre), qui sut se faire existentialisme quelle que soit la forme de l'écriture, et nous envoyer sauvagement ses angoisses et ses froides réalités dans la gueule.
    Je n'ai pas de citation à vous offrir ce jour, un drôle de sentiment seulement.

    Salut toi, à bientôt !


    Je ne sais pas trop ce que donnera ce suivi, fallait juste que je dise ça quelque part sans trop m'y pencher.

    Dernière modification par Clamence (09 Octobre 2012 10:22:59)

  • Bambi_slaughter

    Chouchou des imprimeurs

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    #2 09 Octobre 2012 10:55:04

    Modo : J'ai renommé ton suivi pour le rendre conforme avec les autres. :)
    Sinon, je n'ai pas jamais lu Henri Bauchau mais j'ai Antigone qui m'attend sagement dans ma PAL. :)
    Sinon, tu lis quoi en ce moment ?
  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #3 09 Octobre 2012 12:16:55

    (merci !)

    Eh bien je serais ravie de savoir ce que tu auras pensé d'Antigone, ce n'était pas mon préféré, mais il a quand même une luminosité rare dans une réécriture.

    J'en profite pour coller là mes chroniques précédentes (je suis flemmarde et j'aime bien conserver mes compilations pour ne pas oublier aussi vite que je lis, donc ce sera mieux de regrouper sur un seul topic, mon mien à moi !) :

    Lu récemment, deux Zweig : Légende d'une vie, une pièce de théâtre qui m'a emportée, et que je recommande


    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Stefan ZWEIG, Légende d'une vie


    Cette pièce de théâtre c'est l'histoire d'un voyage en train trop long pour se satisfaire des bouquins que j'avais emporté. Courir à un Relai lors d'une correspondance, attraper ce livre et se plonger dedans... Se laisser emporter dans le silence d'un wagon, s'en abstraire pour rêvasser devant les lumières glissant sur la vitre, faire durer le plaisir encore, l'étirer jalousement, et puis finalement l'achever devant la gare, en attendant que la ville s'éveille et le café ne s'ouvre.

    Zweig, comme Dostoievski, se connaît. Sans complaisance, sans affection, mais sans honte non plus. Et ses personnages sont d'une humanité pure et simple -bien moins pleine de fioritures que toutes les phrases qui vont sortir de ma bouche avec un filet de bave en parlant de lui !-.

    Un théâtre efficace, toujours, qui promène autour des figures phares (dont le père disparu), des personnages "annexes" qui permettent de mettre en relief, de jouer sur les silences, les non-dits, les mensonges réputés habiter toute famille, sans s'attarder en monologues fastidieux pour accéder à la complexité du protagoniste.

    Sur le fond... Difficile d'en dire la grandeur sans en dire le déroulé. Sur le phénomène de construction d'une "légende" et de tout ce qui s'y oublie... quitte à en neutraliser l'humanité et la rendre trop froide. Un fils face à l'image du père absent mais étouffant, de la mère bien présente ! un jeune adulte qui cherche à grandir en acceptant une histoire collective pour faire ses propres traces.

    Je suis mauvais public. Mais j'ai été touchée. Parce que chacun a sans doute quelque chose à y lire en écho. Parce que j'allais retrouver mon frère. Parce que la sincérité de Zweig rend sublime des êtres imparfaits.

    En résumé : le théâtre c'est rapide et pas chiant à lire, et Zweig c'est une valeur sûre pour crâner en société... pourquoi vous en priver plus longtemps ?



    et Conscience contre violence, sans commentaire ><

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Stefan ZWEIG, Conscience contre violence


    Encore un livre acheté au moment de prendre un train, comme quoi voyager est parfois tout à fait stimulant, et parfois il conviendrait de s'en abstenir.

    Après lecture de cet essai qui prend comme toile de fond les guerres de religion et autres débats théologiens, on aurait envie de s'adresser à l'être suprême quel qu'il soit en s'écriant "Eli, eli, lema sabachthani" ou, pour ceux qui doutent de leur accent araméen : "Dieu mais quelle odieuse épreuve m'as-tu envoyée là, z'y-va ?!"

    J'ai commencé ce livre au gré des cahotements d'un bus, les 10 premières pages me conservaient enthousiaste (c'était la préface d'Hervé Le Tellier, envers qui je garde une rancoeur inconsolable !), les 20 suivantes me laissaient attentive. C'était l'introduction. Le reste, expédié cette nuit, ne fut que lourde redite moraliste. Bien sûr, j'ai conservé ma triste tendresse à Zweig, comme une mère regarde avec un mélange d'amour et de honte son petit chenapan qui se laisse emporter par un bel engagement, mais le sert par à coup de noms d'oiseaux.

    Bien sûr l'auteur ne se laisse pas aller à la simplicité des insultes... mais franchement, il n'en est pas plus subtil dans son exhortation à conspuer l'un et admirer l'autre. Le fond du propos se veut convaincant ; il est lourd. La forme se veut démonstrative ; elle est lourde. Voilà que je me mettrais presque à me résigner à ses procédés et à adopter la bonne grosse répétition pour que l'idiot lecteur ne s'y perde pas... "Eli, eli, lema sabachthani"

    Pour vous épargner la lecture voici statistiquement ce qui devrait figurer en bonne place dans le résumé, à propos de Calvin : "il ne tolérerait qu'une volonté à Genève : la sienne", "lui qui était humaniste avec ses proches, il ne reculait devant aucun moyen quand il s'agissait de sa doctrine", déclinés de mille façons (allez-y, lisez deux pages au hasard, puis deux autres...).
    Castellion lui, est héroïque, droit, seul et isolé, préférant la vérité à la gloire. Un rôdeur, mais comme aucun livre de fantasy n'en fit de plus caricatural. Pas moyen de lui trouver un peu de profondeur, de lever le manichéisme creux qui rend inutile chaque page une fois que le principe du méchant et du gentil ont été saisis.

    A coups de questions oratoires, "Comment ne pas trembler en lisant ces mots qu'il lui adressât ?" Zweig nous propose de nous émouvoir devant un drame qu'il transforme en farce grotesque dont il s'émeut seul, avec force sanglots et hyperboles, trop occupé à espérer pigeonner le lecteur dans la louable intention que les enjeux de la situation ne lui échappent pas.

    D'accord Stefanounet, la liberté de conscience c'est important, la dictature c'est dangereux, et les dictateurs fanatiques sont des dangers level 30. Pour des lecteurs de notre époque avec Bonus XP question guerres idéologiques, tu crois pas qu'on a déjà bien compris qu'il fallait donc éviter non d'afficher nos idées, mais de les avoir ?

    Rien ne manque au bouquin. Pas même le pti postface de Sylvain REINER qui nous refait le coup du suicide de Zweig, et vas-y que je te mets le témoignage d'un ami, ses lettres à Thomas Mann. On invoque aussi Freud, Aragon, (allez, pourquoi pas, j'ai écrit une post-face maman c'est la gloire, je suis un intello) pour expliquer, que mal dans sa peau, notre héros ne réussissait pas à avoir son propre combat alors que le monde contemporain le requérait, parce qu'il ne voulait le voir réduit à une "affaire juive". Soit, dès l'intro il était expliqué que Castellion était celui que Zweig aurait voulu être.
    Et notre post-farceur de rajouter que Zweig était insatisfait de Conscience contre violence, pourtant "un chef d??uvre de plus dans la liste de ses ouvrages"... Mais pourquoi diable ne lui avez-vous pas laissé le loisir de le brûler, l'auteur n'est-il pas le plus à même de savoir ce qui mérite d'être publié en son nom ? Au moins cette réticence me réconcilie-t-elle avec la lucidité de Zweig.

    Voilà, je ferme le livre frustrée, courroucée, peu encline à me dire "allez, relis les paragraphes sur lesquels ton ?il a glissé rapidement, t'as forcément raté quelque chose". J'aime beaucoup Zweig, romancier, auteur de pièces de théâtre, ET de biographies. Mais il semble avoir renoncé à son impartialité tendre et pointue pour finalement choisir un camp, et rabâcher au lieu d'analyser. Dans un dithyrambe à la liberté de conscience, c'est bien peu de confiance qu'il accorde à ses lecteurs dans leur capacité à le rejoindre sur cette impérieuse nécessité.

    Alors oui, sa vie, son époque, peuvent me faire pardonner ce livre, mais pas davantage l'aimer.

    Et il me vient l'envie de citer maintenant Kierkegaard, pour "me rincer l'oeil" :
    "Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter." La confusion est rapide, et vouloir nous imposer une de ces libertés s'avère bien dérisoire...



    Et puis évidemment, La Zone du Dehors, de Damasio, sous la pression et le chantage certes, qui est d'autant plus intéressant qu'il ne fait qu'ouvrir le débat...

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Allez zou, je lance ce brouillon insatisfaisant (et insatisfait, féminin quoi) ne serait-ce que pour avoir d'autres avis (même si j'ai pas eu le droit de publier les "débats" miam précédant)... en espérant ne pas décourager trop de bonnes volontés à la lecture.

    Alain DAMASIO, La Zone du Dehors

    C'est une lecture choisie, et pas une rencontre hasardeuse cette fois. Trop tôt ou trop tard pour investir son contexte !

    LZD est beaucoup de choses, alors pour le plaisir de la subversion, organisons ce chaos (sic) !

    --> Un manifeste.
    Dans le postface de la première édition, l'auteur définit son but : "comment et pourquoi se rebeller". Vaste programme pour 650 pages et un format poche ! Alors, même si je sais qu'un style lyrique ou emphatique rend plus lisible une chronique, vous voilà exposés à lire mes sempiternels ergotements (mais chacun est libre ! vous trouverez tout en bas de la présentation un paragraphe plus lisible). Parce que à ce sujet, me vla bien mitigée, force m'est de l'avouer malgré ma bonne volonté sous influence.

    Pour plagier on pourra rétorquer que se rebeller c'est bêler deux fois. Alors pour ce qui est du comment, oui. Joli manuel de combat. Harangue efficace des troupes, stratégies de management de projet dynamique, sur plus d'un an de travaux pratiques. Mais est-ce vraiment l'esprit ? Se centrer sur quelques personnages "leaders" constitue un piège infaillible pour décrire une action que l'on veut librement collective. Quand la différence entre puissance et pouvoir devient distinction entre pouvoir et autorité. Quand le charisme devient légitimité, qu'une liberté balise celle des autres.
    Quand au pourquoi. Commençons aussi par les déceptions. On saisit avec virulence les tenants de la révolte individuelle. Les racines de la volonté de changement, la force vitale que Damasio cherche à exprimer. Ca oui, on y reviendra. Mais pour quoi ? Si l'idée semble forte, on appréhende peu à peu qu'elle ne se suffise que dans la rébellion justement. Le monde à combattre est bien plus construit, plus convaincant et dépaysant que l'ébauche de monde à construire. Voulu peut-être. Mais l'utopie finale (censée se déployer sur une année, soit au moins autant que les péripéties précédentes) ne séduit pas, est brouillonne et finalement ne donne plus rien à penser, rêver , développer et réinventer.  Au-delà de ses écueils mis en exergue par l'auteur même (un prix de la liberté certes à admettre, mais ressemblant ici à une cacophonie caricaturale de déviance), certains aspects évitent soigneusement d'être pensés, ce qui est décevant, mais fait de ce système un idéal malsain et ingénu. C'est qu'un roman hein ! la question méritait au moins d'être posée, mais l'ambition du manuel de politique défaille du coup.
    La volte devient un succédané de révolte, se construisant davantage contre que pour... Et s'achever sur un retour à la confrontation sonne moins sur un final que sur un piétinement, il n'y a pas d'explosion vigoureuse de l'être absolu, juste des frictions dont l?acmé n'est que celle de l'arrivée des effets spéciaux au cinéma, qui permettent de mettre flammes et rougeoiements dans la guérilla.
    A l'opposé, le glissement de la coercition au contrôle (pas du tout science-fictif) et le théorème du carcéroviscéral sont très stimulants, avec des degrés de lecture variés (à la faveur de l'imbrication des points de vue et des nuances de celui de Capt). Je n'ai pu que recommandé ce livre à un ami qui passait des concours et me demandaient des références pour mettre en perspective la démocratie. Y a pas à dire, Damasio en face de Tocqueville  ça claque !

    --> Un concept
    J'ai donc plus envie d'aller faire des roulades toute seule dans un buisson d'épines que d'un salto collectif dans l'ombre de Damasio (quoi, le personnage s'appelle Capt ? zut je me suis fourvoyée, les dehors de l'auteur prennent une ampleur frappante).
    Et pourtant, pourtant (je n'aiimeuh que toi), je ne peux qu'adhérer au concept. J'avais peur de m'engluer dans un angélisme bon enfant. L'homme est bon, la vie est belle. Mais non, Damasio Fait Vivre ses aspirations. Il mobilise des penseurs, des pensées, prend un plaisir évident à contraindre l'esprit à sortir de ses gonds. Il séduit, fascine, joue avec les désirs, l'envie, en mettant tant des siens et en ouvrant l'espace de tous. La vigueur de l'instinct qui fulgure ce livre. L'appétit de sensualité (avec tous les sens que ce terme recouvre toujours pour moi : la mobilisation de tous les sens, pas seulement dans un sens d'excitation sexuelle) qui gorge la réalité des personnages.
    Je n'ai pas trouvé le livre complexe ou percutant comme d'autres lecteurs. Peut-être que ces thèmes étant déjà pour moi des obsessions sont trop familières, et sans doutes mes déceptions et critiques partent également de là. Il reste salvateur, une ode à cet être indissoluble trop souvent contraint, une quête des Dehors, même s'il faut éviter de croire que ceux de l'auteur sont nécessairement les nôtres... Je ne sais pas dire ce dont je lui suis redevable pour la vigueur du cri.

    --> Un roman
    Une histoire relativement entraînante, même si elle sert globalement de prétexte au manifeste et au concept. Dès lors elle offre peu de surprises. Les personnages sont intéressants, voire vivifiants. Mais Damasio se concentre sur lui (pardon :Capt), et du coup, en refusant de le perdre -puisqu'il incarne l'homme du dehors- l'histoire s'essoufle à lui courir après au lieu d'en profiter pour donner à d'autres personnages la dimension grandiose qu'ils appellent. Un peu frustrée, y en a dont j'aurais volontiers accompagné les -galipettes- voltes. L'individualité de la lutte, la liberté de l'être, auraient pu s'exprimer sans se minimiser à l'aune d'une aura supérieure. Et du coup, je ne peux m'empêcher de remarquer (à desseins -huhu-) que le rôle de La femme est un personnage secondaire au sens propre(Bdcht - cqfd -omg wtf ?). Il y en a une, c'est la copine, la muse, l'icône, mais juste une femme quoi, même si à la grâce du concept elle devient elle aussi l'incarnation d'un fantasme parfait, sensible, sensuel, intelligent, elle n'est pas acteur à proprement parlé. Je saluerais néanmoins la cohérence et l'humilité de la romance dans cet ouvrage. La liberté de n'en pas faire un absolu pour une fois, mais la légèreté de rencontres, qui pour distinctes en densité et valeur n'en sont pas moins légitimes et éloquents témoins de la victoire de la vitalité et de la spontanéité sur le consensus [mode manifeste OFF].

    Question écriture... c'est d'une inventivité, d'une liberté encore, d'une pétulance dense, véhémente. S'y superposent de malicieuses références en tous genres, des citations ostentatoires foisonnant dans la richesse des raisonnements, aux allusions discrètes qui relèvent d'un plaisir de l'écriture communicatif ! Le vocabulaire, la syntaxe, font sens. Et bien sûr, la force de certaines phrases, aiguisées, lucides, axiomatiques, des citations à garder à garder devant les yeux pour projeter leur acuité sur le monde.
    Un roman de SF qui ne sacrifie ni à la qualité esthétique ni à la distraction, ni à l'admiration intellectuelle et littéraire.

    --> Paragraphe presque lisible pour fainéants ou perspicaces <--
    En bref : j'ai beaucoup aimé, si si ! Une qualité d'écriture rare et jouissive, des personnages intéressants, même si seul le personnage principal a suffisamment de place pour nous questionner comme toute psychologie le devrait, un manifeste séduisant et un concept salvateur. LZD cherche encore trop à éveiller pour ne pas rester dans la pédagogie, et du coup passe à côté de ce qui devrait être sa force libertaire, d'autant qu'il ne parvient pas à édifier sur ses analyses acérées et sa colère envoûtante et passe donc, à mon humble avis, à côté de la claque qu'il devrait être pour respecter l'énoncé proposé.




    Beaucoup de lectures en ce moment, mais Balzac veut encore m'acoquiner... Toujours preneuses de conseils de lectures (ou ciné, ou autre), de références, ou d'observations d'ailleurs. Pas exigeante, non non non.

    Dernière modification par Clamence (09 Octobre 2012 21:05:32)

  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #4 09 Octobre 2012 20:55:50

    Huhu, le temps de me poser chez moi et je peux revenir sur ma jubilation puérile ! Fin de mon petit balzacounet

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Philosophie de la vie conjugale

    Besoin de me laver les yeux de Zweig, de retourner doucement vers le classique... Je fais le pari de revenir vers un de mes amours, et peut-être encore une de mes obsessions ! Lecture commencée et finie "tard", une chatte hurlant ses désirs contre mes pieds (non non, sans métaphore).
    Le soulagement de la forme novelistique. Et l'appréhension d'un roman d'une densité fade, face à celle si vive du quotidien :p

    Dès les premières lignes, je me sais happée. De l'humour acide et... la mer. Si bête. Zweig aurait pu y penser ! Le goût toujours de ce fin observateur d'une vague de petites choses et de petites gens. L'anthropie salée et sans ambages (tiens,pourquoi ce mot est-il diable au pluriel ?) qui lèchent les écueils abrupts de mille gouttelettes saisissantes. Brisons là !

    Une écriture moderne et vive pour cet habitué des romans à épisodes ronflant que forcent les parutions dans les journaux. Je suis heureuse de retrouver sa complicité badine et archaïque, je me marre devant des allusions que je ne peux saisir, ou... pas encore ! Cher cher Balzac.

    Qui nous convinct mieux s'il le fallait d'écraser tout taon conjugal qui bourdonnerait près de nos croupes, ou qui au contraire en souligne le gratouillement désagréable, comme un adepte des jeux qui sait ce qu'il y perd mais s'en est déjà trop épris. Ou se complaît dans l'habitude.

    Une mysoginie de bon goût, qui tâcle l'homme avec un manque de subtilité joyeux, dans une caricature réciproque fort efficace ! Une méthodologie aussi bancale et ludique que je les aime (des axiomes dogmatiques), un effort de catégorisation burlesque mais convaincant... Cher cher Balzac !

    Comment ça je passe à Balzac bien plus que je n'avais à reprocher à Zweig ? Quel inexistant lecteur de cette philosophie aurait pourtant de quoi s'en plaindre ou me contredire ? Mais si l'un me dépitait par ses artifices, l'autre a la profondeur de la vanité. On veut être frivole mondaine, se laisser "manipuler" ingénument jusqu'à en sucer des écrevisses (ah, c'est de lui !). Balzac s'amuse, il passe de l'essai au vaudeville, jouant avec les formes sans accepter quelque contrainte que ce soit.

    Il met en lumière avec verve les petites médiocrités, les mille mesquineries, les duperies et les manipulations de la "vie conjugale" dans une caricature aussi assumée qu'acérée, ou ne prime finalement que l'auto-dérision, sans permettre de parti pris satisfaisant. Le final théâtral est éloquent... Cher cher Balzac !

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #5 10 Octobre 2012 11:44:43

    Clamence a écrit

    Et puis évidemment, La Zone du Dehors, de Damasio, sous la pression et le chantage certes


    Euuuh je dois le prendre pour moi ça ? Non mais même pas vrai ! :euhnon:
    J'ai été le premier surpris quand tu m'as dis que tu l'avais acheté (limite je ne me rappelais même plus t'en avoir parlé un peu... :chut:) !
    Et puis si l'on pouvait te dresser ça se saurait... :grimaces:

  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #6 10 Octobre 2012 13:59:50

    J'ai pris quelques cours sur l'ART D'ETRE VICTIME dans mon petit bouquin :P
    En passant, la version complète des Petites misères de la vie conjugale se trouvent en ebook gratuit ici.

    Je vais pouvoir poursuivre mon apprentissage en prévision de passionnants ménages (avis à Elinor, lecture incontournable) !

    Et en même temps je t'encourage à y jeter un oeil, parce que MOI j'ai le souci de permettre des LC sans OBLIGER l'autre à de douloureux investissements...
  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #7 11 Octobre 2012 22:31:03

    Je suis légèrement chamboulée... Est-ce que quelqu'un à un avis sur cet arrêt ?

    Je sais, c'est une lecture un peu particulière que je propose...
  • June - Histoire de plumes

    Gastronome littéraire

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    #8 12 Octobre 2012 14:56:38

    Je trouve que l'intime conviction des juges est foireuse, et l'interpretation de l'art 122-4 particulièrement avantageusr. reste qu'il a mis une paire de claque a un gamin impertinent qui voulait ramasser son ballon. Bref je suis pas d'accord avec l'idée de légitimer une telle "correction" pour "irrespect" à l'autorité ...

    Complètement navrant.

    Si le maire avait été prof il aurait été viré je pense !
  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #9 22 Octobre 2012 13:19:46

    Personnellement d'accord avec June, mais les avis que j'ai reçus étaient très mitigés... Pour moi c'est une jurisprudence dangereuse, j'aurais préféré qu'on tranche avec un "De minima non curat praetor." (soit : le juge se fout de ces broutilles, mais ça fait mieux en latin) plutôt que soit légitimé son geste (et effectivement, pour lui mais pour qui d'autre ? J'ai le droit de gifler tout jeune qui me tutoie demain ?).

    Pour ce qui est des lectures...
    Lus les deux premiers tomes de Millenium. Je ne sais pas si j'aime, je ne sais pas si ça me semble digne d'intérêt... mais je les ai engloutis. A en négliger de faire les choses importantes que j'avais à faire. Mais c'est peut-être juste parce que j'avais des choses à faire que je me suis investie dans une distraction, me connaissant ^^

    Le temps de me secouer un peu la tête et on verra si j'arrive à comprendre.
  • Clamence

    Espoir de la lecture

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    #10 10 Novembre 2012 19:51:35

    Tintiiin tintintiiiintiin tintintiiin...

    Quelques actualisations avant que je ne me perde dans le dédale des livres ouverts et épaprillés sur mes bureaux et autres supports moins avouables.

    Petite période de creux, où je n'avais pas le budget de passer en librairie, où du coup les livres en ma possession étaient, par une vile et étrange coincidence, ceux que je n'avais pas envie de lire maintenant, et où je me dois de remercier un ami qui a débarqué avec une petite mallette débordante de pages surprenantes ou espérées, m'évitant toute culpabilité financière et remplissant mon vide délétère.

    J'ai pu caresser les couvertures des deux tomes des contes perdus de papa Tolkien, sentir les vapeurs d'art élimé de deux fasicules d'opéra (Cavalleira Rusticana et Faust), levé un sourcil soupçonneux devant un livre de sagesse toltèque et enfin, commencer la lecture de LHC (mais si, vous savez de quoi je parle, si vous êtes là). Donc merci, ne serait-ce que de m'avoir engueulé pour m'obliger à me poser et me rappeler que le temps comme l'argent peuvent se consacrer à ce qu'on aime et pas seulement ce que l'on doit.

    De même, le plus fort c'est mon père, et celui-ci m'a prêté graine de crapule de Fernand DELIGNY. Bon, interprétez-le comme vous voulez, mais pour me le prêter il a précisé qu'il retenait en otage tous les bouquins et films que j'ai pu lui prêter, tant qu'il n'aurait pas retrouvé celui-là. Ahlala, ce monde pâtit d'un cruel manque de confiance...

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Cela dit, j'ai été tellement emballée par ce petit torchon vieilli de 76 pages que je compte bien le lui chiper quand même ! D'accord, j'ai filé commandé les oeuvres complètes, mais bon, cette édition est plus vivante, avec ses gribouillis de l'auteur qui évoquent un petit prince ayant perdu sa douceur, ses couleurs, pour zoner en fumant des joints dans une ville sans reliefs.

    Et je ferai une critique un peu plus tard...



    Je reprends aussi le Trône de Fer, quatrième tome de l'intégrale, et dont je ménage le suspense en me passionnant notamment pour le jeu de carte, après avoir suivi la série et investi dans le jeu de plateau... Pôvre de moi.

    Ah, et dans les achats de la journée (quel c****e de rentrer dans une librairie !) :  trois livres d'histoire contemporaine (j'ai pas pu m'empêcher, je le jure, je ne le referai plus), Saules aveugles, femme endormie de Murakami, Dans la peau d'un maton d'Arthur FRAYER. Fidèle à mon envie du moment, j'ai également acquis deux des ouvrages de la dernière ère de Henry BAUCHAU (cf. ci-dessus) : Le boulevard périphérique et Déluge.
    Soit dit en passant, je cherchais un bouquin absolument autre, et sa mise en rayon m'a fait bifurquer ailleurs, je ne l'ai même pas pris...

    Bon, faut que j'aille ranger mes livres (quoi, après une telle journée, vous pensez pas non plus que j'ai le courage de lire !) ^^

    Dernière modification par Clamence (10 Novembre 2012 19:52:11)