Ayant étudié cette oeuvre pendant quasiment trois ans, avec une prof de littérature génialissime,
Les Liaisons Dangereuses sont pour moi, non seulement un classique, mais également et très certainement mon roman favori. Ce, pour des multiples raisons, qui, je l’espère, décideront certain(e)s à se lancer dans la lecture ! (A supposer qu’ils arrivent déjà à finir le pâté très objectif *Ironie* que je vais faire...*Toussote*)
Une œuvre épistolaire.Vous rêviez de lire des lettres enflammées (bon comme mauvais sens du terme) ? Et bien vous voilà servis ! Avec un style d’écriture élégant et profond (BREF. Raffiné quoi ! Bande de gueux !) qui illustrent parfaitement toute la finesse du XVIIIème siècle (#siècledesLumièresquicritiquetoutYOLO). De plus, l’avantage de ce genre de roman, c’est qu’il fait interagir plusieurs personnages et ainsi, nous découvrons plusieurs points de vue...
Reflet de la société de l’époque.Plusieurs points de vue donc, ancré dans le siècle des Lumières (#thuglifeversion18ème), qui mettent en exergue la condition des femmes de l’époque :
- la Marquise de Merteuil : représente la femme indépendante, cultivée, livertine (en secret), qui se veut l’égal des hommes (voire même supérieure aux hommes), mais qui est emprisonnée par sa condition de femme des années 17....
- Madame de Tourvel : représente les jeunes femmes mariées, vertueuses, qui pourtant sont tiraillées entre leur raison (conscience de leur statut dans la société vis-à-vis des hommes) et les sentiments qu’elles éprouvent (désir d’aventures, d’amour passionné et intense).
- Cécile de Volange : représente la jeune fille tout juste sortie du couvent bonne à mariée et ignorante.
- Madame de Volange : représente les mamans mères-poule et ex-ignorante.
- Madame de Rosemonde : dame âgée, pleine de sagesse, mais résignée quant à la situation des femmes vis-à-vis des hommes.
En gros ; un beau panel représentatif ponctué par deux types de gugus :
- le Vicomte de Valmont : libertin, calculateur et joueur - un digne représentant du mâle de l’époque, quoi qu’un peu plus élégant tout de même.
Et
- le Chevalier Danceny : jeune premier, romantique, rêveur mais ennuyeux.
Des personnages intéressants - des relations psychologiquement fascinantes !Evidemment, si tous les personnages sont intéressants, le véritable plaisir (intellectuel surtout) est offert par les deux protagonistes : la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont.
Si l’on devait décrire la relation alléchante entre ses deux personnages, de manière métaphorique - en partant du principe que tout le monde connait l’intrigue - c’est comme si vous regardiez une partie d’échec entre deux joueurs professionnels avec une tension sexuelle écrasante dans l’air !
La Marquise de Merteuil se distingue des autres femmes de par son aptitude à feindre les sentiments et la bienséance alors qu’en réalité elle est l’alter-égo de Valmont, qui lui, puisqu’il est un homme, peut se permettre moult aventure en plein jour. Tout l’attrait et l’attirance que l’on peut éprouver pour cette femme machiavélique (très perverse) réside dans le fait que c’est une femme autodidacte, qui s’est endurcie grâce à une éducation finement élaborée par ses propres soins, mais qui malheureusement, n’est pas née dans le bon siècle. Siècle qui va d’ailleurs la rattraper et qui va lui apposer le stampfel « FATALITE » comme sur toutes les héroïnes prisonnières de la dure réalité...quel que soit leur caractère. Cruels auteurs !!!
Note : à titre indicatif, j’aime à penser que si Merteuil avait rencontré Emma Bovary, elle lui aurait foutu un coup de savate dans la tronche ! *Jubilation*
Le Vicomte de Valmont, quant à lui, est intéressant grâce à son évolution : sa lutte entre ce qu’il était - ou ce qu’il croit être - (amant de la Marquise, joueur et volage) et ce qu’il est devenu en voulant séduire Madame de Tourvel (un homme sincèrement amoureux). Un repenti grâce à la perversion d’une femme vertueuse (Ô paradoxe <3).
Madame de Tourvel, elle, est attrayante grâce à ce dilemme dont les femmes sont spécialistes, et ce, de tout temps (oui oui, encore maintenant), doit-elle suivre sa raison ou son cœur ? D’autant qu’elle représente également l’aspect spirituel que l’on pourrait remplacer par nos principes et valeurs actuels (ah bon ? On en a encore aujourd’hui ? J’croyais qu’le monde partait en sucette....). Sa « déchéance » est très forte de manière symbolique puisqu’elle cède sur quelque chose qui était censé transcender l’amour. Mais finalement, l’amour est le plus puissant.
Passons à Cécile de Volange ! Vierge - mais pas longtemps -, on aurait pu lui tatouer « Pimbêche mention Facepalm » sur le front tellement elle est...ignorante, ultra naïve, et déplaisante, mais représentante d’une majorité de jeunes filles de l’époque. C’est le seul intérêt de ce personnage. Sa stupidité et « l’éducation » offerte par Madame de Merteuil et le Vicomte de Valmont, qui au final n’arrange rien, preuve que c’est bien le caractère qui permet de tirer profit ou non de son apprentissage...ahem...
Et une pimbêche n’étant jamais seule....le Chevalier Danceny l’accompagne ! Puceau (pas pour longtemps non plus), c’est un personnage typiquement incrédule et romantique, qui sera un des éléments du dénouement. Mais qui n’en reste pas moins tout aussi stupide que Cécile. En même temps, quand on a deux personnages très futfut au premier plan, difficile de rivaliser me direz-vous....je sais, je sais...m’enfin...
#Feuxdel’amourduXVIIIème alors ?Oui et non ! C’est ça qui est super ! Il y a cette sorte d’addiction due à l’enchevêtrement des manigances perpétrées par Mermer et Valval mais il est indéniable que vous êtes plongé dans un grand classique de la littérature française ! YEAH ! IT’S MAGIC !
Et si j’hésite encore ?Un extrait (very very very gros) pour essayer de vous convaincre une dernière fois ?
Lettre IV
Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil
Vos ordres sont charmants ; votre façon de les donner est plus aimable encore ; vous feriez chérir le despotisme. Ce n’est pas la première fois, comme vous le savez, que je regrette de ne plus être votre esclave ; et tout monstre que vous dites que je suis, je ne me rappelle jamais sans plaisir le temps où vous m’honoriez de noms plus doux. Souvent même je désire de les mériter de nouveau, et de finir par donner, avec vous, une leçon de constance au monde. Mais de plus grands intérêts nous appellent ; conquérir est notre destin ; [...]
Dépositaire de tous les secrets de mon cœur, je vais vous confier le plus grand projet que j’aie jamais formé. Que me proposez-vous ? de séduire une jeune fille qui n’a rien vu ; ne connait rien ; qui, pour ainsi dire, me serait livrée sans défense ; qu’un premier hommage ne manquera pas d’enivrer et que la curiosité mènera peut-être plus vite que l’amour. Vingt autres peuvent y réussir comme moi. [...]
Vous connaissez la Présidente de Tourvel, sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères. Voilà ce que j’attaque ; voilà l’ennemi digne de moi ; voilà le but que je prétends atteindre. [...]
Me voilà donc, depuis quatre jours, livré à une passion forte. Vous savez si je désire vivement, si je dévore les obstacles : mais ce que vous ignorez, c’est combien la solitude ajoute à l’ardeur du désir. Je n’ai plus qu’une idée ; j’y pense le jour, et j’y rêve la nuit. J’ai bien besoin d’avoir cette femme, pour me sauver du ridicule d’en être amoureux : car où ne mène pas un désir contrarié ? [...] Que nous sommes heureux que les femmes se défendent si mal ! nous ne serions auprès d’elles que de timides esclaves. J’ai dans ce moment un sentiment de reconnaissance pour les femmes faciles, qui m’amène naturellement à vos pieds. Je m’y prosterne pour obtenir mon pardon, et j’y finis cette trop longue lettre. Adieu, ma très belle amie : sans rancune.
Et sinon en supplément :
(Film) Les Liaisons Dangereuses de Stephen Frears (1988) - avec Glenn Close (la Marquise de Merteuil), John Malkovitch (le Vicomte de Valmont), Michelle Pfeiffer (Madame de Tourvel), Uma Thurman (Cécile de Volange) et Keanu Reeves (le Chevalier Danceny).
(Film) Sexe Intentions de Roger Kumble (1999) - avec Sarah Michelle Gellard (Kathryn Merteuil), Ryan Phillippe (Sebastian Valmont), Reese Witherspoon (Anette Hargrove) et Selma Blair (Cécile Caldwell).
(Roman) Connexions Dangereuses de Sarah K. (2002).
En espérant avoir donné envie...
Bonne lecture à tous !