#13 18 Novembre 2019 16:41:05
<image>Il est chimérique de penser que le Japon s'est préservé de toute influence étrangère tout au long de l'ère Edo (1603-1868). Les échanges avec l'extérieur sont limités à la ville portuaire de Nagasaki dans laquelle, dès le XVIIe siècle, des marchands chinois s'y installent. Les Japonais s'intéressent aussi à la science occidentale, à travers le Rangaku, terme qui désigne la science hollandaise, puisque les marchands néerlandais sont les seuls Européens à pouvoir résider dans la ville de Nagasaki.
Au XVIIIe siècle, avec leur poussée en extrême-orient, les Russes tentent de rentrer en contact à deux reprises avec les Japonais, ces deux tentatives se soldent par un échec, mais sont, pour les Japonais, un choc majeur. Le pays cherche alors à développer sa science géographique pour faire face à l'avidité colonisatrice des Russes, en particulier sur les îles Kouriles et les îles Sakhalines.
Le livre d'Elizabeth de Touchet s'intéresse à la période charnière de la seconde moitié du XIXe siècle japonais. Le Shogun, en 1635, avait limité sa flotte navale, réduite seulement à quelques navires. Le gouvernement s'empresse, dès son ouverture au monde, en 1854, à chercher une aide étrangère afin de rattraper son retard en science navale. La France est ravagée par une maladie qui annihile sa sériciculture. Le pays cherche un fournisseur étranger pour relancer sa production. Les deux pays vont lancer une politique d'entente afin d'échanger leurs biens dont ils ont mutuellement besoin. C'est pourquoi la France va établir le premier arsenal du Japon à Yokosuka, en 1865. L'arsenal est dirigé par Léonce Verny, jeune polytechnicien ambitieux, mais cette aventure est vite terminée, puisque le jeune gouvernement impérial destitue le Shogun (suite à la guerre civile de 1868), il voit, dorénavant, d'un mauvais œil la France, ancienne alliée du Shogun. Petit à petit, l'autorité nippone va "nationaliser" l'arsenal pour en faire une institution 100% japonaise.
Je ne sais pas trop quoi penser de l'ouvrage d'Elizabeth de Touchet. D'un côté, il répond avec une extrême précision aux problématique apposées au début du texte, mais d'un autre, on se perd et on s'ennuie profondément dans ces suites d'études microstructurales sur l'arsenal (fournitures, salaires, évolution de carrière etc). J'imagine qu'il faut en passer par la pour comprendre en profondeur la rapidité de la modernisation du Japon.
Dernière modification par Zorba (23 Novembre 2019 17:34:41)