#173 16 Août 2023 18:44:13
@ brijou : alors n'hésite pas à te lancer et revenir nous en dire davantage :D
En pleine LC sur L'Œuvre que j'ai donc terminé il y a 2 semaines, voici mon avis :
Vu le côté plutôt déprimant et sinistre de ce roman, il est difficile de dire que j’ai aimé ce roman mais j’en ai apprécié plusieurs aspects.
D’abord les magnifiques descriptions de Paris sont très colorées et picturales, ce qui semble logique car à plus d’un moment on le voit avec l’œil de Claude le peintre ; mais aussi en suivant ces longues promenades qui permettent littéralement de visiter les quartiers de l’époque.
Pour que cela rende aussi bien, il faut compter évidemment sur l’écriture de Zola que j’ai trouvé particulièrement travaillée dans cet opus notamment au niveau du rythme des phrases.
Enfin et c’est certainement LE point fort de ce livre j’ai vraiment aimé toutes les réflexions autour de l’art, de la création, de la reconnaissance de l’artiste et des passages obligés comme le Salon [le hasard a voulu qu’au moment de ma lecture, je croise, au cours d’une visite de musée, des tableaux réalistes - certains que j’ai beaucoup aimé - qui avaient été accepté justement au Salon et d’un seul coup, ceux dépeints par Zola semblaient totalement étranges. Une expérience vraiment intéressante] mais aussi des relations avec le public et tout ce qui touche au marché de l’art (qui commence à se mettre en place avec un côté très artificiel).
Tout cela est montré à travers un groupe d’amis dont fait partie Claude Lantier le peintre et Sandoz l’écrivain dans lesquels les commentateurs s’accordent à voir les figures de Zola lui-même et de Cézanne qu’il connaissait depuis l’enfance. Cependant, Claude est un personnage de fiction, héritier de la tare des Rougon qui l’amène à être obsessionnel à la limite d’une certaine folie. De plus, il évoque aussi l’idée de l’artiste génial mais maudit, chère au romantisme mais finalement très peu réaliste et qui, ici, le rend plutôt antipathique. Dans le même ordre d’idée, Christine, amante, modèle puis épouse, ne semble être là que pour démontrer que l’amour et la vie de famille sont incompatibles avec le génie et la création ; ce qui renforce le côté inéluctable de l’intrigue.
Cette intrigue au demeurant est peu intéressante et si au début, on prend plaisir à suivre le parcours et les échanges enthousiastes du petit groupe, rapidement un malaise s’installe. Et plus leurs chemins divergent, plus l’histoire se délite et le côté sombre prend le dessus. Heureusement - et retour au début - il y a tout le reste (Paris, l’art, l’écriture…).
Un dernier point plutôt en aparté sur la musique : alors que Zola semble défendre les peintres d’avant-garde, les compositeurs cités par dans le roman sont tous de grands romantiques déjà reconnus et donc plutôt en décalage par rapport au reste du discours (d’ailleurs à chaque fois, ça arrive comme un cheveu sur la soupe). De là à penser que l’auteur n’aime pas vraiment la musique même celle de son temps ?…
