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Après plusieurs recommandations, je me suis décidée à lire ce roman jeunesse, et je ne suis pas déçue de cette belle découverte. Effectivement, ce n’est pas une lecture comme les autres, et j’ai été surprise par la construction de cette œuvre, puisque c’est un roman en vers, ceux-ci sont libres et ne déforment aucunement l’histoire en elle-même. Au contraire, cette façon d’aborder le récit permet d’être plus spontané avec les actions, les pensées et les sentiments. Toutefois, ce type de livre manque de profondeur à mon goût, je n’ai pas ressenti les émotions tant attendues. On rencontre deux jumelles siamoises, deux sœurs qui sont attachées l’une à l’autre, et elles ont un lien très spécial, difficile à expliquer ou à imaginer. Grace et Tippi, deux adolescentes inséparables vont devoir rentrer au lycée pour la première fois, les parents ne peuvent plus payer de tuteur pour qu’elles puissent faire l’école à la maison ; elles n’ont pas le choix et doivent s’armer pour vaincre le regard des autres. On est seulement dans la tête de Grace, et cette jeune fille tout comme sa sœur, veulent en découvrir plus sur la vie, elles désirent se fondre dans la masse et faire comme les adolescentes de leur âge : avoir des amis, faire la fête, avoir un petit copain et vivre tant qu’elles le peuvent encore. Ce n’est pas un récit triste, je pensais me lancer dans une œuvre dramatique et bouleversante, mais c’est loin d’être le cas, en vérité, c’est tout doux, tout en simplicité et il n’y a aucun faux-semblant, aucune fausses notes, juste une grande sincérité. Avec ce livre on se laisse porter, au fil des mots, des lignes et des pages, les chapitres sont courts, comme des poèmes, ils font 1 à 2 pages, et l’histoire dans son ensemble l’est aussi, de plus, cela se déchiffre très facilement – on peux mettre ce roman entre les mains de tout le monde, enfant, adolescent et adulte. Par contre, je ne sais pas vraiment qui se cache derrière l’écriture, si c’est l’auteure elle-même ; Sarah Crossan ou la traductrice ; Clémentine Beauvais, dans tous les cas, j’ai bien aimé le style. Ce dernier est rythmé, on y retrouve vraiment une musicalité en dépit d’une histoire travaillée en vers ; honnêtement, je ne songe pas du tout à une autre façon d’aborder ce récit – dans une littérature simple, comme la plupart des romans, le charme n’aurait pas opéré aussi facilement.
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Finalement, le style jeunesse me correspond de moins en moins, je le remarque après cette lecture même si je l’ai bien aimé. C’est doux et rafraichissant, en dépit d’un manque certain d’approfondissement. Grace et Tippi ne sont pas de simple jumelle, elles doivent vivre accrochées l’une à l’autre, ce sont des sœurs siamoises, et depuis leur plus jeune âge les rendez-vous médicaux pour surveiller leur état est incessant. Cette histoire raconte surtout cette rentrée exceptionnelle au lycée pour elles, jusque-là, elles faisaient les cours à la maison ; mais les parents ont des problèmes d’argents et ne peuvent plus assumer les frais pour des tuteurs. Ce n’est pas une histoire triste, au contraire, elle est plutôt synonyme d’espoir ; la fin n’est pas celle que j’attendais donc je me suis retrouvée surprise et un peu sans mots sur le moment. Je n’ai pas ressenti beaucoup d’émotion avec ce roman, c’est clairement ce qui fait défaut à ce récit pour moi. Grace est une jeune adolescente plutôt réservée tandis que Tippi est un peu plus extravertie, elles sont différentes mais elles s’additionnent pour former un ensemble authentique. Ce qui me chagrine c’est de ne pas avoir le point de vue de Tippi, on la découvre seulement à travers les yeux de sa sœur, ne donnant pas toujours une bonne image d’elle. En dehors de ça, elles m’ont parfois fait sourire, je les ai jugé courageuses et pleines de ressources. Le style de Sarah Crossan et l’adaptation de Clémentine Beauvais est très intéressante, elles ont sûrement une plume et une façon de penser similaires pour arriver à un résultat où les mots coulent d’eux-mêmes. En effet, ce roman en vers est sincère, d’une criante franchise ; mené par une écriture net et précise, il n’y a pas de frivolité, uniquement des notes justes pour transmettre un sujet rarement abordé en littérature. Toutefois, à mon goût, c’est insuffisant, tout est tellement immédiat que j’en suis venue à me sentir lésée, les sentiments sont restés lointains et pourtant, c’est le genre d’histoire où on mérite d’éprouver des sensations diverses et bouleversantes. « Inséparables » est une bonne lecture, imparfaite et attendrissante, c’est d’une grande simplicité à lire, et je recommande cette œuvre même à ceux qui n’apprécient pas cette activité ; en comparaison d’un roman en prose, les romans en vers sont plus vifs et musicaux donc moins à même d’ennuyer un non-lecteur.