[Suivi lecture] Errant

 
  • Grominou

    Administratrice

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    #671 07 Décembre 2023 19:44:05

    Errant a écrit

    Peut-être oui, mais vraiment pour la Recherche l'histoire en soi me parait un peu secondaire. Savoir maintenant que Charlus aura éventuellement une relation orageuse avec (? Morel je crois) m'ôtera-y-il vraiment le plaisir de le lire quand je serai rendu là ?

    Par contre ces livres attirent mon attention sur des éléments que j'aurais peut-être pas perçu tellement c'est dense et cette lecture requiert de la concentration. De plus ces livres parlent beaucoup de l'époque, de la vie de Proust, de ses relations, donc des peintres, des musiciens et autres écrivains; je trouve tout ce monde fascinant.


    Bon tu connais mon aversion pour les divulgâcheurs, d'où ma question...  Mais aussi, j'avais trouvé qu'un certain suspense sur ce qui allait arriver aux personnages m'aidait à traverser certaines longueurs.  Et je trouve que Proust est maître pour nous titiller avec des petites phrases qui annoncent les événements futurs sans donner d'explication!:lol:



    La Bête humaine est un de mes Zola préférés.  Je l'ai vu un peu comme un précurseur du roman noir.

    Je ne connaissais pas du tout Douze Arpents, je le note, d'autant plus que Lanaudière est une région que j'aime beaucoup.

    Et j'ai lu et beaucoup aimé Les Fous de Bassan quand j'étais ado, peu de temps après sa sortie, alors que je n'avais pas accroché au Torrent, lu à l'école et beaucoup plus difficile d'accès.

    Trois bonnes lectures à la suite, dis donc!

  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #672 10 Décembre 2023 18:28:45

    La Bête humaine est pour moi le roman le plus dur de la série… même avec les mots de Zola, je le trouve difficile à lire. Mais ton avis est superbe.
  • Errant

    Bookworm

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    #673 12 Décembre 2023 16:12:33

    Le bal des Sceaux de Honoré de Balzac

    Je manque de connaissances sur l'histoire de France et son système d'aristocratie et de noblesse pour pleinement apprécier le début de cette nouvelle. Par contre comme on entre assez vite dans le vif du sujet, à savoir les mariages des fils et filles de Fontaine, cette lacune ne m'a pas empêcher d'apprécier le reste. Les alliances sont rondement menées jusqu'à la fille cadette, Émilie, une imbuvable prétentieuse qui, se croyant supérieure en tout, refuse systématiquement tous les prétendants pour des raisons aussi futiles les unes que les autres. Curieusement, elle tombe en amour avec un bel inconnu qui lui rend bien ce sentiment. Par contre il garde sur son statut réel un mystère qu'aimerait bien percer la belle. Par deux fois, le prenant pour un roturier, Émilie se fâche et va même jusqu'à l'insulter, ce qui, bien évidemment , met fin à la liaison, mais pas au récit.

    Comme dans “La maison du chat-qui-pelote” et dans “Vendetta”, Balzac met en opposition la rigidité des codes et des classes sociales avec la passion amoureuse, quoique ici le narcissisme et l'ambition démesurée d'Émilie jouent un plus grand rôle dans l'échec de cette relation. Avertissement aussi au jugement hâtif, cette histoire m'a plu sans m'enthousiasmer par ailleurs. Le père, avec l'éventuel fiancé, sont des personnages attachants, sages et réservés. On ne peut certainement pas en dire autant de l'enfant gâtée qui se prend finalement à son propre jeu.


    Avril rouge de Santiago Roncagliolo

    Un substitut du procureur général tente d'exercer correctement son métier dans un département péruvien où policiers corrompus et militaires blasés contrôlent à peu près tout en souhaitant vivement être mués dans un endroit moins perdu. Il comprendra rapidement que les vraies règles du jeu ne sont pas celles qu'il croyait et devra se débattre et s'adapter pour faire progresser une enquête qui pourrait le mener à un groupe terroriste supposément exterminé ou presque.

    L'auteur nous captive par la progression de l'intrigue, tisse une toile de fond inquiétante, illustre bien la dynamique d'une société où les relents de dictature ne sont jamais très loin. Cela donne un air de nouveauté à ce polar par ailleurs bien construit, même si certains dénouements sont assez prévisibles. En somme une bonne lecture mais qui n'incite pas nécessairement à suivre cet auteur.


    Regarde les lumières mon amour de Annie Ernaux

    Faire un livre sur ses visites au centre d'achat ne semble pas évident au départ C'est pourtant ce qu'a fait ici l'autrice, avec succés selon moi. Bien sûr, on ne s'attand pas à de la grande littérature, encore que Ernaux a le chic pour les formules choc et que son écriture dépouillée est en soi remarquable; pas de fioritures inutiles, un vocabulaire précis, accessible, des constructions limpides, doit au but, et clairement en prime.

    J'ai bien aimé ses réflexions sur l'avenir des caissières, la démesure de l'offre de produits, les stratégies occultes du marketing, l'analyse des clientèles selon l'horaire de fréquentation. Quelques touches plus personnelles, rares, ajoutent un peu d'humanité à travers ces observations plus sociologiques. Le tout donne un court bouquin particulier, amusant et instructif à la fois, de quoi susciter de la curiosité envers cette autrice pour ceux et celles qui ne la fréquentaient pas déjà.


    Proust: La cathédrale du temps de Jean-Yves Tadié

    Ce petit livre s'adresse autant à la vie de Proust qu'à une très très brève synthèse de chaque tome de la Recherche. Mais ce sont surtout les documents graphiques, photos d'époque et de manuscrits, qui prennent la vedette. La dernière section de témoignages et documents présentent des extraits d'oeuvres précédent la Recherche, dont une présentation très intéressante de "Jean Santeuil” ainsi qu'une chronologie complète.

    J'ai apprécié cette lecture car elle permet de mieux saisir l'époque et le contexte dans lequel Proust a composé ces romans. L'ensemble crée une ambiance, met l'eau à la bouche, nous porte à s'emparer au plus tôt de l'œuvre. Ceux qui détestent “savoir l'histoire” à l'avance devraient s'abstenir puisque les résumés de chaque tome brûlent les punchs. Mais qui lit Proust comme un thriller? Il y en a certainement et, après tout, pourquoi pas ? Quant à moi j'en ai assez de suivre le labyrinthe des phrases, des sous-entendus à décoder, des personnages à replacer et des significations à déchiffrer !
  • Anouchka

    Dévoreur de PAL

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    #674 13 Décembre 2023 21:50:35

    J'ai lu La maison du chat qui pelote et Vendetta de Balzac, mais pas encore Le bal de Sceaux qui m'attend dans ma PAL.
    Je ne connais pas le reste de tes lectures.
    Bonne lectures!
  • Errant

    Bookworm

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    #675 14 Décembre 2023 13:58:07

    Le signe des quatre de Arthur Conan Doyle

    Ce deuxième des quatre romans portant sur Sherlock Holmes, les autres étant des recueils de nouvelles, contient tous les ingrédients qui ont fait de ce personnage une célébrité mondiale. D'abord la personnalité de Sherlock lui-même, un peu fendant, assez moqueur, avec ses réparties caustiques et ses raisonnements éblouissants. Watson, parfait dans son rôle de faire-valoir, qui se permet même ici de tomber en amour avec la belle en détresse de service. Le mystère, à première vue insoluble, qui s'écroule sous les raisonnements et analyses e l'homme à la casquette. Et, en prime, un voyage dans l'histoire de l'Inde coloniale pour recoller tos les morceaux du casse-tête.

    L'homme à la pipe a donné lieu à tellement de déclinaisons, autant à l'écrit qu'au cinéma ou à la télévision, qu'il est bon de revenir à source, ne serait-ce que pour mieux apprécier les variations. J'ai aimé la froide logique du détective, les états d'âme du docteur et les tribulations indiennes qui ont tout déclenché. Doyle a a su créer un personnage mythique; hommage.



    Petites histoires avec un chat dedans de Véronique Papineau

    La nouvelle est un genre exigeant. Accrocher le lecteur tôt, condenser le propos, imaginer une chute frappante sont autant d’impératifs. Avec cette douzaine de petites histoires, je trouve que l’autrice peut dire ' mission réussie".  Chaque nouvelle illustre très bien l’intention, le ton est juste, le récit vivant, la fin parfaitement modulée. Et, malgré la gravité des thèmes abordés, l’écriture reste légère, ne choque ni ne confronte, se borne à raconter, laisse le soin au lecteur de vivre ses émotions, ne nous les enfoncent pas dans la gorge.

    Les problèmes de santé mentale, au cœur de quelques histoires, me semblent traités à la fois avec justesse et respect; les conséquences sur les proches, la famille, et même les animaux, y sont exposées sans concessions. Les relations de couples, avec toutes les incompréhensions qu’elles peuvent comporter, les mesquineries occasionnelles, les attentes déçues, les occasions ratées, tiennent aussi une grande place dans ce recueil. Une mention spéciale sur “Letter of love” qui clôt le bouquin; quelle belle déclaration ! Au final, ce livre m’a plu, est éminemment sympathique, et bien moins innocent que le titre peut suggérer.
  • Errant

    Bookworm

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    #676 24 Décembre 2023 13:52:41

    La conjoncture des hirondelles tome 2 de Thierry Lefebvre

    Ce deuxième tome de la trilogie est difficile à commenter sans divulgâcher quoi que ce soit des différentes intrigues. Je suis resté sur mon appétit dans cet épisode, car aucune des interrogations soulevées dans le premier livre ne trouve réponse ici. Au contraire, d’autres s’ajoutent alors que certaines se complexifient. Que ce soit au niveau scientifique, interpersonnel ou politique, les questions demeurent et s’accumulent; l’auteur aura plusieurs fils à dénouer dans la finale qu’on attend avec impatience. Tout porte à croire que le voyage en bateau qui se prépare sera riche en péripéties et dénouements. L’écriture est toujours fluide, le rythme s’accélère et j’ai bien hâte de voir comment tout cela s’achèvera. Preuve que l’auteur sait y faire !



    Mademoiselle samedi soir de Heather O'Neill

    “Personnages en quête d’une vie” pourrait bien convenir comme titre à ce roman. Désœuvrés sans en être tout à fait conscients, et surtout pas coupables de l’être, constamment réfugiés dans le délire et le fantasme, ils évoluent dans la vie comme on se laisse aller dans le courant, secoués à l’occasion d’un spasme de révolte. Pourtant jamais on ne s’ennuie, tellement leurs parcours sont atypiques, ponctués d’imprévus, virevoltant au gré des humeurs ou des prises de substances diverses. On a là une faune exotique, inadaptée, à la rancœur aussi tenace que justifiée, prise dans le filet de ses limites et contradictions. Il n’y a que Nouschka qui, malgré ses errements à gauche et à droite, a un but et tient, tant bien que mal, le cap.

    J’ai adoré cette histoire où l’autrice, moins déjantée ici que dans “La vie rêvée des grille-pains”, aborde avec candeur des thèmes aussi variés que la parentalité, la cohabitation francos anglos, l’indépendance du Québec, le trauma des enfants vedettes, les motards, etc. Mais c’est surtout le personnage de Nouschka, torturée, pleine de questions pragmatiques, déterminée, audacieuse même, qui permet au lecteur d’appréhender ce monde de marginaux, d’en décoder les règles qui n’y existent peu ou pas. Définitivement une autrice que je vais suivre de très près.



    Indice des feux de Antoine Desjardins

    Les comportements humains bousculent la nature, les changements climatiques en étant le meilleur exemple. Dans ce recueil de nouvelles, l'auteur illustre quelques-unes de ces conséquences néfastes en les intégrant dans des tranches de vies qui n'y sont pas, de prime abord , reliées. Le résultat est inégal, allant de l'éblouissant au plus léger, sans toutefois ne jamais décevoir. La fusion des deux thèmes dans certaines allégories est géniale, je pense ici particulièrement à “À boire debout” et “Feu doux' alors que celle du coyote urbain m'a semblé moins évidente, bien que l'histoire en soi reste amusante.

    Mort d'homme et mort d'arbres, disparition d'oiseaux et météo chamboulée, angoisse de paternité et extinction des baleines noires, empiétement urbain et perte de nature, autant de liens, joliment emmenés, qui portent à réflexion. En soi, les récits captent l'intérêt et, en prime, sensibilisent. On est loin du pamphlet, rien d'agressif ici. Juste une prise de conscience. Comme s'il n'était pas déjà trop tard. Espérons-le . . .


    Haute démolition de Jean-Philippe Baril Guérard

    En refermant ce livre, je me suis demandé si ce milieu de l’humour québécois ressemblait vraiment à cela; j’ai bien peur que oui, en partie du moins. Car, en suivant la carrière et la vie mouvementée de quelques humoristes issus d’une cohorte de L’École nationale de l’humour, le portrait qui se dégage n’est pas flatteur : mesquinerie entre collègues, abus généralisé d’alcool et de drogues, maraudage des gérants, pas de pitié pour les perdants à cette course au podium. Plusieurs y laisseront des plumes, certains leur carrière, certains leur santé mentale. Ce roman n’a rien de réjouissant, mais le rythme trépidant, l’intérêt créé envers les personnages principaux, la découverte de ce milieu particulier et les dialogues forts en font une lecture addictive; lu en une journée.
    J’avais beaucoup aimé “Royal” du même auteur qui examinait, avec une loupe semblable, celle qui met tout à nu sans compromissions, une faculté de droit. On retrouve ici les qualités d’écriture qui façonnent un microcosme hallucinant d’authenticité. En plus, la narratrice, elle-même au cœur de l’action, écrit comme si elle prévoyait tout ce qui était pour arriver et s’adressait au protagoniste; déroutant et envoûtant à la fois. Et l’actualité qui s’invite dans les derniers milles. . . À la fin, je me suis demandé qui de Laurie ou Ralph avait finalement le destin le plus enviable. La question reste ouverte.
  • Grominou

    Administratrice

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    #677 24 Décembre 2023 21:15:03

    Beaucoup de québécois en terminant l'année?;)

    Joyeux Noël!
  • Errant

    Bookworm

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    #678 25 Décembre 2023 02:08:55

    Pourquoi pas ? Bonne période des Fêtes à toi et aux tiens ! :)
  • Grominou

    Administratrice

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    #679 25 Décembre 2023 07:33:21

    Concernant le roman Haute Démolition, j'hésite à le lire car il y a aussi le plus récent de J-C Réhel qui se déroule dans le même milieu...
  • Errant

    Bookworm

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    #680 25 Décembre 2023 08:10:55

    Je viens de voir cela, aucune idée si ça se rejoint ou pas.

    Par contre ton avis sur Tatouine du même auteur me l'avait fait mettre dans ma wish. peut-être pour 2024 !