<image>« Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public et donné lieu à d'étranges conjectures. »
Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce vœu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : « Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer ».
Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs de l'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers. Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète –fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique.
J'ai lu ce livre une première fois quand j'étais en Troisième. Je n'avais pas beaucoup apprécié ce roman à l'époque, et, du coup, je ne l'avais pas fini. Mais je m'étais quand même jurée qu'un jour, je le relirais. Ce jour est arrivé. J'ai donc repris sa lecture pour le Club de Lecture.
L'histoire est vraiment bien. Malgré un début un peu difficile, j'ai assez vite accroché. Il est vrai qu'il y a beaucoup de dialogues plus ou moins philosophiques qui peuvent être perçus comme étant ennuyeux (l'inverse est aussi vrai). J'aime beaucoup l'idée que le tableau soit un personnage à part entière. En effet, pour moi, il est un peu le double maléfique, un peu comme le Dr. Jekyll dont le double maléfique est Mr. Hyde. D'ailleurs, je pense que nous pouvons comparer, dans une certaine mesure, l'oeuvre de Robert Louis Stevenson (L'étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde) à l'oeuvre d'Oscar Wilde. En effet, ces deux personnages ont un double maléfique. Chez le Dr. Jekyll, cela est dû à une sorte de potion si mes souvenirs du roman sont encore bons. Cependant, chez Dorian Gray, cet être double se manifeste par le fait qu'il a deux directeurs de conscience qui sont, chacun, soit le bien soit le mal. Lord Henri Wotton peut être qualifié d'amoral mais aussi de cynique, de désinvolte et d'insolent. Il influence le jeune homme dans le mauvais sens du terme, contrairement au peintre qui croit en certaines valeurs. D'ailleurs, c'est mon personnage préféré. Je me suis plus ou moins identifiée à lui. Il est le plus humain de tous les personnages. Après, je dirais qu'il s'agit de Dorian Gray. Il est fascinant et intéressant.
Finalement, malgré une première lecture peu fructueuse de ce roman, j'ai vraiment adoré. C'est un très bon roman que je conseille vivement. Cependant, je pense qu'il ne faut pas le lire trop jeune afin de bien l'apprécier. Un film va aussi sortir avec Ben Barnes dans le rôle principal.