La trilogie berlinoise de Philip Kerr

Titre : La trilogie berlinoise
Auteur : Philip Kerr
Editions du Masque
Genre : Enquête Policière

4ème de couverture :

Publiés pour la première fois dans les années 1989-1991, L’été de cristal, La pâle figure et Un requiem allemand évoquent l’ambiance du IIIe Reich en 1936 et 1938, et ses décombres en 1947. Ils ont pour héros Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise devenu détective privé. Désabusé et courageux, perspicace et insolent, Bernie est à l’Allemagne nazie ce que Phil Marlowe était à la Californie de la fin des années 30 : un homme solitaire témoin de la cupidité et de la cruauté humaines, qui nous tend le miroir d’un lieu et d’une époque. Des rues de Berlin  » nettoyées  » pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux olympiques, à celles de Vienne la corrompue, théâtre après la guerre d’un ballet de tractations pour le moins démoralisant, Bernie va enquêter au milieu d’actrices et de prostituées, de psychiatres et de banquiers, de producteurs de cinéma et de publicitaires. Mais là où la Trilogie se démarque d’un film noir hollywoodien, c’est que les rôles principaux y sont tenus par des vedettes en chair et en os : Heydrich, Himmler et Goering…

Mon avis:

L’histoire commence dans une Allemagne où le nazisme est en plein essor : Berlin 1936 –  veille des Jeux Olympiques. Puis, Berlin 1938 – les Sudètes viennent d’être envahies. Pour terminer : Berlin Vienne 1947 – les pays vaincus sont sous l’autorité des nations anglaise, américaine, russe et française. Les dernières pages se déroulent au moment du blocus de Berlin par l’armée rouge.

Nous suivons Bernhard Gunther, brillant enquêteur allemand, insouciant, intuitif et intègre.
En 1936, refusant les compromissions, Gunther vient de quitter la police allemande, pour devenir détective privé. Puis en 1938, grâce à son excellente réputation, il est recruté par le général Heydrich afin de déjouer un complot qui touche l’état major allemand.
Lorsque nous le retrouvons en 1947, Gunther est physiquement diminué et amaigri par 6 mois de camp de prisonniers russe. Son humour est devenu triste. Sa mission : prouver l’innocence d’un de ses anciens condisciples accusé du meurtre d’un agent américain.

A la lecture de ce livre, je me suis surprise à vérifier à plusieurs reprises la nationalité de l’auteur tant cette plongée dans l’Allemagne nazie me semblait bien documentée, notamment en ce qui concerne les méandres de la trop réputée administration allemande
Nous traversons les évènements historiques et rencontrons des personnages aux noms tristement célèbres comme : Heydrich, Himmler, Goebbels.

L’auteur prend plaisir à nous perdre dans l’enchevêtrement de ses enquêtes mais je m’y suis tellement perdue que je ne suis pas sûre d’avoir toujours très bien compris.

Ce qui est certain, c’est que dans chacune de ces enquêtes nous assistons à un jeu de chats et de souris, jusqu’à ce que les souris se transforment en gros rats hideux.
P228 / « Quand vous adoptez un chat pour attraper les souris à la cuisine, vous ne pouvez pas l’empêcher d’aller courir après les rats du grenier. »

Nous baignons dans le sang de l’histoire. Tortures, assassinats, disparitions….Les cadavres sont nombreux, les morts sanglantes et écœurantes.
L’honneur et la loyauté côtoient le chantage, la corruption et la menace au dépend de la morale.

On découvre qu’après les Allemands, Américains et Russes ne sont pas plus gentils avec leurs conflits d’intérêt et les stratégies de leurs organisations secrètes.
P787 : Les russes « vous collent contre un mur pour vous fusiller ou bien vous décorent de l’ordre de Lénine. »
Les américains « condamnent nos vieux camarades [nazis] à la pendaison un jour et le lendemain ils les recrutent dans leurs services de renseignements. »Les français sont présentés comme des hypocrites.

Berlin
J’ai aimé parcourir Berlin d’avant guerre,découvrir l’ambiance de cette époque : Wannsee et son grand lac, la Porte de Brandebourg, l’avenue « Unter den Linden », le Kurfürstendamm, le squelette du Reichstag, la Friedrichstrasse, la Potsdammerplatz.

P122 / « Il doit y avoir en Allemagne un plus grand nombre d’orchestres de cuivres que d’automobiles. »
J’ai appris au passage que Vienne avait été également une ville occupée par les alliés.

L’auteur fait une halte à Dachau , camps d’internement nazis.
La page 250 : « lorsque l’homme redevient une bête … » fait écho en moi aux phrases de Primo Levi  dans son livre « Si c’est un homme » lu et chroniqué le mois dernier.

Philip Kerr évoque également la honte et la culpabilité que portent en eux les Allemands.
P826 / « Comment avez-vous pu laisser faire çà ? Comment avez-vous pu tolérer de telles horreurs ? Sans doute, pendant plusieurs générations, quand ils croiseront notre regard, les citoyens des autres nations nous poseront-ils la même question muette. »

L’alcool est souvent présent de ce livre. Que ce soit un mauvais alcool de pommes de terre, un whisky ou une vodka, il réconforte, réchauffe, requinque, rassure.
P 16 / « Je ne bois ce truc que pour me laver les dents, mais je suis trop paresseux pour le recracher »
P75 / « Elle me servit une dose suffisante pour y faire tremper un dentier ».

Gunther s’intéresse aussi aux femmes. Elles sont tentatrices, manipulatrices, prostituées mais souvent victimes. Gunther les respecte cependant toujours quelle qu’elles soient.

P115 / « Ses cheveux paraissaient aussi naturels qu’un défilé au pas de l’oie dans Wilhelmstrasse ».
« Autour de moi, les faux-cils battaient avec tant de véhémence pour attirer mon attention que j’avais l’impression d’être en plein courant d’air. »
P283 / « lorsqu’une femme dépasse la cinquantaine, son âge n’a plus d’intérêt pour personne, sauf pour elle. Alors que pour les hommes, c’est exactement le contraire. »

En conclusion :

Un récit dense, parfois trop compliqué pour moi. Ce livre m’a intéressé sans vraiment me passionner. J’en retiens surtout l’ambiance qui est étonnante de réalisme.
Ma note 8/10

Je remercie Franckie pour l’organisation de cette lecture commune.

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3 commentaires

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  1. La trilogie Berlinoise est un de meilleurs livres parus ces dernières années.

    J’ai eu la même réaction que vous: « A la lecture de ce livre, je me suis surprise à vérifier à plusieurs reprises la nationalité de l’auteur tant cette plongée dans l’Allemagne nazie me semblait bien documentée… »

    Un des derniers romans de Philip Kerr, Field Gray, m’a appris beaucoup plus sur l’expérience des anciens soldats allemands, en tant que prisonniers de guerre en Union Soviétique, que n’importe quel livre d’histoire.

    Cordialement,
    John

  2. J’ai beaucoup aimé mais c’est vrai que c’est parfois un peu compliqué ces noms et sigles à rallonge ! J’ai beaucoup aimé Gunther et comme toi, j’ai appris que Vienne avait été aussi occupée par les Alliés.