L’âme humaine et le socialisme d’Oscar Wilde

Merci aux éditions Aux Forges de Vulcain et à Livraddict de m’avoir permis de lire L’âme humaine et le socialisme.

Présentation de l’éditeur :

Le principal avantage que présenterait l établissement du socialisme serait sans nul doute de nous libérer de cette sordide nécessité qui consiste à vivre pour les autres, et qui, dans l état actuel des choses, exerce une pression redoutable sur chacun de nous ou presque. A vrai dire, quasiment personne n y échappe. — Ainsi s ouvre le manifeste politique d Oscar Wilde, publié pour la première fois en 1891, présenté ici dans une nouvelle traduction qui rend à ce texte toute la force avec laquelle il fut jeté à la face de ses premiers lecteurs. Car ce texte à la logique paradoxale, proposant une surprenante redéfinition du socialisme, fut un brûlot en son temps. Et il n’a rien perdu aujourd’hui de son pouvoir subversif.

Mon avis :

Une démonstration passionnante au service de laquelle l’auteur n’hésite pas à mettre ses talents rhétoriques, son sens de la formule et, bien évidemment, son amour de la provocation. Brûlot lors de sa parution aux 19ème siècle, ce pamphlet reste dérangeant aujourd’hui encore à bien des égards. Par-dessus tout, c’est sa surprenante actualité qui fait mouche, à une heure où il est plus que jamais question de globalisation de la pensée, en dépit d’un individualisme culminant.

Et d’ailleurs, comment le socialisme peut-il permettre l’individualisme ? Il faut savoir que ces deux notions font l’objet d’une surprenante (re)définition chez Wilde. Le socialisme n’est guère éloigné de l’anarchie, dans la mesure où sa forme absolue impliquerait l’absence d’autorité. Quant à l’individualisme, il s’agit ni plus ni mois que du bien suprême selon Spinoza (la théologie mise de côté), la possibilité de vivre en accord avec sa nature propre et sa personnalité. Le socialisme, parce qu’il élimine la propriété privée, débarrasse les pauvres du carcan de la faim et de la précarité et les riches des soucis liés à l’administration de leurs biens, mais aussi de l’identification de leur personnalité à leurs possessions, pour permettre à tous de se consacrer à être soi.

Bien sûr, l’artiste n’est pas bien loin, et être soi, c’est pouvoir donner libre cours à son talent artistique individuel en dépit de la médiocrité ambiante, du besoin de conformité des masses, de l’Opinion publique, que Wilde écrit avec une majuscule. Cette partie de la démonstration domine toute la deuxième moitié du pamphlet, et il ne fait nul doute que son auteur a pour première préoccupation la construction d’une société permettant l’éclosion des plus belles âmes, sans entrave aucune.

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