Le droit à l'avortement
Madeleine Pelletier1913

Synopsis

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Le but naturel de l’amour, c’est la reproduction de l’espèce. Les partisans des causes finales disaient que la nature avait fait agréable l’acte sexuel, pour inciter les individus à se perpétuer. Il ressort de la théorie transformiste, qui est admise aujourd’hui et qui s’appuie sur nombre de faits de l’histoire naturelle, que seules ont pu persister, parmi les espèces bisexuées, celles chez lesquelles l’union des sexes a été un plaisir ; s’il a existé des espèces bisexuées où les deux sexes n’avaient aucun attrait l’un pour l’autre, elles ont dû nécessairement disparaître.

Cependant, si l’acte initial de la reproduction est un plaisir, la reproduction elle-même est une peine et le rejeton une charge. Les animaux qui n’ont qu’une intelligence très inférieure se reproduisent quand même, esclaves aveugles de l’instinct. Mais l’espèce humaine, très supérieure à toutes les espèces animales, fait dans la loi naturelle le départ de l’agréable et du pénible, et elle porte son effort à esquiver la peine, pour ne retenir que l’agréable.

Chez les peuples civilisés, le développement de la sexualité est hors de proportion avec les nécessités de la reproduction. Dans le mariage, bien que la descendance entre en ligne de compte, l’acte sexuel est accompli infiniment plus souvent qu’il n’est nécessaire pour procréer, même une famille nombreuse. On le considère comme un besoin devant être périodiquement satisfait, à l’égal des besoins de nourriture et de sommeil. Alors que chez les espèces animales le besoin sexuel n’apparaît qu’à certaines époques de l’année, il est devenu constant chez l’homme.

Loin d’être restreint au mariage, l’amour le dépasse beaucoup ; de la puberté à la vieillesse, l’homme s’y adonne largement, en dehors de tout lien conjugal, et de cette libre carrière donnée à la sexualité, le souci de reproduire est complètement banni. Lorsque l’enfant survient, c’est par accident, un accident que l’on déplore.

Tant que la femme est considérée comme un être inférieur, on peut dire que l’amour est réservé au sexe masculin. La femme n’est que l’instrument dont l’homme se sert pour jouir ; il la consomme comme un fruit. Par le mariage, et surtout par la maternité, la situation morale de la femme se relève ; en même temps qu’un objet, elle est aussi un peu une compagne intellectuelle et morale ; son rôle de maîtresse de maison, d’éducatrice des enfants, fait oublier son rôle sexuel. Mais hors mariage, le ménage et la maternité n’étant plus, la femme redevient l’instrument des passions animales.

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2018 [E-book] Editions Autoédité

Française Langue française | 21 pages | Format : ePub | Sortie : 1er janvier 1913 | ISBN : B07F9DRK1Q

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