Occitanie: Volem viure!
Michel Le Bris1974

Volem viure! (nous voulons vivre!): ces deux mots ont été scandés, criés, chantés, ils ont été peints sur les murs, sur les panneaux-réclame des promoteurs de la "Floride occitane", ils ouvraient, en lettres immenses, le cortège des paysans du Larzac unis aux ouvriers de Millau, le 6 novembre 1971, ils ont été brandis sur des pancartes par les viticulteurs en colère... Et, comme en un écho, le drapeau occitan flottant en 1973 sur une usine en grève de Montpellier répond au "gwen a du" des ouvriers du Joint Français en 1972.
Volem viure! ce cri traverse aujourd'hui ce que l'on appelait "la province". Il bouleverse tous les schémas des spécialistes de la politique.
On croyait l'époque vouée à l'universalité - et le renouveau des minorités nationales est un phénomène planétaire. A la limite, on pouvait s'accomoder: le Québec est loin, qui permet encore des commentaires sereins. Mais voici l'inimaginable: Bretons, Basques, Catalans, Occitans, Corses, Alsaciens, font craquer l'image supposée éternelle d'une France "une et indivisible". Non pas une poignée d'intellectuels "pervers" ou "nostalgiques": des ouvriers, des paysans, des petits commerçants, des jeunes, en masse.
Comment peut-on être occitan? Pourquoi parler de "colonie intérieure"?
Pour le savoir, on suivra ici les pérégrinations de M.Occitania, un petit viticulteur ressuscité par une sorcière, à qui il reste trois jours pour découvrir les causes de sa mort, sous peine de disparaître à tout jamais.
Ecoutons-le parler, suivons-le pas à pas: la marche est longue, d'un peuple qui se retrouve.