<image>Ed L'olivier, août 2009
292 pages
L'histoire : "Quelque part dans une Amérique du Sud imaginaire, trois femmes d'une même lignée semblent promises au même destin : enfanter une fille et ne pouvoir jamais révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Elles sont toutes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Parmi elles, seule Vera Candida ose penser qu'un destin, cela se brise. Elle fuit l'île de Vatapuna dès sa quinzième année et part pour Lahomeria, où elle rêve d'une vie sans passé. Un certain Itxaga, journaliste àL' Indépendant, va grandement bouleverser cet espoir."
Mon avis :Véronique Ovaldé raconte l'histoire de 3 femmes de la même famille.
Nous faisons d'abord connaissance avec Rose Bustamente, ancienne pute (dans ce livre, on ne s'encombre pas de circonvolutions pour dire qu'un chat est un chat !) reconvertie dans la pêche de poisson volant. Rose, qui aspire à vivre tranquille, vendant sa pêche, logeant dans sa cabane sur la plage. Rose qui ne dérange personne, sauf un jour, un homme, Jeronimo, venu d'on ne sait où, au passé louche, qui se fait construire une villa au sommet de la colline surplombant la plage, et qui décrète que la cabane de Rose le dérange. Rose qui ne veut pas entendre parler de déménagement, Rose qui veut dire à ce type et à son argent d'aller se faire voir ailleurs et qui donnera naissance à une petite Violette.
Violette, elle, est lente à tout faire, sauf à vendre son corps dès son plus jeune âge. Sauf qu'elle ne le vend pas au contraire de sa mère, elle le donne. Pour mieux se perdre ? Qui sait. Toujours est-il qu'elle enfante un petite, Vera Candida, recueillie et élevée par Rose.
Rose est une grand-mère idéale, sage, patiente, attentive et instructrice. Malgré l'amour de sa grand-mère, Vera s'en va. Ellle s'enfuit de Vatapuna. Elle veut faire sa vie loin de cette île, loin de toute cette luxuriante pourriture. Elle s'enfuit, âgé de 15 ans et enceinte. Elle va vivre sa vie dans une grande ville, qu'elle découvrira toute aussi pourrie que son île ...
Le destin est inéluctable: on naît, on vit, on souffre, on meurt à Vatapuna.
On ne peut s'empêcher d'aimer et d'admirer Rose Bustamente et Vera Candida, qui, malgré leur vie si âpre, si difficile, si triste aussi, sont fortes et d'une grandeur d'âme incommensurable. Ces femmes vivent sous la coupe des hommes alors qu'elles ont la volonté farouche d'être indépendantes, libres et maîtresses d'elles-mêmes.
Elles sont un peu de nous toutes : seules, mères, femmes, fragiles, heureuses, résignées, fortes, amoureuses, apeurées, maternelles, attentives, vulnérables.
J'ai une farouche envie de voir Vatapuna. De voir, de toucher la végétation luxuriante de l'île. De m'assoir devant la cabane de Rose Bustamente, de regarder "sa" plage, de voir scintiller l'eau de "son" océan. De prendre Vera Candida dans mes bras et d'apprivoiser son amitié.
La narration est rapide, tel un souffle haletant, comme si, en ne se dépêchant pas de tout raconter, le narrateur avait peur d'oublier les détails de cette histoire.
Est-il besoin de vous préciser que j'ai littéralement dévoré ce roman en 2 soirées ? Et que je l'ai adoré au point de ralentir ma lecture sur les dernières pages pour le garder entre mes mains un peu plus longtemps ?