[Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue

 
    • songes-litteraires

      Livraddictien débutant

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      #1 03 Janvier 2010 16:14:28

      Dans le café de la jeunesse perdue, de Patrick Modiano



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      Edition Gallimard - 149 pages

      Quatrième de couverture :


      Encore aujourd' hui, il m' arrive d' entendre, le soir, une voix qui m' appelle par mon prénom, dans la rue. Une voix rauque. Elle traîne un peu sur les syllabes et je la reconnais tout de suite : la voix de Louki. Je me retourne, mais il n' y a personne. Pas seulement le soir, mais au creux de ces après-midi d' été où vous ne savez plus très bien en quelle année vous êtes. Tout va recommencer comme avant. Les mêmes jours, les mêmes nuits, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. L' Eternel retour.



      Mon avis :


        Dans le café de la jeunesse perdue est un hymne à la mélancolie, à la douceur, à la nostalgie. Paris. Années 60. Au coeur des quartiers de la rive gauche, des êtres épris de liberté, noyés dans la torpeur d' une vie qui n' a plus de sens cherchent le repos à l' agitation de leurs coeurs. Le Condé, rendez-vous de quelques intellectuels blasés, des écrivains râtés, d' étudiants insatisfaits. Une somme d' individus qui sont à la recherche de quelque chose sans savoir très bien quoi. Ils sont là, font acte de présence, mais en réalité ne s' attachent à ce repère commun, que par nécessité. Des liens se créent au détour d' une bière, et d' une discussion quelconque. Chacun conserve en réalité une part d' ombre; un accord tacite existe pour ne dire que très peu sur soi même, voir rien.  On se contente de futilités et c' est plus que suffisant.

       

      Et pourtant, " nous vivons à la merci de certains silences. Nous en savons long les uns sur les autres. Alors nous tâchons de nous éviter. Le mieux, bien sûr, c' est de se perdre définitivement de vue."

       

      Les aléas ferront en sorte de les disperser, certains à jamais. Néanmoins quelque chose les unit malgré eux  : il est bien vrai qu' un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

       

      Louki faisait partie de ceux-là. Louki n' avait qu' une vingtaine d' années lorsqu' elle s ' est engouffrée dans ce monde décalé, à part dans le bourdonnement de Paris. Elle aussi était devenue une habituée. Pour autant  on ne savait que très peu de choses sur elle. Mais elle a marqué les esprits de beaucoup de gens, même des années plus tard, après la transformation de ce café en une maroquinerie, Louki existait toujours dans les esprits.  Sa voix, ses gestes, sa tenue, son sourire... Quelques uns se remémorent par bribes de  sa vie; le lecteur lui se contente d' assembler les pièces du puzzle pour découvrir un être las de ce la vie a consenti lui donner, et qui dans une quête agonisante presque, tente de déjouer tout le fatalisme que lui impose sa vie.

      Le regard d' un inconnu, étudiant des mines nous laisse entrevoir sa physionomie, son côté mystérieux. Un détective privé à la recherche de cette jeune fille nous en dévoile les raisons. Louki elle- même tente de trouver une justification à ce qui l' enchaîne à cette constante tristesse et mélancolie. Roland, lui, apparaît comme un sauveur déchu. Louki pouvait- elle être sauvée au fond?  Elle et tant d' autres  qui se livraient  à ces destins, à ces rencontres hasardeuses, à  ces désillusions, à une vie bohêmienne recherchant de pâles lueurs d' espoir dans ce dénominateur commun : le Condé.

       

      Ce point de passage obligatoire entre la Terre et le néant, obéissait à une logique propre et personne ne semblait  s' en offusquer : " On dit tant de choses... Et puis les gens disparaissent un jour et on s' aperçoit qu' on ne savait rien d' eux, même pas leur véritable identité."   Louki faisait bien partie de ceux-là. Son passage sur Terre soulève bien des questions : aux personnages qui la cotoyèrent ainsi qu' au lecteur lui même.

       

      J' ai bien aimé ce livre qui par son écriture est très envoûtant. Il me donnait envie d' écouter du jazz et de me replonger dans un livre constitué de photos exclusivement en noir et blanc, acheté il y a quelques années en face du centre Pompidou.

      Son titre est très évocateur d' une certaine ambiance propre aux cafés et bars parisiens, du moins tel que j' imagine. Modiano est un auteur que je découvre pour la première fois à travers son dernier opus, je n' en suis pas déçue du tout.
    • MyaRosa

      Guide touristique des librairies

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      #2 13 Janvier 2010 18:11:43

      Ce livre me tente beaucoup. Il me fait de l'oeil à chaque fois que je passe devant en librairie. Si je n'avais pas pris toutes ces bonnes résolutions et si je ne m'y tenais pas, il serait déjà dans ma PAL. En tout cas il est en tête de ma wishlist et ton avis me donne encore plus envie de le lire.
    • Florel

      Traducteur de papyrus

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      #3 14 Septembre 2010 21:16:04

      Pas son meilleur pourtant mais pas si mal.
    • Lsky

      Lecteur initié

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      #4 08 Décembre 2013 13:28:15

      Je n'ai pas accroché, j'avoue que je l'ai abandonné... deux fois.

      J'ai l'impression qu'il tente d'imiter un peu les chemins de la liberté...

      Je n'en ai plus trop de souvenir, mais voilà, je ne suis pas immergée, la narration ne m'a pas tenté etc.
    • Jutiboli

      Bibliophile

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      #5 03 Janvier 2014 15:50:44

      Envie de lire du Modiano à nouveau; merci pour le commentaire
    • unchocolatdansmonroman

      Mécène des éditeurs

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      #6 03 Janvier 2014 15:58:13

      J'aime beaucoup l'écriture si particulière de Modiano. J'ai lu l'Horizon l'an passé, roman construit autour de l'absence, et je n'avais pas envie de me replonger tout de suite dans un de ses récits mais j'ai dans mes étagères Dans le café de la jeunesse perdue. Alors peut-être que cette année ... ;) Merci pour ce rappel