#1 19 Avril 2012 20:40:47
A la lisière d'une forêt, deux enfants discutaient.
« Allez viens Margaux, t’as pas à avoir peur.
- J’ai pas peur, Julien, c’est juste que...papa et maman, ils ont dit qu’on n’avait pas le droit...
- T’es qu’une trouillarde ! Les parents, il faut toujours qu’ils nous interdisent tout, et toi tu dis rien. »
Margaux garda le silence. Raisonner son frère était de toute façon peine perdue.
« Alors, tu viens ? s’énerva Julien.
- D’accord » soupira Margaux.
Quitte à désobéir, autant qu’il ne soit pas le seul. Et malgré l’interdiction, ce petit bois au bord de leur nouveau village promettait de nombreux terrains de jeux.
« Mais on ne s’éloigne pas trop ! » lui rappela-t-elle en s’élançant à la poursuite de Julien, déjà en train de se faufiler entre les arbres.
Ils avançaient rapidement, lui devant, en fidèle protecteur de sa petite sœur, elle derrière, guettant le moindre petit bruit. Et parfois, lorsqu’un nuage voilait le soleil et qu’il faisait sombre, le frère et la sœur se tenaient la main, la chaleur de leurs paumes chassant la peur.
Ils voulaient juste trouver une petite clairière, un endroit à eux qui leur rappellerait la petite cabane de leur ancienne maison urbaine. Le déménagement avait été rapide, une nécessité dû aux problèmes respiratoires de leur mère qui ne supportait plus la pollution, trop présente dans les grandes villes. Et alors que le médecin avait affirmé que la maladie l’emporterait, leur père avait refusé cette possibilité et tout organisé : un nouveau travail, une nouvelle maison, une nouvelle ville – bien plus petite que la première -, et un nouvel air capable de revivifier n’importe quels poumons.
Du jour au lendemain, Julien et Margaux avaient vu leur quotidien changé : leur vie passée du bruit au calme, et de l’activité de la ville à l’ennui de la campagne. Et alors que trouver de nouvelles occupations devenait pratiquement vital, leurs parents leur avaient interdit d’aller parcourir seuls les environs.
Le prétexte ? C’était dangereux.
« Y a rien, rien du tout, dit Margaux. Ça fait au moins deux heures qu’on cherche. Julien on devrait rentrer.
- Pas question, répondit-il. Et puis on ferait quoi si on rentre ? Y a rien non plus à la maison. Non, on continue. Au moins encore un peu. »
Le silence se réinstalla, plus persistant.
Au bout d’un moment, Julien s’arrêta et se retourna vers sa sœur :
« Qu’est-ce qu’il y a, Margaux ?
- Comment ça ?
- Qu’est-ce qui va pas ? »
Margaux observa son frère, puis répondit :
« Quand tu parles de la maison, j’ai toujours l’impression que tu veux dire celle d’avant.
- Moi aussi ça me manque, avoua Julien. On s’ennuie tellement ici. »
Le vent souffla entre les branches, rafraîchissant encore la température déjà froide de la soirée. Margaux remonta son écharpe autour de son cou.
« Julien, j’ai froid.
- Je sais, moi aussi. Allez on rentre. »
Crac !
Le bruit les fit se retourner.
« Qu’est-ce que c’était ? demanda Margaux, tendue.
- C’est rien, t’inquiètes pas. » la rassura Julien.
Crac !
« Julien !
- Arrêtes de me serrer le bras comme ça ! Tu me fais mal !
- Mais c’était quoi ?
- J’en sais rien ! Et tu.. »
Crac.
Une semaine plus tard, dans le journal quotidien :
« Assassinats de deux enfants dans la Forêt du Compté : le frère et la sœur d’une famille du voisinage retrouvés morts, le garçon frappé à la tête et la fille étranglée avec son écharpe. Les parents sont effondrés. La police est sur une piste […] »
Quelques temps plus tard, la mère mourut de sa maladie. Le docteur l’avait dit.
Son mari resta seul et meurtri toute sa vie.
Dernière modification par Anna002 (12 Janvier 2013 14:52:04)