#22 17 Octobre 2012 19:22:35
Les personnages de Raison et Sentiments sont aussi aboutis que ceux d'Orgueil et Préjugés. Rien à voir, par exemple, avec une Catherine Morland (Northanger Abbey), un peu fade et trop lisse. Ici, on sent que Jane Austen a vraiment travaillé la psychologie des personnages, même ceux qui sont secondaires. Elle leur donne une réelle intériorité et ainsi, un véritable relief.
J'ai été fascinée par le personnage d'Elinor, particulièrement fine et intelligente. La relation qu'elle entretient avec sa soeur Marianne, un peu plus évaporée, est touchante, pleine d'amour. Elle sont plus que deux soeurs, se sont réellement deux vraies amies et les épreuves qu'elles traversent, sensiblement similaires, les rapprochent énormément à partir du milieu de l'histoire. Même si Marianne est intéressante, ma préférence va à Elinor, qui, malgré sa peine, par exemple, reste toujours maîtresse d'elle-même sans se laisser aller au mélodrame.
En ce qui concerne les personnages masculins, j'ai trouvé qu'ils en prenaient pour leur grade dans ce livre, surtout Edward, son frère Robert et Willoughby, bien sûr. Seul le Colonel Brandon est vu avec bienveillance par Austen. On a l'impression qu'elle a traité de façon beaucoup plus cruelle ses autres personnages en leur donnant tous les vices : ils sont menteurs, volages, séducteurs, voire des coureurs de jupons de bas étage qui réduisent les femmes à une simple dot ! On sent, dans les descriptions d'Austen en ce qui concerne ses personnages masculins, énormément d'ironie, comme si elle n'était pas dupe. Certes, ils séduisent ses héroïnes...mais quel prix devront-elles payer ?
En tous cas, ils sont particulièrement bien travaillés eux aussi et c'est un plaisir de les rencontrer au détour de l'intrigue.
Lucy Steele et Fanny sont profondément antipathiques, je trouve. Quant à Mrs Jennings, c'est une femme un peu folle, toujours gaie, toujours joyeuse. Elle est assez agréable, je trouve et je crois que Marianne est un peu injuste avec elle. Certes, elle n'est pas très intelligente mais pas méchante non plus et elle a d'ailleurs beaucoup d'affection pour les soeurs Dashwood, qu'elle ne juge pas aussi rapidement que Fanny, par exemple, qui les considère avec mépris parce qu'elles n'ont pas d'argent. En ce qui concerne Lucy, c'est une manipulatrice et une hypocrite de la pire espèce !
C'est vrai que la mère est particulièrement importante ici, un peu comme Mrs Benett, dans Orgueil et Préjugés, qui a quand même pas mal de tendresse pour ses filles et tente de les protéger des adversités possibles. On peut d'ailleurs rapprocher Mrs Dashwood de Mrs Benett, même si j'ai l'impression que l'amour de la première pour ses filles est beaucoup plus important. On sent qu'une vraie tendresse, très sincère et presque fusionnelle unit cette dame qui a perdu son époux et se trouve démunie avec ses trois filles. Lady Middleton est un peu une caricature de la mère poule, la mère surprotectrice et elle est assez drôle, d'ailleurs, puisqu'elle ne cesse de parler de ses enfants et de les encenser. Quant à Mrs Ferrars, je trouve que c'est une mère pragmatique mais pas forcément aimante, qui ne cherche pas le bonheur de ses enfants...En les mariant, par exemple, c'est les livres sterling qu'elle a compté mais pas autre chose. Un peu trop pragmatique et cupide à mon avis. Pas le genre de mère que j'aurais voulu avoir. =) Au contraire de Mrs Dashwood, une mère beaucoup plus moderne.
Mon personnage préféré est incontestablement Elinor. Quant à ceux qui m'ont faire rire, je dirais Mrs Jennings, haute en couleur et cette pauvre Lady Middleton, tellement gaga de ses rejetons qu'elle en tourne au ridicule !
Dernière modification par A-Little-Bit-Dramatic (17 Octobre 2012 19:22:55)