#1 01 Février 2010 12:26:51
Naufrages d' Akira Yoshimura
Edition Babel/Actes Sud - Février 2004
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Fiche BBM
Présentation de l'éditeur :
Isaku n'a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg lointain. Devenu chef de famille, le jeune garçon participe alors à l'étrange coutume qui permet à ce petit village isolé entre mer et montagne de survivre à la famine : les nuits de tempête, les habitants allument de grands feux sur la plage, attendant que des navires en difficulté, trompés par la lumière fallacieuse, viennent s'éventrer sur les récifs, offrant à la communauté leurs précieuses cargaisons.
Source jacquette et présentation : amazon.fr
Mon avis :
Akira Yoshimura nous livre ici, un conte sombre et cruel, violent.
Isaku, un jeune garçon de neuf ans, vivant dans une "contrée reculée d'un Japon primitif", voit son destion bouleversé un jour de printemps. Son père a été obligé de se vendre dans un village voisin pour trois ans, afin de permettre à sa famille de survivre dignement.
Isaku devient alors, par la force du destin, le chef de famille. C'est lui qui doit subvenir aux besoins de son frère, sa mère et ses soeurs. Commence alors pour lui, une vie faite de pêche, de cueillette et de divers travaux.
Parmis ceux-ci, il se voit confier la tâche de la cuisson du sel, sur la plage, lors des longues nuits d'hiver. Mais cette corvée ne sert pas seulement à cuire le sel pour l'échange contre des céréales ; Isaku, très vite, découvrira l'autre but macabre de ce travail.
"Il commençait à comprendre. Il avait été longtemps persuadé que la cuisson du sel était une cérémonie pour que les bateaux en difficulté viennent s'échouer sur la plage, et il se rendait compte maintenant que c'était surtout un moyen de provoquer un naufrage".
Le naufrage des bateaux certains hivers, permet au village de survivre et de ne pas être rayé de la carte. Les villageois ne peuvent malheureusement, pas faire autrement, la survi de leurs familles et du village tout entier dépend de cela.
"Les naufrages avaient permis à leurs ancêtres de survivre sur cette terre, et les villageois se devaient de perpétuer la tradition.".
Ce livre bouleversant, intense, brutal, obscur est écrit magnifiquement. Très poétique, ce conte philosophique m'a littéralement transportée, absorbée. Devant mes yeux se dessinait le village d'Isaku, aux pieds des montagnes ; je sentais le froid glacial de l'hiver me mordre ; j'avais dans la bouche le goût de la soupe de riz et du saké ; je vivais au rythme des couleurs des saisons qui défilaient, gravées à jamais sur ces pages magnifique. Je pleurais en accord avec Isaku et sa famille. Mon coeur battait au rythme du sien... Ma vie se mêlait à la sienne...
Un récit dépaysant, ravageur qui joue avec la perfection littéraire.
Un chef d'oeuvre de la littérature Japonaise qui m'a subjuguée et qui a insinué le désir, pour moi, de continuer l'exploration de cette dernière.
Edit Elojs : j'ai rajouté le lien BBM