[Hall, Steven] Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde

 
    • Aramis

      Baby lecteur

      Hors ligne

      #1 06 Mars 2013 12:45:26

      Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde



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      Résumé :
      Eric Sanderson se réveille un matin dans une maison qu'il ne connaît pas, complètement amnésique. Il trouve sur la table une lettre dans laquelle son ancien moi lui demande d'entrer au plus vite en contact avec une psychiatre. Celle-ci lui apprend que depuis la mort accidentelle de sa fiancée, Clio Aames, il a sombré dans une profonde dépression, et a connu onze épisodes dissociatifs. Mais bientôt, une série de lettres, d'indices et de textes codés qu'il s est lui-même envoyés l'aide à reconstituer l'histoire véritable de son passé. Il découvre qu'un requin conceptuel, qui vit dans les eaux troubles de la pensée les flux de lettres, de mots, de communications humaines qui ont acquis une texture vivante , le traque et dévore ses souvenirs. C'est en voulant modifier le passé, pour ramener celle qu'il a aimée à la vie, qu il a accidentellement libéré ce monstre de pensée, et s'est condamné lui-même. Il part alors à la recherche de Trey Fidourous, un docteur du langage, le seul à pouvoir le sauver d'un anéantissement progressif. Le monde du langage acquiert ainsi dans le récit une vie propre, et constitue un monde parallèle, puissant et effrayant, au sein duquel le héros va devoir s'enfoncer pour recouvrer la vie, et la femme qu'il a perdues. Ce roman moderne, poétique, jubilatoire est construit comme un puzzle onirique, au suspense très efficace. C est aussi une subtile réflexion sur les dangereuses propriétés du langage, la fragilité de nos identités et de la mémoire : jeux typographiques, messages mystérieux, fragments d'encyclopédie imaginaire y forment un jeu de piste fascinant. Sondant la perte, l'amour et le deuil impossible, Steven Hall reprend magnifiquement le mythe d Orphée et d Eurydice.


      Mon avis en quelques mots :

      Les cent premières pages sont assez difficiles : la plume de l'auteur n'est pas efficace, l'histoire assez ennuyante et les premiers éléments mystérieux sont décrits d'une manière trop complexe pour être compris. L'envie d'abandonner le roman se fait vite ressentir. Mais, il faut s'accrocher. Continuer de tourner les pages, même si l'on nage dans l'incompréhension. Car lentement, le mystère va se révéler, la trame de l'histoire s'éclaircir et la plume de l'auteur, se faire plus convaincante. Il faut donner sa chance à ce roman, qui est original par ses théories, par son écriture - l'histoire est illustrée de photos, calligrammes, schémas - et par son but premier : offrir aux lecteurs un roman pouvant être compris de différentes manières.

      Ainsi, malgré quelques incohérences discrètes, on ne peut que saluer la performance de Steven Hall, qui a concrétisé son projet et offre aux lecteurs un roman aux multiples facettes, qui parvient avec légéreté à mélanger les genres : à la fois roman d'amour, essai de science-fiction et réflexion sur la douleur et la perte de Soi, c'est un très bon premier roman. Je regrette simplement que la plume de l'auteur n'ait pas été meilleure, cependant s'il s'exerce à personnaliser son style et s'il apprend à faire de vrais choix entre les dizaines d'adjectifs pouvant qualifier une même situation, ainsi qu'à étoffer la description de ses personnages, nul doute que son prochain ouvrage sera une pure réussite.

      Vous trouverez sur mon site perso une chronique détaillée de cet ouvrage, avec des photos, une époustouflante animation, et des liens intéressants pour compléter la découverte de cet ouvrage.

      Et vous, qu'avez-vous pensé de cette lecture ? =)