[Burgess, Anthony] Les puissances des ténèbres.

 
    • joyeux-drille

      Cyrano de Fontenay

      Hors ligne

      #1 07 Août 2013 19:09:23

      Voici un roman publié au début des années 1980, que Robert Laffont a réédité en poche l'an passé, dans la traduction d'origine, un sacré pavé de 1014 pages, mais qui vaut vraiment sa lecture ! Par l'auteur de "l'Orange mécanique", voici le sensationnel "les puissances des ténèbres".


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      Le jour de ses 81 ans, en juin 1971, l'écrivain britannique Kenneth Toomey, reçoit une visite inattendue dans sa maison de Malte : l'archevêque catholique des lieux. Inattendu, car il est de notoriété publique que Toomey est agnostique, si ce n'est athée, et que son homosexualité ne lui vaut pas d'être en odeur de sainteté auprès de l'église... Pourtant, c'est une requête que vient lui faire le prélat : écrire un texte pour témoigner d'un miracle dont il a été le témoin dans les années 1920. L'objectif est de joindre ce texte au dossier de canonisation de Don Carlo Campanati, pape sous le nom de Grégoire XVII, et auteur du supposé miracle...

      Après avoir hésité, Toomey se lance et accepte d'écrire le texte. Mais il doute de ses souvenirs et surtout, il y a autre chose qui le gêne aux entournures, qui ne sera révélé qu'en fin de roman. Alors, il va se raconter, depuis 1917, année où il est devenu un écrivain, et plus un jeune homme mangeant de la vache enragée, année où il a perdu la foi aussi, faute de réponse à ses questionnements spirituels... Une vie d'écrivain et de voyageur, une vie riche mais pas forcément complètement satisfaisante, tant sur le point artistique que sentimental, une vie marquée par cette rencontre avec Don Carlo Campanati, jeune prêtre glouton et joueur mais aux idées bien marquées déjà : le bien est en l'homme, intrinsèquement, c'est le diable qui insuffle le mal en lui et le détourne du droit chemin.

      L'amitié des deux hommes, aussi dissemblables qu'on puisse l'être, est au coeur de ce roman, comme leur famille commune, puisque le frère de Carlo va épouser la soeur de Kenneth. Mais, avec elle, la question du sens des mots "bien" et "mal". Car, Kenneth ne semble provoquer que des malheurs à chaque fois qu'il agit, quand le discours de Carlo sur l'amour et le bien irradie partout où il passe et semble l'aider à braver les pires dangers.

      Et pourtant... Et si, d'un grand bien, pouvait sortir un terrible mal ?

      Virtuose, passionnant, cynique et drôle à souhait, autant qu'il sait être dramatique et émouvant, le roman fleuve d'Anthony Burgess est un fabuleux voyage à travers le XXème siècle, le monde littéraire et artistique et le monde, qu'il parcourt d'un continent à l'autre. Sorte d'exercices de style en forme de mémoires totalement romancés, "les puissances des ténèbres" parlent aussi beaucoup de Burgess lui-même, comme s'il jetait un ultime regard en arrière sur sa vie bientôt achevée...
    • Herbefol

      Chercheur de mots

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      #2 08 Août 2013 11:54:29

      Cela fait un moment que ce truc traîne dans l'une de mes piles à lire. A déterrer un jour ou l'autre. :P
      Par contre, ça n'aurait pas sa place en thriller plutôt qu'en contemporain ?
    • joyeux-drille

      Cyrano de Fontenay

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      #3 08 Août 2013 12:11:54

      Non, ce n'est absolument pas un thriller. Il n'y a pas d'intrigue policière, ce sont de faux mémoires.