[Lofiego, Vivian] Le Sang des papillons

 
    • Sia

      Super-Livraddictienne

      Hors ligne

      #1 17 Mars 2014 18:01:08

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      JC Lattès, 2014, 276 p.
      Traduction de Claude Bleton.
      Fiche BBM.



      Argentine, 1976. À la suite d’un coup d’État, la Junte militaire commandée par Videla, Massera et Agosti prend le pouvoir. Le climat est délétère, la méfiance s’installe, les gens ont peur. Les opposants de gauche sont traqués comme des bêtes. Peu à peu, des hommes « disparaissent ».Tamara, la narratrice, est encore une enfant lorsqu’elle voit, un soir, son père se faire emmener de force par des hommes. Ils le jettent dans une voiture et démarrent. À cette même période commencent les « vuelos de la muerte », « les vols de la mort » – châtiment des opposants au régime, jetés d’un avion dans le Río de la Plata. Tamara ne verra plus jamais son père. Ana, sa mère, plonge dans le désespoir et se coupe de tout: du monde, de sa fille. Angélica, la grand-mère, essaie de soutenir la famille, mais comment vivre avec le poids du silence ?


      Le Sang des papillons est un roman porté par une plume éminemment délicate, ce qui offre un saisissant contraste avec le sujet, sombre au possible. Ici, il est questions de ces milliers de "disparus", enlevés par le régime, puis sommairement jetés dans le Rio de la Plata par les "vols de la mort".
      A l'âge de 7 ans, Tamara assiste, en pleine nuit, à l'enlèvement de son père par la police. Elle ne le reverra jamais.
      Commence alors une vie gouvernée par la peur et le silence. Interdiction de parler du père, de dire ce qu'elle a vu, de parler de ce qui s'est passé. Ce silence dévore peu à peu les habitants de la maison, et tous ceux qui ont, un jour, perdu un de leurs proches car il n'avait pas des idées appréciées par le régime en place.
      Vivian Lofiego s'attache à questionner ce silence, en revenant sur la vie, les aspirations, les brutales prises de conscience de Tamara, d'un style élégant et dont l'apparente délicatesse (voire la fragilité, qui n'est pas sans rappeler celle de Tamara) ne fait que renforcer l'impression d'horreur qui se dégage des événements rapportés. Pour autant, Le Sang des papillons n'est pas un réquisitoire ; c'est le portrait d'une enfance brisée, et c'est ce qui fait toute la force de ce texte.

    • M.Kate

      Lecteur initié

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      #2 18 Septembre 2014 11:13:15

      Je ne connaissais pas du tout cette histoire des "vols de la mort". Et j'avoue que ton résumé me donne envie d'en savoir plus. Ajouté à ma wish-list!
    • Sia

      Super-Livraddictienne

      Hors ligne

      #3 18 Septembre 2014 13:33:08

      Ah, c'était (j'espère que ça n'existe plus) un véritable fléau en Amérique Latine. A mettre dans le même sac que les bébés volés à leur parents sous la dictature :(