#6 04 Juin 2014 17:50:25
Je constate que notre cher ami barbare a sombré dans les brumes de l'oubli. Je me permets donc de réparer cette injustice, en soufflant sur les brumes précitées !
N'oublions pas qu'il s'agit probablement de la toute première œuvre de fantasy, si l'on exclut la mythologie, bien entendu. Voilà qui mérite quelques attentions.
Comme l'a souligné Renan, Conan est un personnage plus fouillé qu'il n'y paraît. Non seulement il maîtrise plusieurs dialectes, mais en outre, il sait user de stratégies. Il ne se contente pas d'utiliser sa force brute (par ailleurs surhumaine) pour vaincre ses ennemis, il tire aussi avantage de toutes les connaissances qu'il a acquises au fil de ses voyages. A titre d'exemple, dans une nouvelle, il trace un symbole mystique sur le sol pour repousser un fauve surnaturel envoyé par un dieu mauvais.
Effectivement, comme déjà évoqué, Conan n'est pas un héros au sens classique du terme, mais davantage un anti--héros. Il se montre parfois violent, impulsif et n'hésite pas à tuer si cela sert ses intérêts (mais qui ne l'a jamais fait ?). Il représente malgré tout, pour l'auteur, un idéal. C'est l'homme brave, franc, fidèle en amitié, qui ne s'est pas laissé corrompre par la civilisation.
La civilisation, justement, y est dépeinte comme superficielle. Les citadins des grandes villes sont veules, manipulateurs, conspirateurs.
Howard considère d'ailleurs que toutes les civilisations sont destinées à chuter, pour donner naissance à une ère de barbarie, qui débouchera à son tour sur une nouvelle ère de civilisation ; et la danse se répète perpétuellement. Nous savons donc à quoi nous attendre.
L'univers dans lequel évolue Conan est difficile à situer, il est perdu entre une antiquité et un moyen âge mythiques. Le surnaturel y est donc présent, mais de façon diffuse ; il s'agit de low fantasy. De ce fait, les phénomènes inhabituels y sont d'autant plus marquants. La plupart du temps, les adversaires de Conan sont de simples bêtes ; titanesques, certes ; un fauve à l'intelligence humaine par exemple, ou un puissant singe mangeur d'hommes.
La magie n'est pas chose courante dans ce monde, les sorciers se font rares et sont craints de tous. A ce sujet, il est intéressant de noter qu'à quelques exceptions près, tout ce qui touche au surnaturel est malfaisant. Les dieux sont des démons pour la plupart et la magie est bien plus utilisée pour maudire et pour détruire que pour protéger.
On pourra reprocher quelques longueurs à certaines nouvelles. Toutes ne se valent pas, quelques-unes se répètent un peu par rapport aux précédentes. Mais la majorité mérite qu'on s'y attarde. Foi de Mirage ! (même si la bonne foi d'un mirage n'est pas nécessairement la meilleure garantie...)
Pour résumer, je vous conseille donc fortement la lecture de ce classique de la fantasy. Je rejoins Renan sur le fait qu'il vaut mieux opter pour la version originale, sans les ajouts des auteurs ultérieurs. Un peu de respect pour le travail de l'auteur, que diable !