<image>Résumé éditeurAvec Daddy Love, Oates emmène son lecteur aux frontières de l'horreur. Une horreur qui commence dans le centre commercial où Robbie, cinq ans, l'enfant chéri des Whitcomb, est enlevé sous les yeux de sa mère.Le ravisseur, un technicien du kidnapping, collectionne les petits garçons dont il se débarrasse dès qu'ils atteignent onze ou douze ans. Devenu « Gideon », Robbie va ainsi passer sept ans à « obéir » à Daddy Love afin de survivre aux traitements abominables que celui-ci lui fait subir.Mais qui est Daddy Love ? Un homme charmant du nom de Chet Cash. Pasteur itinérant de l'Église de l'espoir impérissable, dont les prêches subjuguent l'assistance, c'est aussi un citoyen actif et estimé du village de Kittatinny Falls, un artiste admiré faisant commerce d'objets en macramé (fabriqués par Gideon), un homme que les femmes trouvent irrésistible. Tandis qu'il continue allègrement « d'éduquer » ses proies.Et puis, soudain, le ciel ayant enfin, semble-t-il, décidé de se pencher sur cette affaire, Daddy Love est arrêté, Robbie retrouve sa famille. En apparence tout se passe bien? En apparence seulement, car pour nous faire vivre ce retour, Oates déploie de nouveau les raffinements d'une cruauté ravageuse que le lecteur ne manquera pas d'apprécier tout en se posant la question : Redevient-on un être normal après sept ans d'intimité avec un monstre ? Une intimité qui a par instants des résonances de complicité ??
Mon avisAprès avoir beaucoup entendu parler de Joyce Carol Oates, je me suis résolue à lire un de ses livres, que j’ai choisi un peu au hasard, je dois bien l’avouer.
Le premier chapitre est décliné trois fois avec de petites variations stylistiques, je n’ai absolument pas compris ce choix. On aurait dit que l’auteur avait hésité entre les trois versions, avant de décider de les publier toutes les trois. Du coup, c’est très répétitif et j’ai failli poser le livre. J’imagine qu’il y a une raison profonde et hautement symbolique à cette succession de chapitres quasi identiques, toujours est-il que pour le lecteur, c’est juste redondant.
La suite s’améliore, heureusement. Après le kidnapping, nous découvrons le point de vue du pédophile qui emmène sa victime avec lui. Heureusement, les scènes de viols ne sont pas décrites, juste suggérées, mais c’est néanmoins très dur à lire, surtout si vous avez des enfants. Le pauvre petit subit les pires tortures et les pires humiliations.
La force de ce livre, c’est que l’auteur n’a pas cherché a édulcorer son sujet. Le kidnappeur est un prédateur, un pédophile, sa victime un enfant sans défense et aucun héros miraculeux ne vole à son secours avant qu’il ne subisse les derniers outrages. C’est cru et dur, comme la réalité.
Le point de vue de l’enfant m’a paru particulièrement intéressant. Kidnappé trop jeune pour comprendre ce qui lui arrive, il est privé de tous repères par le psychopathe qui se fait passer ensuite pour son père et le formate peu à peu. On sent qu’il pourrait très bien devenir un psychopathe à son tour. Ça fait froid dans le dos. Malheureusement, cette partie n’est pas plus développée que ça.
Toute la partie sur le psychopathe m’a moins convaincue. C’est toujours intéressant de découvrir ce qui se passe dans la tête des tueurs, mais là on ne reste qu’en surface.
Le point de vue de la mère la victime, bizarrement, ne m’a pas trop touchée. Peut-être parce que son sentiment de culpabilité m’a paru un peu artificiel vu tout ce qu’elle a subi en s’opposant au kidnapping.
Au final, j’ai eu le sentiment d’une légère lassitude de l’auteur, comme si elle survolait son sujet sans jamais se résoudre à rentrer vraiment dans l’histoire. Elle alterne les points de vue du criminel, de la mère de la victime, et de la victime elle-même, tout cela en moins de 300 pages, du coup je suis un peu restée sur ma faim. J’ai l’impression que chaque point de vue aurait mérité un roman entier pour être vraiment approfondi. Le style ne m’a pas vraiment ébloui, c’est plutôt sobre et froid, mais je suppose que c’est cohérent avec le sujet.
Pour conclure, ce n’est pas vraiment un livre que je conseillerais, même si au final ça reste un roman intéressant sur un sujet très difficile. C’est le premier livre de Joyce Carol Oates que je lis et je pense que je n’ai pas commencé par le meilleur, j’en essaierai donc d’autres, étant donné la masse de livres qu’elle a écrit.