Retour à "la vie normale" avec le deuxième tome de
Sauveur et fils de Marie-Aude Murail.
Contexte : J'avais lu avec grand plaisir le tome 1 il y a très peu de temps et lorsque je suis tombée sur ce tome 2 d'occasion, je n'ai pas hésité une seule seconde. J'étais ravie à l'idée de retrouver les personnages et le ton de l'autrice. J'avais apprecié découvrir les patients de Sauveur avec un petit goût de nostalgie, me revoyant ado lire
Les enfants des autres de Torey Hayden. Je partais un peu la fleur au fusil...
Mon avis : Grande surprise, ce tome m'a plutôt fâchée avec l'autrice. Si j'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans le premier tome, j'ai également développé un sentiment de malaise sur certains détails de l'intrigue, certains propos et certains choix de l'autrice. Sexisme, racisme, transphobie. Bim !
- Par exemple c'est un détail, mais je trouve qu'il y a beaucoup de femmes complétement débiles... J'ai retrouvé ce cliché misogyne de la femme sotte et superficielle dans trop de personnages à mon goût : Pimprenelle, Alex et Charlie. Vraiment, à chaque fois que ces personnages s'expriment je suis mal à l'aise face à tant de bêtise et de ridicule.
- Egalement, j'ai ressenti une fois ou deux une forme d'exotisation raciste de Sauveur et cela m'a gênée. Et si je vois bien que la manière qu'il a de gérer le racisme est lié à ce personnage et son histoire, et que je pourrais donc comprendre certaines de ses réactions (jouer le jeu des racistes en parlant "petit-nègre/français-tirailleurs"), je n'apprécie vraiment pas le voir laisser un personnage être ouverterment raciste et sympa parce qu'il est vieux. Le mythe du petit vieux blanc raciste mais "raciste-sympa", moi ça me dérange.
- Et pour finir, pompon sur la Garonne, le personnage d'Elliot. Eliott est un petit garçon trans et Sauveur est tiraillé entre un diagnostic de "cette petite fille veut remplacer son petit-frère mort" et "c'est une enfant transgenre, j'ai vu ça à la télé". Alors oui c'est évident qu'il y a une énorme part de réalisme puisque les psy sont pour beaucoup incapable de se former sur ces sujets, qu'ils sont par volonté ou ignorance largement transphobes et vraiment pas volontaires pour sortir de leur vision psychanaliste à (parfois) deux balles. N'empêche que du coup, les paroles de Sauveur à l'égard d'Eliott (qu'il accepte d'appeler de la sorte avant de se raviser et de l'appeler à nouveau Ella) sont
extrêment violentes. Il parle notemment de "rentrer dans son fantasme" et il maltraite psychologiquement cette enfant, c'est assez horrible à lire.
Alors j'ai très envie de lire la suite tout de même, car j'ai de l'espoir, mais j'y vais cette fois à reculon. Quelle déception !
<image>314 pages lues