[Débat] Décision d'avoir des enfants

 
  • Mariongeo

    Magicien des lignes

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    #31 11 Avril 2022 11:40:31

    @Bouledechat

    Merci beaucoup pour cette recommandation de BD, je vais courir l'acheter !

    J'aurais pu écrire quasiment tout ce que tu viens d'écrire : cette relation fusionnelle que j'ai avec ma maman, les souffrances qui en ont découlé, l'état pas possible dans lequel je suis quand mes chats ont un soucis, la grossesse qui me terrifie, l'aspect environnemental, LA MYOPIE (je ne sais pas si c'est ton copain ou toi hihi)... on est pareilles !
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #32 11 Avril 2022 14:31:57

    D'abord une remarque préliminaire aux personnes ébahies par la bienveillance de ce thread : c'est juste que vous arrivez après la bataille, le précédent était un peu plus sportif :-)
    Mais voir autant d'activité dans celui-ci me remotive à participer, dont acte.


    Pour ma part je suis comme les cyprès : grand, triste, et je ne donne pas de fruits. :euhnon:

    La perspective de "transmettre mes tares génétiques" (et psychologiques dans mon cas) ne m'a en effet jamais paru attirante. :chaispas:

    J'ai déjà du mal à dormir suffisamment la nuit, j'ai déjà l'impression de ne pas avoir assez de temps libre (et d'argent) pour faire tout ce que je voudrais, j'ai de toute façon déjà l'habitude de ne rien faire comme tout le monde et d'être regardé bizarrement, donc non, décidément, je n'ai rien à regretter pour l'instant. :lol:

    Par contre clairement là où ça va piquer c'est quand je serai vieux. Pas de famille pour s'occuper de moi quand je vais commencer à décliner. Donc probablement un suicide anticipé à moins qu'un ersatz de covid ou autre m'emporte d'un coup bien proprement. :grat:

    Les enfants coutent cher mais ils peuvent être vus comme un investissement retraite (notre système de retraite étant basé sur le prélèvement des recettes de l'état issues de la croissance, et l'économie n'étant que de l'énergie transformée, la croissance structurelle de long terme est vouée à disparaitre après le pic de Hubbert généralisé auquel nous assistons, et avec elle la possibilité de financer les dites retraites).

    Seulement les solutions individuelles ne convergent pas gentiment en solution collective, ce serait trop beau, on se retrouve plutôt dans un cas patent de tragédie des biens communs, comme la lutte des places, ou le principe des gens qui se lèvent pour mieux voir au théâtre, alors ceux de derrière doivent se lever aussi, et au final personne ne voit mieux et tout le monde est moins confortable. :ko:

    Parce que sans un certain degré de malthusianisme assumé, bonne chance pour résoudre l'équation de Kaya sans tuer beaucoup de monde à la fin...
    Et oui désolé de vous spoiler le film. :chut:

    Il n'y a aucun scénario crédible dans lequel on ne pourrait ne serait-ce que se maintenir longtemps à 8 milliards d'individus sur la planète (rien que la baisse des intrants combinée à l'érosion des sols dans un monde déjà en tension alimentaire cela va faire des chocapics). :atable:


    Conclusion, je suis peut-être un taré du point de vue de la psychologie évolutionniste ("voluntary childlessness is the most unnatural thing that any living organism can do, including humans" d'après Satoshi Kanazawa), mais c'est grâce aux weirdos comme moi que les normies ont plus de marge de manœuvre pour faire des enfants, alors ils devraient me remercier, un peu comme les carnivores devraient remercier les vegans au lieu de les embêter parce que cela fait plus de viande disponible pour eux au final.
    D'ailleurs au Japon les hommes refusant de se marier et d'enfanter sont qualifiés d'herbivores (sōshoku danshi), la boucle est bouclée.
  • Eizen

    Livraddictien débutant

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    #33 11 Avril 2022 17:07:02

    Je voudrais en avoir, ne serait-ce que parce que je vois le bonheur durable et la joie éprouvés par les parents et grands-parents autour de moi (je parle ici de mon cercle familial).

    Il me semble que donner la vie est la décision, l'acte le plus beau qui soit, et il serait fort regrettable et triste que la chaîne s'interrompe avec moi alors que mes parents et tous mes ancêtres l'ont prolongée. Sans eux, je ne serais pas de ce monde.

    Autre élément, je n'ose imaginer dans quelles conditions mon grand-père aurait fini sa vie si ses enfants n'avaient pas pris le taureau par les cornes pour le soutenir dans cette ultime et (très) difficile épreuve. Seule, ma grand-mère de 84 ans en aurait été incapable, et c'eût été bien compréhensible.

    Bien sûr, élever un enfant demande beaucoup d'énergie et de temps (je le vois aisément avec ma nièce) mais le bonheur que l'on peut vivre à côté me paraît incomparablement supérieur.

    Enfin voilà, tout ça pour dire que je voudrais en avoir, au moins un ou deux. Mais avant cela, il va falloir sortir du célibat.
  • Sia

    Super-Livraddictienne

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    #34 11 Avril 2022 20:10:36

    Mariongeo a écrit

    Ce que je sais, c'est que si un jour je dois avoir un enfant, je n'en veux qu'un. Je suis fille unique, je n'ai pas eu l'habitude de vivre entourée d'enfant, et ce n'est pas quelque chose que j'apprécie. Toutes les fraternités que je connais ne s'entendent pas, se mettent sur la g***, et moi ça je ne veux pas. Je n'aime pas le conflit, je ne veux pas d'une vie où je dois faire la police constamment entre mes deux enfants.


    Sans vouloir te faire changer d'avis, mais juste pour que tu saches que OUI, ça peut exister : j'ai trois petits frères et on s'entend vraiment, vraiment bien. On a quelques années d'écart (3, puis 7, puis 11) et si des fois on se prenait la tête (parce que parfois ils ne reconnaissaient pas mon autorité de chef, non mais =D), c'était toujours passager. La pire engueulade avec n°1, on s'est pas parlé pendant 3 jours. Il y avait des petites chamailleries tout le temps hein, mais les parents nous disaient "on va pas vous ramener au magasin, donc faites un petit effort"... et ça passait comme ça bien souvent.
    C'était très dur pour moi quand je suis partie pour mes études, de plus partager ma chambre avec n°1, de plus faire des conneries tous les quatre quand on se brossait les dents, et de pas voir n°3 grandir (puisqu'il n'avait que 7 ans quand j'ai quitté la maison). Depuis c'est la joie quand on se retrouve (on habite tous loin les uns des autres malheureusement), on se parle tous les jours (même si c'est que par sms) et je ne peux pas imaginer ma vie sans mes frangins.

    Du coup j'en profite pour dire aux parents du topic que c'est pas grave si vos enfants ont des bisbilles qui ont l'air terribles, ça peut s'arranger plus tard !

  • Bouledechat

    Passionné du papier

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    #35 12 Avril 2022 10:01:04

    Mariongeo : XD Et oui, la myopie, c'est moi...

    FloXy : C'est justement en comparaison au précédent que je disais ça pour ma part ! Et oui, même si tu emploies plein de mots et de concepts que je ne comprends pas (:angel:), l'idée est là, tout ça fait peur et comme tu dis, je ne vois pas non plus de scénario crédible dans lequel tout ça s'arrange comme par magie. Après mon compagnon fait lui le constat que les femmes font quand même de moins en moins d'enfants dans nos pays, et que la population en baisse ne sera plus capable de faire tourner la machine à terme pour tous les vieux qui seront encore là. Finalement, quel que soit le scénario, on fonce dans le mur :tetemur: . Ca fait peur. :'S

    Eizen : Je suis d'accord avec toi : c'est la décision et l'acte les plus beaux qui soient, j'en suis persuadée pour ma part. C'est bien pour ça que de mon côté, étant pessimiste sur le bon déroulé de la chose, je préfère ne pas prendre cette décision ; qu'elle soit prise par des gens qui y croient un minimum, et qui se donnent les moyens d'assumer correctement cette décision derrière, et c'est exactement ce que je te souhaite ! :ok:
    Et pour la question des grands-parents oui je suis d'accord, je suis très proche de ma grand-mère et je suis très heureuse d'être là pour la soutenir aujourd'hui. Après, quand ça me concernera et que je serai seule pour finir mes jours, ben ça ne concernera que moi, je serai coupable et victime en quelque sorte :emb: (Mais je pense que j'aurais adoré être mamie :P )
    Et oui, une famille heureuse c'est une des plus belles choses qui soient. Je te souhaite de trouver le ou la partenaire idéal et de la fonder ! :-)

    Sia : Ah ça, vaste sujet les fratries, en effet ! Ca dépend tellement des personnalités... J'adore mon frère et ma sœur et je suis très proche des deux, mais entre eux ça ne colle pas, ça n'a jamais collé, ils sont beaucoup trop différents et ont grandi en étant toujours en compétition l'un avec l'autre, et comme ils ne fonctionnent pas pareil, persuadés que l'autre était forcément à côté de la plaque, à être incapables de se pardonner leurs défauts respectifs. Après, quand il arrive quoi que ce soit d'un peu grave à l'un ou à l'autre, c'est la panique, ils tiennent véritablement l'un à l'autre, mais au quotidien ce n'est pas ça. Donc oui, comme dans ton cas (et c'est trop chouette ! :-)) je connais plein d'exemples de fratries très unies, mais j'en connais d'autres où ça n'a jamais fonctionné, quand bien même ils seraient tous des gens très bien. Donc même si on les élève dans tout l'amour possible on ne peut pas forcément compter dessus absolument, c'est triste... :'S Mais quand ça marche oui c'est super ! :ok:
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #36 12 Avril 2022 10:59:12

    Bouledechat a écrit

    Après mon compagnon fait lui le constat que les femmes font quand même de moins en moins d'enfants dans nos pays, et que la population en baisse ne sera plus capable de faire tourner la machine à terme pour tous les vieux qui seront encore là.


    Oh je ne m'inquiéterais pas trop pour ça, bien assez de gens vont venir chez nous pour compenser, on sera tranquille :goutte:
    Et accessoirement l'espérance de vie devrait diminuer assez rapidement. Elle décline déjà aux USA.
    On pourrait même se retrouver à terme dans une sorte de transition démographique inversée, genre au 22° siècle les femmes feraient une dizaine d'enfants pour espérer en voir 2 ou 3 atteindre l'âge adulte, comme au moyen-âge. :S
    Parce qu'on nous vend une belle "transition énergétique vers un monde 100% renouvelable" sans nous expliquer que c'est un retour au moyen-âge, et à la mortalité infantile qui va avec. :chut:


    Sinon moi je suis fils unique, ça se voit ? ::sifflote:

  • Eizen

    Livraddictien débutant

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    #37 12 Avril 2022 16:17:20

    Bouledechat a écrit

    Eizen : Je suis d'accord avec toi : c'est la décision et l'acte les plus beaux qui soient, j'en suis persuadée pour ma part. C'est bien pour ça que de mon côté, étant pessimiste sur le bon déroulé de la chose, je préfère ne pas prendre cette décision ; qu'elle soit prise par des gens qui y croient un minimum, et qui se donnent les moyens d'assumer correctement cette décision derrière, et c'est exactement ce que je te souhaite ! :ok:
    Et pour la question des grands-parents oui je suis d'accord, je suis très proche de ma grand-mère et je suis très heureuse d'être là pour la soutenir aujourd'hui. Après, quand ça me concernera et que je serai seule pour finir mes jours, ben ça ne concernera que moi, je serai coupable et victime en quelque sorte :emb: (Mais je pense que j'aurais adoré être mamie :P )
    Et oui, une famille heureuse c'est une des plus belles choses qui soient. Je te souhaite de trouver le ou la partenaire idéal et de la fonder ! :-)


    Merci pour ton message, c'est gentil ! :-) Sache que je respecte ton choix et le comprends très bien, et te souhaite d'être heureuse quelle que soit l'orientation que tu prendras au final (je vois que tu es jeune, et il se peut que l'on change d'avis, dans un sens ou dans l'autre).

  • Nathalie

    Ex-Team

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    #38 14 Avril 2022 12:24:31

    Chouette que cette discussion continue !  Merci pour tous ces témoignages !  Certains me touchent beaucoup, notamment ceux qui ne veulent pas d'enfants parce qu'ils ont eu des problèmes dans leur relation avec leurs propres parents...  :'S :derder:   

    Trois petites réponses :

    - pour les fratries : on s'attend souvent à ce que les frères et soeurs soient d'office des "amis", et c'est vrai qu'une fratrie part avec un avantage : ils se sont construits dans un même environnement et les souvenirs partagés créent des liens. Mais c'est loin d'être automatique, parce que c'est avant tout une question de personnalité. Je ne pense pas que ce soit juste pour des parents de s'attendre à ce que les frères et soeurs s'entendent d'office bien, mais à l'inverse il faut pas généraliser non plus en disant qu'avoir un frère ou une soeur c'est forcément l'enfer ! C'est comme pour tout en ce qui concerne les enfants, c'est purement une question de chance, on tombe sur tout :D  (j'ai un frère et une soeur et nos relations ont beaucoup fluctué avec le temps)

    - Pour les ceusses qui ne veulent pas d'enfant mais ont peur de mal vivre leur vieillesse :  déjà il faut se rappeler qu'avoir des enfants coûte très cher sur le long terme (mes parents disaient toujours : un enfant = une maison, mais je sais pas si c'est encore d'actualité avec la hausse des prix de l'immobilier :D). Donc si on est prévoyant on peut très bien mettre cet argent de côté et s'assurer d'une vieillesse assistée et comfortable quand ce sera nécessaire. Et en ce qui concerne la solitude, ne pas avoir d'enfants c'est aussi avoir beaucoup plus de temps libre pour se faire des relations en-dehors de la famille !

    - Pour les considérations concernant l'environnement : je me suis aussi beaucoup posé la question, mais au final je me dis que si seuls les gens qui s'en foutent de l'environnement ont des enfants, l'humanité est foutue  :(  Je préfère avoir un/des enfants que j'aurai conscientisé et qui, je l'espère, rendront le monde un tout petit peu meilleur.

    Mais comme je disais plus haut, tout ceci n'est que mon point de vue, qui pourrait peut-être profiter à quelqu'un d'autre dans ses réflexions, mais sans aucun jugement pour ceux qui voient les choses autrement. C'est vraiment le type de débat où la seule raison de discuter devrait être "regarde, moi c'est comme ca que je vois et que j'ai vécu les choses, regarde un peu si ca peut coller à ta propre situation et t'aider à prendre ta propre décision, parce que c'est un choix tellement difficile à faire que toutes les infos devraient être les bienvenues"  :)
  • Mariongeo

    Magicien des lignes

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    #39 14 Avril 2022 15:21:55

    Nathalie a écrit

    Mais comme je disais plus haut, tout ceci n'est que mon point de vue, qui pourrait peut-être profiter à quelqu'un d'autre dans ses réflexions, mais sans aucun jugement pour ceux qui voient les choses autrement. C'est vraiment le type de débat où la seule raison de discuter devrait être "regarde, moi c'est comme ca que je vois et que j'ai vécu les choses, regarde un peu si ca peut coller à ta propre situation et t'aider à prendre ta propre décision, parce que c'est un choix tellement difficile à faire que toutes les infos devraient être les bienvenues"  :)


    Tout est dit :heart:

  • Cali a lu

    Improvisateur de marque-pages

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    #40 14 Avril 2022 15:55:41

    Tous ces témoignages sont super intéressants à lire, mais j'y retrouve une chose à laquelle j'ai dû faire face toute ma vie, c'est la justification de ne pas vouloir d'enfants. Pourquoi doit-on se justifier ? Ne peut-on pas ne pas vouloir d'enfants, point ? Quand quelqu'un dit qu'il veut des enfants, on ne lui demande pas pourquoi, en général.

    Toujours est-il que je n'ai jamais voulu d'enfants. J'ai toujours ressenti le fait d'avoir d'avoir des enfants comme une punition. Je n'ai pas envie d'être enceinte, encore moins d'accoucher et encore moins subir tout ça pour me retrouver coincée avec un enfant à élever.
    Bien sûr, je comprends tout à fait que des gens en veuillent, ça reste dans la nature des choses. Ce que j'aimerais serait qu'on arrête d'harceler les gens pour qu'ils fassent des enfants. Si encore l'espèce humaine était en voie de disparition, je ne dis pas, mais là ? Cette pression sociétale n'a plus lieu d'être, à mon sens, et elle pousse à des dérives, car il y a, du coup, des personnes qui font des enfants alors qu'elles n'en voulaient pas et qui se retrouvent coincées, des personnes qui en font alors qu'elles ne sont pas encore prêtes et qui, de ce fait, regrettent d'avoir eu un enfant alors qu'elles en voulaient. Une élève, une fois, m'a dit qu'elle aurait un enfant le plus rapidement possible, comme ça elle serait débarrassée.

    En résumé, pour moi, tu veux des enfants ? C'est cool ! Tu n'en veux pas ? C'est cool aussi ! Tu changes d'avis toutes les dix minutes ? C'est tout aussi cool !

    Sur une touche plus personnelle, puisque vous avez eu le courage de partager votre vécu, je vais en faire de même.
    Je suis une femme, j'ai 37 ans et je n'ai jamais voulu d'enfants. Je n'ai pas vécu de grand drame par rapport à cela, mais je n'ai pas toujours assumé. Plus jeune, quand on parlait d'avoir des enfants, ce n'était pas "est-ce que tu en veux?", mais "combien tu en veux?". Je ne comprenais pas que tout le monde en veuille forcément, sauf moi, alors je me taisais et répondais comme tout le monde "deux ou trois" parce que c'était dans la moyenne. Je n'ai osé le dire qu'à partir de mes 23/24 ans. Et, à partir de là, j'ai eu droit à tout le truc habituel : tu vas changer d'avis ; tu dis ça maintenant, mais tu verras quand tu auras trouvé l'homme de ta vie ; tu vas le regretter ; sans enfant, ta vie n'a aucun sens ; qui s'occupera de toi quand tu seras vieille ? ; tu dis ça pour rigoler, mais en vrai, tu en veux combien ?
    Et il a fallu que je me justifie. Tout le temps ! Ce qui m'a tout de même permis une chose : mon envie de ne pas avoir d'enfants est super réfléchie (et je crois que tout le monde devrait réfléchir su ce point, même ceux qui en veulent). Je n'en veux pas parce que c'est une perte d'argent, de temps et de liberté. Je n'en veux pas parce que le monde dans lequel on vit est pourri (et il ne va pas en s'améliorant) et que je n'ai pas envie d'infliger cela à qui que ce soit (surtout à quelqu'un que je suis censée aimer). Et je n'en veux pas parce qu'il y a déjà trop d'humains sur cette terre, ce qui n'est bon ni pour les humains, ni pour la terre. Et puis, je travaille dans le pire lycée pro de mon académie, et quand on voit nos élèves, c'est malheureux à dire, mais ça ne donne vraiment pas envie d'en avoir (j'ai vu un collègue faire une grosse crise d'angoisse un jour où, au milieu des larmes, il répétait sans cesse "imagine, mes enfants deviennent comme ça... imagine, mes enfants deviennent comme ça").
    Bon, il y a quand même eu des discutions assez drôles. Une fois, on m'a sorti : "ah oui, moi aussi, avant, je pensais que j'allais finir vieille fille, mais tu verras quand tu auras trouvé l'homme qu'il te faut..." Ben merci, mais ne pas vouloir d'enfants ne veut pas dire finir vieille fille... Jamais, auparavant, je n'aurais imaginer qu'on me taxerait de vieille fille à trente ans ! :D Une fois encore, une femme m'a dit, toute embêtée pour moi, "mais on ne te souhaitera jamais la fête des mères !" Il s'avère qu'elle avait eu un gosse essentiellement pour cela... Je me souviens aussi de la fois où on m'a sérieusement dit que je tomberai dans l'oubli si je n'avais pas d'enfants. Pour le coup, je ne suis pas hyper fière de moi. Elle insistait tellement pour me faire changer d'avis que je ne me suis plus contentée des réponses habituelles et que je lui ai tout renvoyé dans les dents. Comme l'histoire de l'oubli était le dernier truc qu'elle avait dit, je suis partie de là. Je lui ai donc demandé comment s'appelait son arrière grand-mère paternelle. Comme elle n'a pas su me répondre, je lui ai dit qu'avoir des enfants ne l'empêcherait absolument pas de tomber dans l'oubli. Elle ne souriait déjà plus mais j'ai continué à démonter tous ses arguments. J'avoue que ça m'a fait un bien fou mais cette pauvre fille pleurait à la fin. Depuis, je ne dis que mes réponses bateaux, même si on ne me pose plus guère la question depuis mes 32 ans environ.

    Il y a eu un retournement de situation l'année dernière quand j'ai déclaré mon cancer de l'utérus. Il s'avère que beaucoup de mes connaissances ne m'ont pas crue quand je disais ne pas vouloir d'enfants puisqu'ils sont tous arrivés pour me dire "tu vois, tu aurais dû faire des gosses plus tôt ! Maintenant, tu ne pourras plus jamais." ou pour savoir si je ne déprimais pas trop à l'idée que je ne pourrais plus avoir d'enfants. Je pense que c'est censé être gentil de leur part, mais c'est agaçant parce qu'on est revenu en arrière. Quand je réponds que non, puisque je ne veux pas d'enfants à la base, ça ne me déprime pas, bien au contraire, on me rétorque à nouveau "ouais, tu dis ça, mais en fait..." Mais avoir un cancer, c'est déjà assez déprimant comme ça, pas la peine d'en rajouter. Surtout que je voyais ça comme le seul point positif de ce fichu cancer ! (Avec le fait de ne plus avoir mes règles, mais ça c'est un autre sujet tabou)

    Bref, je suis partie dans tous les sens et ai écrit un gros pavé juste pour dire que ne pas vouloir d'enfant est tout aussi valable qu'en vouloir et qu'on ne devrait pas avoir à se justifier, ni dans un sens, ni dans l'autre.