[Jenni, Jean-François] L'aigle éparpillé

Le résumé me tentait beaucoup car j'aime lire des romans historiques. Celui-ci avait donc tout pour me plaire. En effet, l'action début un peu avant la Seconde Guerre Mondiale avec la montée de la doctrine nationale-socialiste et elle continue jusque dans les années 90. Nous avons donc une vision assez globale du XX siècle.


Le début du roman m'a fait penser à celui d'un film où nous voyons le personnage principal, généralement vieux et/ou mourant, revenir sur ses souvenirs de jeunesse, sur sa vie passée. J'apprécie dès fois que l'histoire ne commence pas tout de suite dans l'action et nous laisse le temps de nous familiariser un peu avec les personnages et leur situation actuelle afin de mieux comprendre, par la suite, pourquoi ils sont ainsi. Par ailleurs, j'ai trouvé que le style d'écriture est assez "imagé". Je m'explique. J'arrivais à visionner les actions, les souvenirs et autres comme dans un film. Pourtant, il n'y a que très peu voire pas du tout de descriptions des lieux ou des personnages. De plus, j'ai trouvé intéressant que l'auteur mette en italique les moments qui ont marqué le narrateur. Ainsi, on comprend mieux sa façon d'être et d'agir. Toutefois, je m'interroge sur ce choix.


Néanmoins, ce qui m'a le plus plu dans ce livre est le travail de recherches qu'il y a derrière le livre et qu'on sait vraiment énorme. Cela rend le livre très intéressant. L'auteur parle de sujets assez variés mais qui ont tout de même un lien avec l'intrigue. Il parle des théories médicales mais aussi raciales développées par les nazis. Il y a également des passages juridiques voire constitutionnels qui m'ont pas mal passionné et notamment sur l'organisation de la Suisse avec les communes, les cantons, le niveau fédéral, leurs interactions, le fonctionnement de la police. Certains points m'ont rappelé mon cours de droit constitutionnel. Ces moments n'ont en rien ralenti ma lecture. J'ai également été étonnée par le foisonnement d'évènements historiques dont je n'avais même pas connaissance (comme l'invasion des Russes en Afghanistan, ...). En outre, la fiction se mélange parfaitement à la réalité. Je suis même allée vérifier si Franz Hartmann avait réellement existé.


Parfois, j'ai eu tout de même beaucoup de mal avec certains passages. En effet, l'auteur n'enjolive pas la réalité et surtout celle des camps de concentration. Il ne cache rien des horreurs qui ont été commises par le héros. Ce dernier m'a d'ailleurs laissé aussi indifférente et insensible qu'il a pu l'être. Je ne me suis pas spécialement attachée et, bizarrement, sans trop savoir pourquoi, je ne l'ai pas non plus détesté. En revanche, j'ai beaucoup apprécié son fils, Armand. J'ai eu beaucoup de peines pour lui quand il a appris qui était réellement son père. J'ai adoré la fin, un peu happy end. J'aimerai bien savoir ce qui va arriver à Armand et Siloa.


J'ai vraiment apprécié cette lecture. Ce fut aussi captivant que intéressant.