#1 12 Mars 2011 12:17:15
<image>1949. Munich rasée par les bombardements et occupée par les Américains se reconstruit lentement. Bernie Gunther aussi : redevenu détective privé, il vit une passe difficile. Sa femme meurt, il a peu d'argent et surtout, il craint que le matricule SS dont il garde la trace sous le bras ne lui joue de sales tours. Une cliente affriolante lui demande de vérifier que son mari est bien mort, et le voici embarqué dans une aventure qui le dépasse. Tel Phil Marlowe, et en dépit de son cynisme, Gunther est une proie facile pour les femmes fatales. L'Allemagne d'après-guerre reste le miroir de toutes les facettes du Mal et le vrai problème pour Gunther est bientôt de sauver sa peau en essayant de sauver les apparences de la morale. Atmosphère suffocante, hypocrisies et manipulations, faits historiques avérés façonnés au profit de la fiction : du Philip Kerr en très grande forme.
Avant de commencer, je tenais à souligner que la suite est véritablement à la hauteur des trois autres tomes. Il est vrai que les prolongements de série me font un peu peur car j'ai quelques appréhensions. Sera-t-elle aussi bien que les premiers ouvrages ? J'ai pu retrouver, avec plaisir, les deux points positifs de ces romans. Je les évoquerai successivement.
Premièrement, c'est véritablement l'Histoire, le contexte historique qui me charme à chaque fois. J'aime beaucoup les romans historiques et notamment ceux qui se déroulent durant la Seconde Guerre Mondiale. Philip Kerr nous offre une fresque sublime de l'Allemagne nazie. Elle a commencé pendant le Jeux Olympiques de 1936, pour se poursuivre, dans La mort, entre autres, en 1949. L'Allemagne est divisée en zones d'occupation et la vie essaie, plus ou moins difficilement, de reprendre son cours. On sent derrière ce roman un énorme travail de recherche sur la Camaraderie, les recherches médicales sur la malaria, ... Cela rend le roman véritablement intéressant. Mais, pour aller encore plus loin, ces recherches donnent à la fiction un goût de réalité. Certes, certains faits, certaines personnes évoqués ont réellement existé. Mais Bernie Gunther et ses aventures sont de la fiction. L'auteur réussit le tour de force de nous "embrouiller". En effet, plusieurs fois, je me suis demandée quand s'arrête la réalité et ou s'arrête la fiction. C'est déroutant mais c'est un régal à lire.
Sur la trame de fond du roman, je dirais que j'ai vraiment été happé dès les premières pages. L'ensemble est extrêmement bien ficelé. Tous les éléments nous sont donnés au fur et à mesure, même le plus infime des détails a son importance. Tous les personnages présentés jouent un rôle, ... Le dénouement final m'a vraiment laissé sans voix. Puis, en y réfléchissant et avec un peu de recul, je me suis dit que cela ne pouvait se finir qu'ainsi. Il reste encore un tome, Une douce flamme, et j'ai vraiment hâte qu'il sorte en Poche pour connaître la suite.
Le personnage principal, Bernie Gunther, est le deuxième point positif. C'est lui qui fait l'attrait du roman. Son cynisme à tout épreuve ainsi que son ironie sont un véritable délice à lire. J'ai eu l'impression que, dans ce tome, il s'en est donné à coeur joie à comparer des autres. Il faut dire que la situation de son pays s'y prête mais également sa vie. Par ailleurs, je l'ai trouvé plus attachant que jamais dans ce tome pour plusieurs raisons. Pêle mêle, je peux citer : le décès de sa femme, sa situation en tant qu'ancien SS, ... Par ailleurs, il nous apparaît comme un personnage profondément proche de nous. En effet, la façon dont l'auteur le décrit, notre détective préféré est parfaitement "humain". Pour le dire autrement, il n'est pas idéalisé. Ce n'est pas un héros, sans défaut, qui fait toujours le bien autour de lui, ...
Je referme ce livre totalement enchantée et déçue qu'il se soit fini si vite. Il faut dire qu'une fois commencée, je n'ai pas eu le courage, ni même l'envie, de le mettre de côté ne serait-ce que cinq minutes. Les pages s'avalent à une allure folle. Un aspect que j'ai aimé du roman et que j'évoque rapidement est les questions que l'auteur nous amène à nous poser sur de tels régimes. Qu'aurions-nous fait ? Les dernières phrases du roman sont assez significatives.