La véritable histoire de Peter Pan

 
  • la grotte des livres

    Néophyte de la lecture

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    #11 17 Septembre 2011 19:28:14

    L'ambiance est très bien rendue, il y a assez de mystères pour nous donner envie de lire la suite !
  • Arcaalea

    Petit chimiste des mots

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    #12 20 Septembre 2011 14:40:59

    Chapitre 5 : Sans-Nom

    Corentin courait à en perdre haleine à travers l’immense forêt, s’écorchant maintes et maintes fois les bras et les jambes. Les vêtements qu’il avait volés à un orphelin d’OrphanTown étaient à présent en lambeaux, et le jeune garçon avait peur de la future réaction de Diana devant ce spectacle désolant.
    -    Mais non, pensa-t-il pour se rassurer. Quand elle saura qui il avait ramené avec lui, elle oublierait très vite tout cela.
    Quand il arriva enfin à la lisière de la forêt, Corentin entendit les sons coutumiers de musique venant de sa ville. OrphanTown peuplait tous les orphelins de l’île,  bons ou mauvais, et il était habituel que de nombreuses fêtes aient lieux dans divers endroits de la ville. Des tavernes apparaissaient à chaque coin de rue pour que les habitants soient un peu moins tristes et pour les aider à survivre dans ce monde si… Cruel.
    Corentin respira un grand bol d’air pour se donner du courage et écarta doucement les plantes se situant juste devant lui quand, soudain, une main se plaqua devant sa bouche pour l’empêcher d’hurler et un bras l’emporta dans l’obscurité inquiétante de la forêt.
    Corentin se débattait et mordait la main de son agresseur qui hurla de douleur et le lâcha enfin.
    -    Je vais l’étriper, gronda une voix grave.
    -    … Calme-toi, lança une voix féminine et douce. Demandons-lui d’abord des explications avant de nous énerver.
    Corentin se retourna pour apercevoir Diana en compagnie de…
    -    Sans-Nom ?
    Cet homme était craint de tous, peu de personnes le connaissaient mais on savait qu’il se battait comme nul autre et que les gens qui lui cherchaient querelles ne revenaient jamais en un seul morceau.
    Un frisson de crainte envahit le garçon tandis qu’il se rapprochait de Diana à la recherche d’une quelconque protection.
    -    Diana, murmura-t-il, qu’est-ce que tu fais avec lui ?
    -    Où est-elle ? Fit de nouveau la voix dure de l’homme imposant en face de Corentin, sans laisser le temps d’une quelconque réponse.
    -    De… De qui parlez-vous, Sans-Nom ?
    Diana souffla d’impatience et secoua Corentin par le bras.
    -    Nous te parlons de la jeune fille que tu as enlevé pour nous ne savons quelle obscure raison !
    Bien, apparemment, Diana n’avait pas l’air si heureuse que cela.
    -    Mais… Diana… Si je l’ai fais, c’est pour nous sauver, tu le sais bien !
    Sans-Nom s’approcha des deux jeunes gens et Corentin pu enfin voir son visage, qui habituellement était caché derrière un grand capuchon. Il n’était aucunement effrayant. Les traits fins de son visage n’étaient nullement laids, comme le racontait certaines commères, et il n’y avait que ses yeux sombres et son regard dur qui justifiaient la peur à l’encontre de sa personne.
    Diana se plaça devant Corentin, pour faire face à cet individu, si impressionnant.
    Corentin avait rencontré Diana dés son arrivée sur l’île. Il n’était âgé que d’un an, et Diana qui elle avait à l’époque à peine dix ans, l’avait tout de suite prit sous son aile. Ayant à présent vingt ans, Diana était femme remarquablement jolie. Son teint mat et ses cheveux blonds faisaient d’elle l’une des orphelines les plus désirées d’OrphanTown.
    Bien sur, elle semblait avoir vingt ans, mais tous savaient que sur l’île, le temps ne passait pas normalement comme dans l’autre monde.
    Diana lui avait raconté qu’à l’époque où Peter Pan existait encore, aucun des habitants de l’île ne vieillissait. Puis, un jour, personne ne sachant vraiment pourquoi, les gens s’étaient mis à vieillir. Oh, bien sur, pas aussi rapidement que dans le monde normal, mais ils grandissaient tout de même, de façon inéluctable.
    -    Ce n’est qu’un gamin, Sans-Nom, il ne sait pas ce qu’il fait !
    -    Il devrait pourtant se rendre compte qu’il a détruit la vie d’une innocente. Sais-tu qu’elle ne pourra plus jamais repartir de cette île maudite ?
    Corentin entendit clairement les remontrances de cet homme si impressionnant et se mordit doucement les lèvres. Oui, il savait qu’il avait prit des risques. Mais il fallait tout de même essayer. Elle seule saurait retrouver Peter Pan… Et les sauver tous !
    -    Où est-elle ? Demanda finalement Sans Nom.
    -    Je l’ai laissé à une demi-heure d’ici, dans la forêt. Mais elle ne risque rien, rajouta Corentin sur la défensive devant les yeux noirs que lui faisaient Diana et Sans-Nom, je l’ai laissé auprès de Clochette.
    Sans-Nom leva les yeux au ciel tandis que Diana sermonnait son petit frère adoptif.
    -    Clochette ? Je croyais que nous en avions déjà parlé, Corentin. Clochette n’existe pas. C’est un mythe, tout comme Peter Pan !
    Corentin s’énerva à son tour. Il croyait, comme encore beaucoup de personnes, en la légende de Peter Pan, de Clochette et de Wendy.
    -    C’est faux ! Et Wendy saura le retrouver !
    Sans-Nom se retourna pour regarder le garçon, comme si il avait dit quelque chose d’insensé.
    -    Comment l’as-tu appelé ?
    -    Mais par son nom. Elle s’appelle Wendy, je l’ai retrouvé !
    Diana secoua la tête d’un air résigné.
    -    Conduis-nous à elle, murmura dans un souffle Sans-Nom.

    Marianne se réveilla brusquement, une douleur saisissante lui tambourinant le crâne. Elle se passa la main derrière la tête et grimaça de douleur. Mais qu’est ce qu’il lui était arrivé ?
    Elle se leva avec difficulté… Pour retomber quelques secondes plus tard, de tout son long. Elle était encore habillée de sa longue robe de soirée, et il semblait qu’elle se trouvait dans une forêt. Cela n’était pas vraiment une tenue préconisée pour ce genre d’endroit.
    Qu’est-ce qu’elle fichait dans une forêt ?
    Marianne tenta de se concentrer pour essayer de se souvenir et…
    -    Le petit garçon !
    Oui, c’était ce gamin qui l’avait suivit, il l’avait appelé par elle ne savait plus qu’elle nom et puis… Plus rien.
    Elle s’était réveillée dans cette terrifiante et sombre forêt et elle était seule.
    Un vent de panique commença à la traverser.
    -    Ouh ouh ! Hurla-t-elle. Il y a quelqu’un ?
    Aucune réponse.
    Marianne avait peur. Jamais elle n’avait vécu ce genre de situations. Elle savait se débrouiller toute seule dans une ville mais dans un endroit comme celui-là, sauvage et inconnu…
    La jeune fille réussit finalement à se lever et fut prise d’une quinte de toux.
    -    Non ma vieille, fit Marianne dans un souffle, tu n’as pas intérêt à faire une crise d’angoisse maintenant.
    Depuis quelques années, elle était victime de crises de stress qui la prenaient dans les moments les plus incongrus.
    Tandis qu’elle essayait de se calmer, elle observa un peu plus les lieux et regarda le ciel. Un frisson d’épouvante la transperça de toutes parts.
    -    Non, c’est impossible !
    Nous étions au beau milieu de la nuit, et au lieu d’avoir une belle lune lumineuse il y en avait…
    -    Trois ?! Mais, où est-ce que je suis ?
    Marianne était à présent vraiment en panique. Tout ce qui lui arrivait était tout bonnement impensable pour son esprit si objectif. Il devait y avoir une bonne explication à ce phénomène…
    Marianne toussa de plus belle et s’assit à même le sol en fermant les yeux.
    -    Rien de tout cela n’est vrai, tu vas ouvrir à nouveau les yeux et tu seras chez toi, dans ton lit.

    Corentin, Diana et Sans-Nom marchaient d’un pas hâtif vers l’endroit où devait se trouver la fameuse « Wendy ».
    Sans-Nom était le premier de la file et coupait hargneusement les branches qui se trouvaient sur leur passage tandis que Diana faisait la morale à Corentin.
    -    Tu es parti comme ça, sans ne rien dire à personne. N’as-tu pas pensé à l’inquiétude que j’ai pu ressentir ? J’ai même commencé à me demander si tu n’avais pas été enlevé par le capitaine…
    -    … Ne prononce pas son nom, je t’en prie ! Souffla Corentin, une pointe d’inquiétude dans la voix.
    -    Combien de fois devrais-je te dire que l’existence de Peter Pan et de Wendy n’est qu’une légende. Personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé et nous n’avons aucune preuve de son existence !
    -    Mais toutes ces histoires, Diana. Toutes ces croyances à propos de Wendy, notre mère et du retour de Peter Pan. Tous disent que ce sont nos guides, qu’ils nous sauveront !
    Diana commença à baisser les bras. Il était très dur pour des croyants, comme l’était Corentin, d’arrêter de croire à cette fable. Cela leur mettait du baume au cœur et ils réussissaient à garder espoir devant toutes les atrocités de leur vie sur l’Ile.
    -    Ne me dis pas que tu n’y crois pas un peu, Diana. C’est toi qui m’as raconté les grandes aventures de Peter Pan.
    -    Oui, tout comme on me les a racontés, ce n’est qu’une légende. Et de toutes manières, tu connais comme moi la fin de l’histoire. Peter Pan, après avoir découvert que sa précieuse Wendy avait grandi et s’était mariée, a perdu tout courage et toute imagination. A son retour au pays imaginaire, il n’a plus volé, et c’est à ce moment là que les habitants de l’île ont commencé à vieillir…
    Corentin aimait entendre de la bouche de Diana toutes ces histoires. Il aimait à penser qu’elles étaient vraies.
    -    Oui, mais Peter Pan n’est pas mort ! Il existe toujours !
    -    Qui te dit qu’il est encore en vie ? Personne ne l’a plus revu depuis plus d’un siècle ! Les enfants perdus ont grandi, et ils sont désormais adultes. Il y a désormais des adultes sur l’île et de moins en moins d’enfants perdus. Dans l’autre monde, la vie a changé, plus personne ne croit en nous. Et nous vieillissons petit à petit. Nous mourrons un jour, tout comme eux.
    -    Mais c’est pour cela ! Diana, Clochette est venue à moi et elle m’a aidé à retrouver Wendy !
    -    Corentin ! Gronda la belle jeune femme. Premièrement, à l’heure qu’il est, la véritable Wendy doit être morte depuis bien longtemps, et ensuite, cette fée que tu appelles Clochette n’est sûrement qu’une petite peste qui a voulu te jouer un vilain tour voyant à quel point tu crois à toutes ces bêtises !
    Corentin allait répondre quand, brutalement, il se heurta à Sans-Nom qui leva la main droite pour leur faire signe de se taire.
    -    Que se passe-t-il ? Murmura Diana, une pointe d’inquiétude dans la voix.
    -    J’entends des bruits.

    Marianne était pétrifiée sur place. Devant elle, la silhouette imposante, se trouvait un homme. Il n’était habillé que de quelques peaux à la manière des indiens et la regardait d’une manière qui glaça d’effroi la jeune fille.
    L’homme aux longs cheveux sombres s’avança encore un peu plus vers Marianne qui hurla et tenta de s’échapper.
    L’indien l’attrapa, vif comme l’éclair, et la plaqua sous lui à même le sol. Elle ne pouvait plus bouger et sentait l’haleine chaude de son agresseur.
    Soudain, le sauvage grimaça de douleur et se releva. Marianne ouvrit les yeux, et ce qu’elle vit la scia sur place.
    Un homme, habillé d’un grand manteau noir et dont le visage était caché par une sorte de grande capuche, combattait férocement l’indien. Il se débrouillait d’ailleurs très bien et le sauvage sans alla bien vite, non sans crier à l’adresse de l’inconnu des paroles incompréhensibles pour Marianne mais qui devaient certainement être des insanités, vu le ton de sa voix.
    Marianne marcha à reculons et se cogna contre…
    -    Wendy ! Vous allez bien ?
    Quand elle vit le visage de celui qui l’avait agressé en pleine rue et qui était à l’origine de tous ses malheurs, Marianne s’écarta rapidement. Non sans lui lancer un regard haineux.
    -    Ne m’approchez pas ! Je ne sais pas qui vous êtes, mais cessez de m’appeler par ce nom stupide !
    Une autre quinte de toux la reprit et des larmes d’agacements s’échappèrent de ses yeux sans qu’elle ne puisse rien y faire.
    Une jeune femme se trouvait aux côtés du garçon, elle s’avança doucement mais Marianne brandit un bâton pour l’empêcher d’approcher.
    -    Calmez-vous, je vous en prie. Vous n’avez rien à craindre de nous.
    -    Qui êtes-vous ? S’écria alors Marianne. Ce qui ne fit qu’entraîner une autre crise de toux.
    Des bras puissants venant de derrière elle lui firent lâcher le bâton. Elle tenta vainement de le combattre mais toute force l’avait abandonné.
    Elle tomba peu à peu dans un malaise et la dernière chose qu’elle vit fut l’étonnement dans le regard profond de l’homme qui l’avait sauvé…
  • Arcaalea

    Petit chimiste des mots

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    #13 26 Septembre 2011 18:03:05

    Chapitre 6 : Discussion avec Diana

    Le chant d’un oiseau réveilla Marianne en douceur.
    Elle ouvrit les yeux lentement tout en étendant son corps endoloris. Tout ceci n’avait été qu’un cauchemar, évidemment.
    Marianne se lèverait, marcherait en direction de la cuisine où sa mère, comme à son habitude, chanterait un de ses tubes préférés des « années 60 ».
    Cette belle image disparut bien vite quand la jeune fille se rendit compte qu’elle n’était pas dans sa chambre.
    Elle se trouvait dans une modeste pièce meublée d’un simple bureau en bois, d’une chaise, et du lit dans lequel elle avait apparemment dormit.
    Des éclats de voix provenant de dehors entraient par la fenêtre à moitié ouverte de la pièce.
    Il faisait chaud, très chaud. Il n’y avait que dans les Caraïbes que Marianne avait déjà ressentie une telle chaleur.
    Sa mère et elle s’étaient payées ce voyage quand elle avait treize ans. Elle en gardait un merveilleux souvenir.
    Marianne se leva prestement, ses cheveux châtain foncés tombant lourdement sur son dos. Distraitement, elle démêla ses boucles avec les doigts tandis qu’elle ouvrait plus grand les deux battants de la fenêtre.
    Son cœur s’accéléra quand elle vit le spectacle que lui offraient ses yeux.
    Devant elle se dressait une ville entière à proximité de la mer. De nombreuses personnes sillonnaient les rues où un marché avait apparemment été dressé.
    Des femmes en robe longues et datant d’un autre siècle riaient à gorges déployées avec des…
    -    Pirates ?
    -    Oui. Ce sont bien des pirates.
    Marianne se retourna brusquement et vit la jeune femme qu’elle avait entraperçue la veille, dans la forêt.
    -    Pardon de vous avoir effrayé, murmura la nouvelle venue en posant délicatement un plateau garnit de fruits sur le bureau en bois.
    Marianne ne la quittait toujours pas des yeux. Après que la peur soit passée, elle ne put s’empêcher d’admirer la beauté de cette femme. De beaux yeux en amande, un teint mat et une chevelure blonde incroyablement flamboyante. Marianne avait rarement vu un aussi beau métissage.
    -    Qui êtes-vous ? Dit finalement Marianne, pensant à faire une trêve.
    -    Je m’appelle Diana. Et vous ? Quel est votre nom ?
    Marianne eu une moue sceptique.
    -    Votre ami Travolta ne vous l’a pas dit ? Je m’appelle Wendy, voyons !
    Diana avait bien évidemment sentit le ton effronté de la jeune femme et sourit.
    -    Je ne sais pas qui est ce « Travolta ». Mais ce dont je suis sure c’est que Corentin se trompe sur votre nom. Il faut le comprendre, il…
    -    … C’est lui qui m’a amené ici ! S’écria Marianne, affolée.
    Elle s’assit sur le lit, une quinte de toux l’ayant reprit. Elle sentit dans son dos les petites tapes amicales de Diana.
    -    Pardonnez-moi de vous avoir crié dessus. Je m’appelle Marianne. Et j’ai appelé votre… Ami, Travolta parce qu’il était habillé d’une tenue démodée des « années 80 » !
    -    Oh, oui, il a du chiper cela à un des nouveaux orphelins.
    -    Pardon ?
    Marianne comprenait de moins en moins. Mais la toux s’était calmée. Diana avait l’air gentil et elle lui donnait une impression de douceur et de confiance.
    -    Où suis-je ?
    -    Vous vous trouvez à OrphanTown, domaine du capitaine de l’île, et lieu de rendez-vous préféré de ses hommes de mains.
    Diana se leva et prit un des fruits pour le donner à Marianne.
    -    Mangez, vous êtes toute pâle.
    Marianne s’exécuta et mordit à pleine dent dans le morceau d’ananas.
    -    Pourquoi ce petit garçon m’a-t-il enlevé ?
    Diana semblait soudain quelque peu gênée et Marianne se dit que cela n’était certainement pas de bon augure.
    -    Il faut tout d’abord que vous compreniez que Corentin n’a pas fait cela pour vous faire du mal, il pense juste qu’en trouvant Wendy il pourrait nous sauver tous, même si je n’ai cessé de lui dire que ces histoires abracadabrantes ne sont que mensonges éhontés et…
    -    Wendy ? Vous parlez de la Wendy ? Wendy et Peter Pan ?
    Marianne vit une ombre traverser le regard de Diana tandis que ses épaules s’affaissaient.
    -    Oui, je parle de cette Wendy là. Dans votre monde, vous connaissez encore notre existence alors ?
    -    Je nage en plein rêve, l’existence de quoi ?
    -    Du pays imaginaire évidemment, et de Peter Pan !
    Marianne allait se sentir mal. Cette fille était-elle folle ? Cela ne pouvait pas être vrai. C’était impossible, irrationnel.
    -    Vous êtes en train de me dire que je me trouve sur l’île où vit Peter Pan ?
    -    Non, Peter Pan est une légende ici, rectifia Diana, mais oui en effet vous êtes sur l’île imaginaire.
    Marianne regarda Diana droit dans les yeux et chercha une trace d’humour ou un simple battement de cils qui laisserait présumer qu’elle lui faisait une mauvaise farce, mais rien.
    -    Je rêve, n’est-ce pas ?
    -    J’ai bien peur que non…
    Marianne se leva et laissa tomber par terre les quelques morceaux de fruits qu’ils restaient.
    -    L’homme, cet homme qui m’a sauvé hier, qui est-il ?
    -    Il n’a pas de nom. Nous l’appelons tous ici « Sans Nom ». Personne ne sait s’il est du bon côté ou non mais moi je lui fais confiance.
    -    Du bon côté ?
    -    Oui, si il est à la solde du terrible capitaine ou non.
    Marianne faillit en rire.
    -    Le capitaine Crochet existe encore alors ?
    -    Non, lui aussi n’est qu’un mythe. Nous ne citons jamais le nom du capitaine en ces lieux. Nous en avons tous beaucoup trop peur…
    Et en effet, la terreur se lisait dans les yeux de Diana si bien que Marianne sentit des frissons lui traverser le corps.
    -    C’est lui qui règne sur toute l’île. Il est très puissant. Il a droit de vie ou de morts sur chacun de ses habitants. Les pirates qui vivent sur son navire avec lui descendent parfois à OrphanTown pour piller, tuer, violer, ou pire encore…
    -    Pire ! Que pourrait-il y avoir de pire que ce vous venez de m’énumérer ?
    -    Il y a bien pire qu’être tuer, c’est être appelé à devenir pirate à son tour.
    -    Votre île imaginaire n’a rien à voir avec le conte pour enfant qu’on nous raconte dans notre monde.
    Marianne se mettait à parler comme Diana à présent, elle venait de donner la preuve qu’elle commençait à croire à toutes ces idioties.
    -    Bien, donnez-moi mes affaires, je vais rentrer chez moi.
    -    C’est malheureusement impossible…
    -    Que voulez-vous dire par là ?
    -    Personne ne peut retourner dans l’autre monde.
    -    Mais le petit garçon a bien réussi à y aller, lui !
    -    Oui, il était accompagné d’une fée. Elles seules ont le moyen de vous ramener dans votre monde. Encore faut-il qu’elles acceptent.
    Marianne marchait à présent de long en large dans la chambre tandis que Diana la regardait avec patience.
    -    Bien. Le petit garçon doit évidemment connaître une des fées, alors vous allez me conduire à lui, il me présentera cette fée, elle acceptera, et ouste tout le monde chez soi !
    Marianne avait dit tout cela d’une traite et reprit brusquement son souffle.
    -    Oui, c’est ce que j’avais prévu de faire, mais il faut attendre.
    -    Attendre pourquoi ?
    -    C’est le jour où le capitaine et ses pirates descendent en ville, il vaut mieux pour vous, ainsi que pour nous, que nous ne nous fassions pas remarquer.
    Tandis que Diana cherchait des vêtements à donner à Marianne, la jeune fille cherchait en elle le moyen de ne pas devenir folle.
    Elle se trouvait sur l’île imaginaire, où Peter Pan apparemment n’avait pas existé, et où un sanguinaire capitaine pirate faisait la loi…
    -    Diana ? Où est Wendy ?
    Marianne se retourna pour voir son kidnappeur lui sourire à pleines dents…
  • 'Nana

    Baby lecteur

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    #14 26 Septembre 2011 19:45:22

    Je viens de lire les 3 derniers chapitres et l'histoire me plaît toujours :)
    Tu as beaucoup d'imagination Arcaalea !

    Tout est clair et original :D J'ai vu sur ton blog le lien de tes fanfictions, je vais sûrement en lire d'autres plus tard ;)
  • Arcaalea

    Petit chimiste des mots

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    #15 26 Septembre 2011 20:16:57

    Merci beaucoup Nana ça me fait vraiment plaisir =)
  • Arcaalea

    Petit chimiste des mots

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    #16 30 Septembre 2011 13:12:05

    Chapitre 7 : L’histoire de Diana

    Les deux jeunes femmes se retournèrent pour voir un petit garçon entrer dans la chambre, l’air penaud.
    Diana ébouriffa les cheveux de son protégé et sourit à leur nouvelle amie.
    -    Je vous présente Corentin, c’est lui qui…
    -    … M’a kidnappé, finit Marianne d’un ton accusateur et regardant le petit homme avec colère.
    Corentin, la mine défaite, courut dans l’autre pièce pour ramener un fil où au bout pendait un petit coquillage.
    -    Je l’ai fais pour vous, pour me faire pardonner.
    Le cœur de Marianne ne put que se calmer quand le garçon lui posa dans la main ce collier modeste mais fait avec amour et humilité.
    -    Pourquoi m’avoir amené ici ? Leur demanda-t-elle soudain.
    Diana parut soucieuse mais Corentin prit la parole d’un air enthousiaste et presque fanatique.
    -    Parce que vous êtes la descendante de Wendy ! Vous êtes celle qui va tous nous sauver !
    Marianne nageait en plein rêve et ce que Diana ajouta ensuite ne la rassura pas vraiment.
    -    Si vous connaissez l’histoire de Peter Pan vous devez être au courant que sur l’île, personne ne grandit ou ne vieillit.
    Marianne acquiesça et attendit la suite avec impatiente, tandis que Corentin écoutait avec avidité sa mère adoptive parler de l’ancien temps.
    -    Nous ne sommes surs de rien, ce ne sont que des légendes, mais quand Wendy est parti de notre île, Peter Pan aurait commencé à dépérir. Il est retourné la voir quelques temps plus tard et découvrit avec stupeur que la fillette de qui il était tombé amoureux avait non seulement grandit mais qu’elle était en plus mariée et mère de plusieurs enfants.
    La belle jeune femme se dirigea vers la fenêtre et regarda l’horizon tout en continuant son histoire.
    -    Selon les adeptes de notre religion, Peter Pan ayant perdu goût à la vie après cela, une brèche apparut dans notre ciel. Et petit à petit, les orphelins, qui étaient devenus nombreux, s’aperçurent qu’ils grandissaient. Peter Pan disparut de l’île et plus personne ne le revit. On se demande même à notre époque s’il a réellement existé…
    -    … Bien sur que si, il a existé ! Lança Corentin d’un air joyeux.
    Diana souffla bruyamment et s’approcha de Marianne.
    -    Vous devez comprendre que sur cette île. Certains comme Corentin sont des adeptes fervents de la religion qui prédit qu’un jour, la descendante de Wendy apparaîtra sur notre île, trouvera Peter Pan et nous sauvera tous.
    Marianne vit le regard emplis d’étoiles de Corentin et se rendit compte qu’il croyait réellement en ces choses et qu’il ne l’avait pas enlevé par méchanceté, mais juste par folie.
    -    Mais il y a  aussi d’autres personnes qui ont fini par croire que Peter Pan et sa légende n’était qu’un conte pour enfant. Ces personnes là voient tous les jours la violence et la haine engendrées par les pirates et leurs terribles capitaines. Ils ont d’autres choses à faire que de continuer à croire à un miracle et à un retour de Peter Pan.
    -    Peter Pan nous sauvera tous ! Tu verras Diana !
    Marianne s’assit sur le lit et se prit la tête dans ses mains. Elle se retrouvait dans un monde où la terreur et la peur faisaient partie intégrante de la vie de ses habitants et où certaines personnes voyaient en elle l’espoir d’un renouveau.
    -    D’autres personnes sont au courant que je suis là ?
    -    La nuit dernière une étoile filante a traversé notre ciel. Alors oui d’autres personnes savent que quelqu’un est allé dans l’autre monde et en est revenu. Mais je ne pense pas que d’autres à part Corentin et moi soient au courant que vous êtes ici, en sécurité, dans notre modeste logis.
    Soudain Marianne se souvint du regard étonné de l’homme qui l’avait sauvé la nuit dernière.
    -    Et cet homme ? Demanda-t-elle soudain.
    Diana semblait l’avoir oublié.
    -    Oh oui ! Sans Nom sait également que vous êtes ici. C’est lui qui vous a porté jusqu’ici lorsque vous étiez évanouis.
    -    Qui est-il ?
    -    Personne ne le sait vraiment. Selon certains il serait l’un des hommes à la solde du terrible capitaine. Mais c’est un de mes amis et je lui fais confiance.
    Corentin semblait effrayé.
    -    De quoi as-tu peur ? Lui demanda Marianne.
    -    Ce Sans Nom. Il est très fort. Je l’ai vu se battre ! Personne ne sait qui il est et dans quel camp ! Son regard me donne froid dans le dos.
    -    Sans Nom m’a sauvé, c’est pour cela que je lui fais confiance.
    Les regards surpris de Marianne et Corentin se tournèrent vers Diana.
    Semblant gênée, elle commença son récit.
    -    C’était il y a bien longtemps. A mon arrivée sur cette île je n’étais qu’une petite fille abandonnée par mes parents, comme tous les orphelins. Je ne connaissais personne, j’avais faim et froid.
    Ses yeux s’assombrirent soudain quand elle continua.
    -    J’étais une fillette mignonne et donc une proie facile pour qui voulait s’amuser. Un des pirates sortant d’une taverne, un air bien éméché, m’a vu et m’a trouvé à son goût. Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il m’a entraîné dans une ruelle sombre et s’apprêtait à me violer.
    Corentin était outré et serrait à présent Diana fort dans ses bras. Marianne, quant à elle, regardait cette femme avec respect, voyant toutes les choses qu’elle avait traversées.
    -    Puis, au moment où je n’avais plus d’espoir d’être sauvé, une ombre passa derrière mon agresseur et le repoussa. Ils luttèrent farouchement mais Sans Nom était bien plus fort. Il me sauva. Je n’étais alors qu’une enfant, et cela fait déjà bien longtemps, mais je n’oublierais jamais son regard. Il m’a sourit et m’a emmené chez lui. Il m’a nourrit et logé jusqu’à ce que je sois capable de m’occuper de moi toute seule. Ce qu’il vivait était dangereux et il me fallait partir, je n’étais jamais en sécurité tant que je vivais avec lui. Après cela, j’ai réussis à m’installer au dessus de cette taverne où je travaille.
    Diana laissa une larme couler sur sa joue pour l’effacer avant que Corentin ne la remarque.
    -    Sans Nom vient rarement me voir, mais je sais qu’il me surveille et qu’il me protège. Hier soir, il a vu l’étoile filante et est venu directement me voir car il avait entendu parler du fanatisme de Corentin envers la religion. Il m’a demanda s’il était là et c’est ainsi que nous nous sommes aperçus de sa disparition. Il comprit bien avant moi que Corentin était parti chercher une nouvelle Wendy.
    Marianne était perdue mais comprenait en même temps un peu mieux l’endroit où elle se trouvait.
    -    Trêves de blabla à présent, fit soudain Diana en souriant, je vais vous trouver des vêtements et avant que la nuit ne tombe j’essaierais de vous faire visiter la ville !
    Marianne acquiesça mais repensa aux pirates.
    -    Je croyais qu’aujourd’hui c’était trop dangereux !
    -    La nuit, en effet. Mais si vous vous habillez comme nous et que vous vous faites passer pour une habitante normale de notre île, tout se passera bien, croyez moi.
    Marianne décida de faire confiance à ses nouveaux amis et attendit avec un mélange d’enthousiasme et de crainte la visite guidée de l’île imaginaire !