#1 03 Décembre 2011 19:36:33
Avec Désolations, David Vann m’avait conquise, subjuguée, remuée, enthousiasmée, émerveillée… en un mot, cet homme à la personnalité aussi lumineuse que ses romans sont sombres avait fait de moi un disciple fidèle, prêt à le suivre au bout de ses écrits les plus apocalyptiques et les plus torturés.
J’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait.<image>MON AVIS : un livre terrifiant, sordide, presque diabolique.
Lors d’une belle interview au Magazine Standard, David Vann mettait le lecteur en garde : “[mes romans sont] des monstres qui m’horrifient, dotés d’une puissance sur laquelle je n’ai aucun contrôle”. L’auteur ne ment pas, en témoigne ce roman terrible qui débute pourtant sous les meilleurs auspices : un huit-clos entre un père et son fils, un adulte lâche, complètement névrosé, au bord de la folie, un adolescent désemparé et apeuré qui ne sait pas comment échapper à une situation qui le dépasse.
Construire un roman autour de deux personnages peut sembler risqué, mais David Vann relève magistralement ce défi. Sous sa plume, la nature, la cabane, les animaux prennent vie et peuplent le récit tout autant que les deux hommes qui viennent coloniser cette faune et cette flore hostiles. Autant le savoir, l’auteur projette son histoire personnelle émaillée de drames dans ses romans, et les relations qu’entretiennent Roy et Jim sont criantes de vérité. Hormis les liens du sang, ils ont tout d’un étranger l’un pour l’autre, et se retrouver sur une île, durant de nombreux mois semble une vaine et pathétique tentative de rapprochement à laquelle aucun des deux ne croit vraiment.
Ce qui se joue dans ce roman est inimaginable et indicible. Le récit s’enfonce subitement dans une horreur absolue, où la folie la plus terrifiante le dispute à des situations absurdes qui seraient cocasses, n’était le style hyperréaliste de l’écrivain qui empêche toute prise de distance par rapport au texte : David Vann fait montre d’un singulier manque de pudeur et de subtilité dans la narration de certains passages. Il réalise toutefois un coup de maître : on referme ce roman terrassé, abasourdi, nauséeux, obsédé par des images monstrueuses et répugnantes.
Et vous... comment avez-vous réagi à la lecture de la deuxième partie? N'avez-vous pas trouvé certaines description à la limite du tolérable? (le cadavre... on peut presque le dessiner! Et ce périple avec le cadavre...???)
Dernière modification par litterature_et_chocolat (03 Décembre 2011 19:37:38)