#9 03 Juillet 2018 14:48:51
Je rentrais chez moi vers 3h, autant dire que j'entendais mon lit m'appeler depuis la sortie du métro. Une fois arrivée dans ma chambre, je pris juste la peine d'enlever mes chaussures et décidais de dormir toute habillée. Pas démaquillée non plus d'ailleurs. En mode flemmarde quoi. Je plongeais alors dans mon lit douillet entre mes trente-six coussins, respirant l'odeur de l'adoucissant à la cerise qu'on utilisait pour rendre notre linge aussi doux qu'une tonne de plume. Bien qu'une tonne de plume reste une tonne. Enfin bref, je m'égare.
J'avais fermé les yeux depuis un bon cinq minutes, quand j’entendis une voix m'appeler. Une voix de femme. Mais ce n'était pas Kate. En plus elle passait la nuit chez une amie de fac de médecine. Non, là c'était une voix douce, susurrée...
Mayleen... Mayleen Clarke... Mayleen il faut que tu m'enten... Puis, trou noir. Je suis alors tombée dans un sommeil si profond que j'avais l'impression de flotter au-dessus de mon corps. Cette sensation était assez apaisante, quoique je ressentais quand même un picotement étrange au bout des doigts. Comment est-ce que je pouvais ressentir ça alors que j'étais en plein rêve? Consciente, mais en plein rêve. Alors que je dormais je sentis mon corps se soulever encore plus, tout en me voyant dans mon lit, bien endormie. Je m'élevais dans les airs et avançais, en sortant pas la fenêtre, flottant au-dessus de tout. Je voyais mon quartier, d'où quelques réverbères étaient encore allumés. Soho prenait une allure différente la nuit. Une allure un peu effrayante, mais toujours calme. Tout à coup j'allais de plus en plus vite, pouvant ainsi sentir une légère brise d'été me parcourir de haut en bas. Je me retrouvais finalement en face de "Big Ben". Pourquoi, je ne le savais pas. En dessous de moi, un milliers d'oiseaux noirs volaient dans tous les sens, un vent que je pouvais voir rose tourbillonnait autour de moi, et je ressentais toujours ces picotements au bout des doigts. Je sentais un parfum agréable m'envelopper, comme une odeur d'amande ou de frangipane, mais je n'arrivais pas à voir d'où elle venait. Je continuais mon parcours, en voyant cette fois ci les étoiles au plus près de moi, comme si elles allaient s'écraser sur la terre. Les picotements au bout de mes doigts se faisaient de plus en plus intenses, me provoquant une réelle douleur un peu dérangeante. J'étais arrivée dans un autre quartier de Londres, un quartier assez calme où cette fois ci aucune lumière ne brillait. Puis, je me sentis tirée vers l'arrière, ne pouvant lutter, sans toutefois que ce soit douloureux. Et encore cette voix: Mayleen..., Mayleen..., tu dois le faire...Mayleen. La voix se faisait de plus en plus forte, comme si elle passait littéralement dans mon oreille. Ensuite, je n'entendis plus rien. Rien du tout. Je sentis une brise glaciale qui ne pouvait pas souffler en plein mois de Juin, même à Londres.
Et là, j'avais l'impression de tomber du soixante-douzième étage à une vitesse folle avant de venir m'écraser au sol dans un bruit très sourd. Mais j'étais sur mon matelas, doux et confortable.
Tout à coup, un bruit aigu me tira brusquement de mon rêve. Il était insistant et rapide, pressé. J'ouvris alors les yeux et constatais avec étonnement qu'il faisait jour. Ma fenêtre était fermée, et le réveil indiquait 9h16. Prise de panique, je tombais alors de mon lit. Le bruit aigu que j'avais pu identifier comme la sonnette de l'appart ne s'arrêtait pas. Il était alors suivi par un bruit de tambour contre la porte d'entrée. Que devais-je faire? J'avançais alors vers la porte, en priant pour ne pas tomber sur un détraqué qui aurait pu entrer et me dépouiller de tout ce que j'avais (même si je n'avais pas grand-chose). Je pris alors mon courage à deux mains et ouvrit la porte d'un geste sur (du moins c'est ce que je me persuadais de faire), en prenant une profonde inspiration. Et là, ce que je vis fut tout à fait...charmant. Ou du moins il devait l'être une seconde avant de me voir car il paraissait choqué et désolé. Merde. J'étais toujours habillée avec mes vêtements de la veille, je devais avoir des yeux de panda et une haleine de poney. Youpi! En tous cas, mon interlocuteur était séduisant, à peu près la trentaine, un beau regard vert/azur, et une barbe de trois jours qui me faisaient complètement oublier ma tenue. Mais je venais de ruiner mes chances d'avoir l'air d'une fille normale...
"Excusez-moi...de vous déranger pas une si belle matinée, me lança-t-il finalement, avec un sourire un peu forcé.
-Oui. Euh non, je veux dire, vous ne me dérangez pas, c'est juste que je ...euh, je ne suis pas très présentable, j'ai travaillé tard hier et j'ai....(mais pourquoi est-ce que parle comme une gamine?)
-Oh, pardon mais j'ai besoin de votre aide, me dit-il en me coupant la parole.
-Oui, je ne vois pas comment je pourrai vous aider mais dites toujours...
-Je suis le nouveau voisin du dessus, et mon chat a sauté par la fenêtre, il a dû atterrir sur votre balcon, alors je me demandais si vous ne l'auriez pas vu, par hasard..."
Quoi? Non mais ce mec était-il DINGUE ? Il me réveillait à cette heure alors que j'avais l'impression de m'être tout juste couchée, tout ça pour son pauvre petit chat? Non pas que je ne les aimais pas, bien au contraire, mais là tout de suite, j'avais juste envie de lui claquer la porte au nez... Bon allez on va essayer d'être sympa, juste par ce que tu es mignon...
"Ne bougez pas, je vais aller voir ça", lui dis-je en laissant la porte entrouverte. Alors que j'avançais vers le balcon, je remarquais alors un magnifique chat, noir évidemment (ah, la poisse), aux yeux verts qui me transperçaient le cœur. Je lui ouvris la porte, et là, monsieur matou (je dirai peut être même plus Madame je crois...) m'a carrément sauté dans les bras. Soudain, alors que je me retournais, je vis le nouveau voisin sexy juste devant moi. Carrément sans gêne celui-là! Je veux bien admettre qu'à la lumière du jour, j'avais une vue des plus plaisantes sur ses abdos qui se dessinaient sous son tee-shirt bleu, mais quand même, un peu de respect non? Bref, je m'avançais alors vers lui, en lui adressant un sourire plus que forcé, toujours avec le chat dans les bras, et je lui passais devant afin de me diriger dans le coin cuisine. Je pris un bol, le remplis de lait, et le fis boire au chat après les avoir reposés tous les deux par terre. Le chat but le bol d'une seule traite, et je ne savais même pas ce qu'il m’avait pris de lui avoir servi ça, car je savais bien que ce n'était pas bon pour le chat. Mais c'était comme si il me l'avait demandé. Le chat bien sûr...enfin la chatte quoi...
"Comment avez-vous su qu'elle avait soif? me demanda alors mon voisin sexy.
-Euh... je n'en sais rien, je l'ai juste servie. Bon, et bien vous pouvez constater que madame minette est saine et sauve ; je pense que vous devriez rentrer chez vous.
-Oui, excusez-moi d'avoir abusé de votre temps, me dit-il en m'adressant cette fois ci un sourire des plus sincères. Je veillerai à ce que Lumos ne sorte plus comme ça...
-Lumos? C'est un joli nom pour un chat.
-Ça signifie lumière...
-Je sais, moi aussi j'ai pris option latin à l'école, " lui dis-je d'une voix ironique.
A sa mine déçue, je compris que j'y été allée un peu fort.
"Excusez-moi, je n'ai pas beaucoup dormi, je peux être très désagréable dans ces cas-là...
-Je comprends, je ne juge pas. Au fait moi c'est Liam.
-Enchantée Liam, moi c'est Mayleen.
-Ravi d'avoir fait votre connaissance, même si les circonstances sont un peu… Inhabituelles."
Inhabituelles? Non, juste le fait que sentais pire qu'une poubelle vieille de cinq jours, que j'avais les cheveux un peu sales et très décoiffés (comme si une bombe m'avait explosé au visage) et que mon maquillage devait avoir recouvert une bonne moitié de mon visage. Non vraiment ça allait ! Bref, je décidais de le raccompagner avant d'être de nouveau désagréable. Je ne voulais pas gâcher la possibilité d'avoir de bonnes relations avec un voisin aussi charmant, et qui plus est, d'environ mon âge, pour me changer de tous ces petits vieux à moitié sourds qui vivaient dans l'immeuble.