[Suivi lecture] Claire C

Super si ça te parle un peu !
Et je suis étonnée que la lecture de ce texte puisse se faire au sein d'une école ! Bravo à tes enseignants !
Tu te rappelles en quelle classe ?

Ok merci pour ta réponse.
C'est intéressant en effet de citer ce texte dans un cours de sciences morales (je ne connaissais pas cette matière avant que tu m'en parles) à un âge où on peut peut-être s'approprier ce genre de pensées. Même si le plus intéressant (de mon point de vue) serait d'approcher toutes les écoles de la réalité quotidienne de cette expérience de Summerhill (ou une de ses soeurs)...
Ok pour le Québec ! Snif, tu es loin, ça va être compliqué pour une rencontre en vrai :pleur:

Super intéressant l'évolution des matières ! Ca traduit bien l'évolution des normes sociales.
Au Québec, la religion est dissociée de l'Etat ou non ?

Tu as raison, un processus pas forcément évident ni rapide.
Et on peut se poser la question de comment poser des bases morales communes pour un Etat ou une société, qui peuvent remplacer celles historiques données par la religion.

Le point de vue de Tolstoï (encore ;)) à la fin de sa vie :
"Une instruction dépourvue de base est déjà nuisible par le fait qu'elle donne aux gens ignorants - c'est-à-dire à la majorité des gens soit-disant instruits -, la possibilité de ne pas être conscients de leur ignorance, mais de s'estimer très savants.
Il faut donc admettre, bon gré, mal gré, qu'une instruction rationnelle n'est possible que si elle est basée sur une doctrine religieuse et morale."
                             Lettre à Boulgakov (1909)

J'ai l'impression que ce que veut dire Tolstoï, c'est qu'il faut une base morale commune préexistant à toute éducation "rationnelle" (je comprends "rationnelle" comme : fondée sur la raison). Un peu comme je comprends la citation de Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

Je cite encore cette lettre à Boulgakov de Tolstoï (de 1909), en espérant que l'ensemble des citations s'éclaire mieux :

"Pour que l'instruction soit fructueuse, il faut qu'elle soit libre, c'est-à-dire qu'elle collabore à une mouvement de plus en plus vaste de l'humanité vers le bien.
Mais pour que l'instruction - pour ceux qui instruisent - ne soit pas un agglomérat de connaissances choisies arbitrairement, de connaissances inutiles, mal adaptées et même nuisibles, il faut une base commune qui permettre de choisir, pour l'instruction et les études, les connaissances les plus nécessaires pour une vie humaine rationnelle [...]. Cette base qui a toujours existé, c'est indubitablement la compréhension du sens et du but de la vie humaine, c'est-à-dire une conception religieuse, reconnue librement par tous les hommes de la société humaine, par les maîtres aussi bien que par les élèves."

"les hommes modernes, soi-disant avancés, sont entièrement convaincus que toute religion est chose arriérée, dépassée, qui jadis a été nécessaire pour l'humanité, mais actuellement ne fait qu'entraver son progrès, et ils s'efforcent d'en convaincre les autres.
Nous voyons donc dans notre monde actuel l'absence totale d'une religion commune à la majorité des hommes, l'absence d'une conception du sens et du but de la vie humaine, et par conséquent l'absence d'une base pour l'instruction, et cela rend impossible tout choix défini et toute répartition des connaissances."

"Ainsi les hommes ont des connaissances sur la densité, sur le mouvement des étoiles, qui sont à des milliards de lieues de nous ; ils ont des connaissances sur la vie des micro-organismes, sur la grammaire des langues mortes et sur d'autres bêtises de ce genre, tandis qu'ils n'ont aucune notion de la vie passée et actuelle des hommes, non seulement de ceux qui sont séparés d'eux par des mers et par des milliers de lieues et de siècles, mais encore de la vie de ceux qui vivent à côté d'eux."