#216 24 Août 2014 03:42:42
J'arrive après la bataille mais beaucoup de choses plus ou moins "étranges" ou récurrentes ont été dites et j'aimerais donner mon petit avis sur certains points :
-Il faut bien distinguer le débat sur la nomenclature (est-ce que HG appartient bien aux dystopies ?) de celui de la qualité ( HG concourt-il au prix de meilleur livre de l'année ou bien à celui de l'arnaque commerciale la plus éhontée ?). Être embêté lorsque toute une ribambelle de romans YA sont qualifiés de "dystopies" n'a rien à voir avec le fait de mépriser ces dits romans, lesquels pourraient alors être simplement de très mauvaises dystopies. Si l'on est embêté cela signifie, plus qu'un jugement de valeur sur une vague de nouveauté commerciale, un jugement de valeur sur un sous-genre de la SF dont on estime que la définition s'est perdu un peu en route.
Il est d'ailleurs intéressant de noter à cet égard que ce sont parfois voir souvent ceux qui sont les plus généreux dans leur acceptation dans la case dystopie qui sont en même temps les plus méchants dans leur avis sur les dernières productions candidates en la matière.
A l'inverse, on pourrait n'avoir rien contre HG mais considérer qu'il n'a pas vraiment sa place parmi les dystopies.
-Donner une petite définition de dictionnaire n'aidera pas à trancher le débat, d'une part parce qu'il se joue clairement quelque chose de plus abstrait et personnel dans nos perceptions de ces définitions (je préfère largement les tentatives de caractérisation données par des membres comme Herbefol et Lelf quelques pages avant tout ce schmilblick, je trouve qu'ils ont su toucher un tant soit peu à l'esprit du genre), d'autre part parce qu'en réduisant la dystopie à la notion de "futur socio-politique pessimiste" on est bien embêté pour faire la différence avec parfois le post-apo, et souvent le cyberpunk car comme je l'avais remarqué dans ce même thread, la plupart des hits cyberpunk présentent un univers que l'on peut qualifier de "dystopique". Les space-opéras également ne sont pas tous roses, et par définition ont tendance à se passer dans le futur...
-La dystopie étant un sous-genre de la SF, il est naturel qu'elle ne soit pas aussi "large" que la Fantasy qui a été prise pour exemple. Il faut comparer la SF avec la Fantasy ou bien la dystopie avec, mettons, l'héroic-fantasy, qui est très fortement codifiée elle aussi.
Quand à celles et ceux qui sont affligés de la tendance consistant à réduire un genre à l'un de ses sous-genres particuliers, j'ai envie de les rassurer à propos de ce risque concernant la dystopie : on est encore loin de ce que vivent les pauvres fans de Fantasy suite au succès écrasant du SDA et de GoT ayant pour conséquence que tout le monde pense "héroic-fantasy" lorsqu'il entends "fantasy".
Le procédé équivalent pour la SF me semble plutôt concerner le space-opéra que la dystopie en fait, en tout cas c'est clairement ce que j'observe dans mon entourage personnel, quand je parle de SF les gens ont tout de suite tendance à s'imaginer des vaisseaux spatiaux et non pas des mondes dystopiques.
-Je serais pour ma part fort circonspect en ce qui concerne ce que j'appelle "l'effet Harry Potter" pour qualifier une idée fort optimiste ou un argument (que j'ai toujours trouvé très étrange) qui revient souvent pour défendre certaines productions jeunesses attaquées sur leur qualité : à une époque on a pas mal rétorqué aux méchants rabat-joies déplorant que les jeunes ne lisaient plus de classiques (ou autres types de littérature exigeante ou à haute valeur culturelle ajoutée prônée par les rabat-joies en question) que le succès d'Harry Potter était une bonne nouvelle car cela allait inciter la génération concernée à lire ensuite d'autres livres plus "sérieux".
Aujourd'hui force est quand-même de constater que le raz-de-marée Harry Potter n'a guère suscité un regain d'intérêt pour les œuvres de Proust ou Dostoïevski...
Avant certains enfants lisaient des livres et la plupart ne lisaient rien. Le clivage reste toujours le même à la différence que les gens qui ne lisaient rien avant lisent maintenant Harry Potter, puis retournent à leurs loisirs et ne lisent plus rien pendant des années, tandis que les autres enfants lisent d'autres romans après avoir dévoré Harry Potter, et n'avaient pas eu besoin de cette œuvre en particulier pour prendre goût à la lecture.
Tout ça pour dire que je n'estime en aucun cas Divergent et cie comme des passerelles nécessaires et suffisantes pour amener la nouvelle génération à lire Le meilleur des mondes et 1984, et cela indépendamment de la qualité et de l'importance qu'on accorde ou non à ces diverses œuvres.
-En parlant d'Harry Potter, désolé Ly mais j'ai du mal à le classer en fantasy, pour moi il est clairement fantastique, si tu veux un cas plus ambigu prends Narnia. Mais c'est complètement HS.
Voilà, c'était quelques considérations d'un vieux con intéressé par les vieilles dystopies et curieux de l'engouement provoqué par les autoproclamées nouvelles :salutation: