30 ans de poésie, 1959-1989Théoclis Kouyalis1999

Perséphone
Tes peines m'ont chassé
et tes peines me font rebrousser chemin.

Dépasse tes sanglots un instant
essuie tes larmes et laisse-moi t'imaginer entière.
Partagée comme tu es
à moitié happée par le monde d'en bas et à moitié immatérielle en moi
je ne peux te rassembler.

Et je reste ici entre le passé et l'avenir
sur cette ligne qui sépare la racine du ciel
le rêve du corps
combien de plaies. Les rêves.

- Il faut que je te laisse as-tu dit il faut que je veille sur ceux dont tu étais responsable
et je ne t'accuse pas d'être partie lorsque j'ai cherché où m'appuyer
et si je pleure ce n'est pas sur moi que je verse ces larmes
ni sur la mère qui m'a mariée toute jeune
ni sur mon flanc qui touchait le tien et ouvrait
sur la mer d'immenses fenêtres qui m'apportaient sa fraîcheur
dans une corbeille de frais citrons. Non
je ne verse pas sur toi ces larmes.

Et je reste ici entre le passé et l'avenir
tenant entre mes bras ta blessure
comme un nourrisson que la fièvre a tué.

Oh, Perséphone !