Brefs délugesSébastien Févry23

Dans Brefs Déluges, Sébastien Fevry décrit un monde au seuil d’une menace sourde, inconnaissable. Monde changé, déplacé insensiblement, que la poésie précise et sans afféterie du poète laisse pressentir. Avec une langue simple, souvent narrative, telle que les lecteurs ont pu la découvrir dans son premier livre, Solitude Europe (Cheyne, 2018) qui a remporté de nombreux prix, Sébastien Fevry rend tangible le sentiment d’inquiétude. Les paysages familiers sont rendus flous. Le chaos s’installe par petites touches,
Pour beaucoup, l’angoisse, c’est-à-dire le sentiment de sa propre vulnérabilité, avait surgi pendant ces dix longues minutes où il avait fallu rester dans les voitures, incapables de bouger, de faire le moindre pas dehors, alors qu’on était à moins d’un kilomètre de chez soi. Dans la précipitation du départ, on avait emporté ce qui tombait sous la main : un saladier, la couverture dépliée sur l’herbe du parc, une bouteille de vin, peut-être deux. La visibilité était tombée à zéro. À l’arrière, la respiration des enfants se convertissait en une buée légère qui recouvrait les vitres.

Né en 1976 en Belgique. Il a fait des études de lettres et de cinéma. Il enseigne à l’université. En 2018, il publie à Cheyne Solitude Europe (Prix Nicole Houssa 2018 de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, Prix François Coppée 2019 de l’Académie française, Prix Révélation 2019 de la Société des Gens De Lettres et Prix Apollinaire découverte 2019). Brefs Déluges est son deuxième livre édité.