Enfants trouvés enfants ouvriers : 17e -19e siècleJean Sandrin1982

Enfants trouvés...
"Ce 16 novembre 1717, a été ramassé un garçon nouvellement né, trouvé exposé et abandonné dans une boîte de sapin blanc sur le parvis de Notre-Dame, sur les marches de l'église de Saint-Jean le Rond, que nous avons fait à l'instant porter à la "Couche des Enfants Trouvés" pour y être nourri et allaité en la manière accoutumée." Ce bébé, baptisé le lendemain sous le nom de Jean le Rond, fut envoyé en nourrice en Picardie. Il connaitra la célébrité sous le nom de d'Alembert, éditeur avec Diderot de la Grande Encyclopédie.

Enfants ouvriers...
"Il faut les voir arriver chaque matin en ville et en partir chaque soir... C'est un nombre considérable de jeunes enfants, sales, hâves, couverts de haillons, tous gras de l'huile des métiers tombée sur eux pendant qu'ils travaillent... Ils portent à la main, ou cachent sous leur veste, ou comme ils le peuvent, le morceau de pain qui doit les nourrir jusqu'à l'heure de la rentrée à la maison... Le soir, ils rentrent chez eux accablés par le besoin de dormir et le lendemain ils en sortent avant d'être complètement reposés pour se trouver dans l'atelier à l'heure de l'ouverture." Telle est, décrite vers 1837 par le docteur Villermé, la condition de centaines de milliers de jeunes enfants ouvriers : plus de quinze heures de travail par jour dès l'âge de quatre ans ! Le résultat ? A Lille, grande ville usinière, en 1841, sur 1761 conscrits les "conseils de révision" en refusèrent 1115, pour non-conformité physique !