Ilsa : La louve des SS
Daniel Bastié2021

Comme tous les sous-genres du cinéma d’exploitation, le naziporn a rapidement circonscrit ses limites, incapable de se renouveler. L’effet de surprise engendré par la projection de « Ilsa, la louve des SS » s’était en effet émoussé, au point qu’il s’avérait compliqué de rebondir sur ce qui avait atteint une apogée dans l’abjection. Bien sûr, on pouvait se montrer encore plus violent, en accentuant le côté gore, en se vautrant dans la pornographie ou en usant de moult formules destinées à réveiller les instincts les plus outranciers. Néanmoins, avec la poignée de films qui ont suivi, le public a dû se rendre à l’évidence qu’aucun ne rivalisait avec le modèle original et les multiplier à l’infini ne ferait qu’accentuer une impression de déjà-vu. Maintenant, peu de studios ont tenté l’aventure en s’emparant du genre et la nomenclature de titres générés ne tient pas sur les doigts des deux mains. Par indifférence, par crainte de la vindicte populaire ou par désintérêt ? Il y a un peu de tout cela dans la seule réponse valable. Au début des années 80, on entrait doucement dans ce qu’il était communément convenu de nommer le politiquement correct. Si la pornographie n’a jamais cessé de faire les choux-gras de ceux qui investissaient dans ce domaine, le cinéma bis a été invité à se ranger, sonnant le glas du cannibal movie, de la nunsploitation et, assurément, de la nazisploitation, même si ces films allaient vivre une seconde existence par le truchement des vidéothèques de quartier, présentés sous une jaquette faite pour titiller les envies et multiplier les locations au point de relancer l’intérêt, sans néanmoins pousser les producteurs à se remettre à en financer de nouveaux. D’une manière assez globale, Marius Lesœur a fini ses jours en vivant de l’exploitation de son catalogue, d’abord par le biais de la location et la vente de VHS, ensuite en passant à la gravure de DVD, enfin en alimentant plusieurs chaînes en demande de films pour alimenter leur grille de diffusion.