Les français sous le Second Empire
Thierry Dehan et Sandrine Sénéchal2006

Du Second Empire (1852-1870), on retient surtout le coup d'État de Napoléon III, l'affairisme et la guerre franco-prussienne de 1870. Alors que le pays connaît une période de prospérité sans précédent, comment vivent lançais ? Servi par une iconographie souvent inédite, mêlant photographies, gravures, chromos et affiches, cet ouvrage a le charme des albums de famille et retrace ce que fut la vie quotidienne dans la France impériale. Il nous entraîne à la rencontre d'un temps fiévreux, celui des grands magasins, des crinolines et du chemin de fer qui s'étend. Mais c'est aussi la misère, le combat des classes ouvrières, les terribles épidémies et les catastrophes naturelles qui ont marqué la mémoire collective. Au-delà des grands événements historiques, ces illustrations populaires nous révèlent la sensibilité d'une époque et témoignent des évolutions sociales et culturelles du pays sous le règne de Napoléon III.Consultants en conservation préventive et valorisation des fonds d'archives audiovisuelles, Sandrine Sénéchal et Thierry Dehan sont également auteurs d'ouvrages et d'articles de presse. Collectionneurs, ils publient en 2004 un guide de la photographie ancienne aux éditions Eyrolles et mettent leur expérience d'iconographes à la disposition de photothèques internationales dont ils assurent la recherche d'images.Extrait du livre :1857-1852LA PRISE DE POUVOIR OU LE CESARISME PLEBISCITAIRE DE LOUIS-NAPOLEONTroisième enfant de Louis Bonaparte, frère cadet de Napoléon Ier, et d'Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine, Charles-Louis-Napoléon est né à Paris le 21 avril 1808. Après la défaite de Waterloo en 1815, la famille Bonaparte est proscrite de France. Louis-Napoléon et sa mère sont exilés en Thurgovie (Suisse orientale). L'enfant grandit dans le culte de l'Empereur, mais a pour précepteur un farouche jacobin, Philippe Le Bas (1794-1860), qui lui enseigne ses premières notions d'égalité, de liberté et l'idéal républicain de la souveraineté populaire. Lorsque le duc de Reichstadt (1811-1832), fils légitime et unique de Napoléon Ier, meurt de la tuberculose en Autriche le 22 juillet 1832, la dignité impériale est vacante. Louis-Napoléon, alors âgé de vingt-quatre ans, saisit l'opportunité et se proclame héritier du trône impérial, un trône qu'il n'aura de cesse de vouloir restaurer.Louis-Napoléon Bonaparte tente un premier coup d'Etat à Strasbourg en octobre 1836. Le gouvernement de Louis-Philippe l'exile aux États-Unis. Après un second coup d'état manqué à Boulogne-sur-Mer en 1840, il est condamné à la réclusion à perpétuité à la forteresse de Ham, en Picardie, dont il s'évadera six ans plus tard. Établi à Londres, il profite de la vague révolutionnaire de 1848, qui le mène au pouvoir. La Constitution de la IIe République est promulguée par le président de l'Assemblée constituante le 4 novembre 1848. Le 10 décembre, Louis-Napoléon Bonaparte, candidat à l'élection présidentielle, est élu avec plus de soixante-dix pour cent des suffrages exprimés pour un mandat de quatre ans non immédiatement renouvelable. Paradoxalement, ses piteuses tentatives de coup d'état, son manque d'éloquence, ont favorisé sa prise de pouvoir. Nombreux sont les royalistes qui ont appuyé sa candidature, suivant l'exemple d'Adolphe Thiers (1797-1877) qui affirmait: «C'est un crétin que l'on mènera.» Contre toute attente, le nouveau président, habile tacticien, laisse l'Assemblée nationale, redevenue en majo­rité royaliste à la suite des élections de mai 1849, se décrédibiliser par une politique impopulaire. Ainsi, le 31 mai 1850, les conservateurs votent une loi imposant à chaque électeur un lieu de résidence fixe de trois ans. Trois millions de personnes, dont des artisans et des ouvriers saisonniers, se trouvent rayées du corps électoral. Le suffrage universel est aboli.