Petites pommes
Danièle Rail2011

Du plus loin que je me souvienne, je rêve, je contemple la vie. Enfant, enfoncée dans le moelleux sofa du salon de mes parent, mon regard s'évadait inlassablement vers la mer. Certains jours, douce, accueillante, le lendemain, insoumise, conquérante, rugissante toujours en mouvance, mystérieuse, s'habille selon la couleur du jour et requiert le plus grand de respects.

L'hiver, l'arrivée des banquises me faisant grand effet. Elles m'attiraient les malheureuses, j'aurais voulu m'y bercer comme le font les ours blancs. J'entends encore l'interdiction de ma mère: ne jamais courir après mon petit béret posé bien naïvement sur mes deux épaisses tresses.

La fôret avait aussi ses attraits. Parée d'une variété de vers, rouges et jaunes, selon les saisons, tous ses arbres semblaient former une famille, indissociable. Les petite sentiers, tellement attirants, menant on ne sait où! Défense d'y aller seule me disait ma mère. De là, mes pensées vacillaient entre le beau chevalier ou le méchant loup.

Comme dit Victor Hugo, c'est triste de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas; en ce qui me concerne, j'avoue qu'elle a forgé ma personnalité pour toujours.

Nos petits-enfants pourront-ils, comme moi, rêver en regardant la mer, l'océan? Existera-t-il des sentiers non tracés? Pourront-ils admirer les nuits étoilés?