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Toujours soucieux d’inscrire son travail théorique dans « l’ordre de l’efficience », soit celui de micropolitiques directement utilisables, efficaces, diverses par nature et fondées sur les expérimentations sociales, Félix Guattari fait preuve d’une lucidité critique particulière vis-à-vis des changements politiques et sociétaux dont il est le témoin. Aussi est-il l’un des premiers à formuler une mise en garde contre la dérive droitière d’une écologie conservatrice, d’abord soucieuse de préserver, voire d’œuvrer au retour d’un ordre ancien et dont l’aspect réactionnaire lui semble ne faire aucun doute. Parallèlement, il note l’apparition d’un « éco-business », fondé sur le « revirement spectaculaire des mass-médias ayant contribué à l’extension de l’audience des mouvements d’écologie politique » dans les années 1980, et dont la désormais officielle « économie sociale et solidaire » pourrait aujourd’hui représenter l’avatar.
Ayant pris acte de l’impasse dans laquelle se trouvent les partis ouvriers traditionnels et les syndicats après la chute du Mur, dans le contexte de ce qu’il appelle le « CMI » (Capitalisme Mondial Intégré), il s’emploie à tracer les grandes lignes d’une « écosophie » qui sache articuler Les trois écologies (titre de son livre paru chez Galilée en 1989) :
- l’écologie environnementale pour les rapports à la nature et à l’environnement,
- l’écologie sociale pour les rapports au « socius », aux réalités économiques et sociales,
- l’écologie mentale pour les rapports à la psyché, la question de la production de la subjectivité humaine.
Selon lui en effet, « tout se tient : on ne peut espérer remédier aux atteintes à l’environnement sans modifier l’économie, les structures sociales, l’espace urbain, les habitudes de consommation, les mentalités [...]. C’est ce qui me conduit à parler d’une écosophie qui aurait pour perspective de ne jamais tenir séparées les dimensions matérielles et axiologiques des problèmes considérés. »
Dans une perpective proche de celle que développe André Gorz dans les mêmes années, et en s’interrogeant sur le caractère centralisé et détaché des réalités nouvelles des syndicats ouvriers, il affirme également : « Il m’apparaît qu’un nouvel axe progressiste, se substituant aux anciennes polarités droite-gauche, ne pourra prendre consistance qu’à la condition que soient nouées de nouvelles alliances au sein desquelles un nouveau mouvement ouvrier, le féminisme et l’écologie joueront un rôle déterminant ».
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