Coucou,
A mon tour de donner mon avis :
Les personnages :La construction psychologique des personnages m'a beaucoup plu. Goulven, entier, sans demi-mesure, bourreau de travail, passionné et éduqué selon des valeurs religieuses strictes qui s'éprend de la belle Adèle plus solaire, impatiente de découvrir de nouveaux horizons. On sent tout de suite que cette union a peu de chance de fonctionner, car si la passion de Goulven semble plaire et sans doute flatter Adèle dans un premier temps, ses côtés brusques, sa brutalité ?, la rebute assez vite.
Bref, il aurait été préférable qu'elle rencontre le fringuant Hervé plus tôt, sauf que lui je le vois mal se poser, c'est une sorte d'oiseau migrateur et cela l'arrange sans doute de faire du charme à des femmes mariées avec qui il n'a pas à s'engager.
Thumette, difficile de dire ce qu'elle pense, est-elle seulement bigotte ou comme plusieurs d'entre vous l'ont supposé une véritable manipulatrice, amoureuse d'Hervé et elle décide de se venger ? Je trouve que son tempérament ombrageux l'a rapproche de Goulven, et au fond lui aussi révèle qu'il peut être calculateur. Ils se ressemblent assez.
Mon avis a vraiment évolué, après ma lecture, sur un seul personnage : Adèle. Que l'on croit les dires de Thumette ou pas, en tant que femme à cette époque, elle a peu d'options. Elle a du voir en Goulven un homme fiable et responsable, ce qu'il est, et elle se retrouve embarquée dans un mariage avec quelqu'un qui lui déplait. On comprend qu'elle trouve une bouffée d'air dans sa relation avec Hervé. Au cours de ma lecture, je la trouvais très égoïste et parfois méchante vis-vis de son mari, sauf qu'avec le recul je me dis que son attitude est compréhensible. L'union par laquelle elle est liée est inconfortable, la passion de Goulven l'effraie. Elle mérite une certaine indulgence.
Narration :Le style de narration tient bien le lecteur en haleine. J'avais vite compris ce qui allait se passer, mais je me demandais bien comment il allait procéder et surtout ce qui pourrait amener Goulven à une telle cruauté. Jusqu'au bout, il reste obsédé par l'idée de bien faire son travail et donc rédige son rapport à l'ingénieur. Sa personnalité extrême ressort d'autant plus. L'écriture est très agréable avec son style daté.
On ressent vraiment l'atmosphère angoissante, gothique et j'ai été immergée dans ce décor breton marqué par une nature fort peu clémente. Que ce soit la région d'origine de Goulven, où on sent bien que la terre demande beaucoup de travail avant de donner quoi que ce soit ou le phare et l'île avec la mer déchainée. La région de Tréguier est en totale opposition avec ses airs bucoliques. J'ai visité la ville et elle est vraiment jolie donc j'avais bien les images en tête.
Il y a quelques ralentissements dans l'histoire, mais ça sert en partie de transition avant la "phase finale", le calme avant la tempête en quelque sorte.
Fin :Spoiler (Cliquez pour afficher)
Le destin réservé aux deux amants supposés par Goulven est d'une cruauté sans nom. Mourir de faim, ou plus sûrement de soif, n'est clairement pas la façon la moins douloureuse de mourir. Après, sa petite mesquinerie finale avec le sceau d'eau de mer aurait pu se retourner contre lui, car au bout de 15 jours, il y a une relève et on peut survivre à la faim pendant 15 jours, pas à la soif, et l'eau de mer peut être dessalée si on un moyen de la chauffer.
Ceci dit, j'imagine que la panique n'a pas permis aux deux personnages de raisonner sur la meilleure façon de survivre et l'auteur avait décidé que ce serait une fin tragique de toute façon.
En bref, j'ai beaucoup apprécié ce livre que je n'aurai sans doute pas lu sans le BC, même si la couverture aurait tout à fait pu accrocher mon regard.
Je le recommanderai surtout pour l'ambiance et le cadre immersif.