#25 17 Octobre 2012 17:02:38
Quelques extraits de mon billet :
Wouch ! J’ai adoré ce roman. D’habitude, je n’aime pas spécialement les romans SF mais Glow est une réussite totale.
La première idée de génie de l’auteure est d’avoir agencé son monde dystopique au cœur du cosmos. Répartissant deux groupes de colonisateurs dans des vaisseaux spatiaux censément alliés dans leur mission mais gangrénés par la jalousie et la haine. Ces engins mandatés par le gouvernement terrien pour faire route vers une nouvelle planète où implanter les générations humaines futures après que leurs ancêtres aient rendu notre bonne vieille terre, inhabitable pour cause de pollution. Rapidement, et pour des raisons troubles que l’on découvre au fil de la lecture, les flottes deviennent rivales et dès lors, vont se livrer une lutte sans merci où tous les coups sont permis. Autant dire que l’univers proposé tranche totalement avec les mondes dystopiques auxquels nous sommes habitués depuis quelques temps.
Cette opposition à distance entre les deux vaisseaux ennemis débouche alors sur un huit-clos spatial haletant où s’affrontent deux communautés mais davantage encore deux conceptions opposées de l’existence et deux croyances rivales.
La narration nous permet d’avoir un œil dans chaque vaisseau à la fois. Le lecteur ne rate rien de ce qui se passe à bord de ces engins en plein bras de fer interstellaire. Il était si impensable pour moi de refermer le livre sans savoir ce qui allait se passer dans la partie suivante que je l’ai lu en quatre petites heures à peine. Ce roman se lit à la vitesse de la lumière grâce à son écriture vive comme une étoile filante et à son intrigue aussi brillante que le firmament.
Remarquable par l’intelligence de son propos, Glow possède une rare profondeur pour un roman destiné à la jeunesse. Il ouvre de multiples pistes de réflexions à son lecteur. Ainsi sont passées au crible la responsabilité des hommes dans le déclin de la planète, la religion, le fanatisme et les dérives sectaires, la noirceur de l’âme humaine rongée par l’ambition et recherchant sans cesse le pouvoir. Terrifiant de voir à quelle vitesse, un individu peut devenir un tyran pour peu qu’on lui en laisse la possibilité. J’ai trouvé un petit côté Sa Majesté des mouches à ce récit. Quand les adultes ne sont pas là, les enfants révèlent des facettes inquiétantes de leur personnalité.
La psychologie des protagonistes est une chose qui est beaucoup mise en avant dans l’intrigue. Intelligemment, AK Ryan se refuse à figer ses personnages dans un courant de pensée quelconque et les fait évoluer de manière surprenante de bout en bout du roman. Rejetant tout manichéisme, l’auteure engendre des personnages très contrastés. Balloté d’une indignation à l’autre, face aux motivations égoïstes de chacun, le lecteur ne sait plus pour qui prendre parti au fur et à mesure qu’il avance dans le récit. Les personnages principaux, en particulier masculins, sont d’une grande complexité et difficilement appréciables. Plus sympathique, Waverly est une héroïne comme je les aime. C’est une battante, une fonceuse, elle a du caractère et le montre. Parmi les personnages secondaires, on trouvera aussi quelques personnalités intéressantes qu’il sera bon de voir évoluer dans les prochains tomes.
Pour faire court, disons que l’on est loin d’un antagonisme simpliste : les bons contre les méchants. La morale de Glow est très nuancée, ni blanche, ni noire, elle est réaliste et assez pessimiste quant à l’humanité et ses vicissitudes. Glow nous met le nez dans le nauséabond de la nature humaine.
Ce roman très immersif nous fait vivre une expérience ethnologique fascinante car au final, en usant d’un microcosme, AK Ryan nous met face au reflet à peine déformé de notre société. C’est sur notre propre monde actuel et ses dérives que l’auteure nous fait poser un regard critique. Et ça, c’est très fort !
J’ai beau chercher, je ne trouve aucun reproche à faire à ce premier tome, tout m’a plu et transporté. J’adhère à cent pour cent. C’est un gros coup de cœur.