#1 18 Octobre 2012 13:38:38
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Résumé:
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.
Mon avis:
Inspiré d’une terrible histoire vraie, ce livre est tout de même à mes yeux une histoire passionnante.
Al Kenner est déjà assez inoubliable : un géant de 2,20 mètres et 160 kilos doté d’un QI supérieur à celui d’Einstein.
Et ce qui fait son histoire est aussi dur à oublier : le jour de l’assassinat de Kennedy, il assassine ses grands-parents paternels avec qui il vivait dans une ferme du Montana depuis que ses parents l’avaient en quelque sorte abandonné. Sa mère, violente et alcoolique, son père ancien militaire mais qui ne s’est jamais vraiment occupé de lui.
A partir de là on suit son parcours.
A l’époque des hippies peace & love qui veulent changer le monde et de la Guerre du Vietnâm où la violence est autorisée et encouragée par l’Etat, Al ne se sent pas à sa place dans cette société, ni avec ceux qui l’entourent.
Alternant des chapitres qui se passent « actuellement » racontés à la 3ème personne du singulier et ceux narrés directement par Al Kenner, Marc DUGAIN réussit à nous dresser le portrait d’un être unique en son genre, d’un être terrible.
C’est un travail d’observateur, de compréhension, d’analyse, de psychologue, etc qui a été mené là.
Sans condamner ni chercher à réhabiliter ce qu’Al a pu faire, l’auteur a juste voulu expliquer pourquoi il en était arrivé là. Ce qu’Al cherchera aussi à savoir, soit dit en passant.
Si vous ne connaissez pas l’histoire réelle d’Edmund Kemper qui a inspiré l’auteur, je ne vais pas révéler trop de choses de l’histoire, cela gâcherait la lecture.
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le dernier chapitre du livre.
Le style de l’auteur m’a énormément plu, on a envie de savoir ce qu’il va se passer ensuite. L’histoire romancée est pleine de suspens, même si la réalité a surement du être moins évidente que ce qui est écrit dans le livre.
Cette histoire m’a fascinée, j’ai « aimé » et détesté ce personnage tout à tour, et j’ai vraiment dévoré ce livre. Il ne laisse vraiment pas indifférent.
Ma note: 4.5 /5 :D
Quelques citations:
« Dès que l’idée du compromis a germé dans votre esprit, la violence a perdu. »
« - J’aime rouler, des heures et des nuits durant. Et puis je sens comme une profonde décélération en moi. J’ai toujours été enfermé. Mais quand je suis libre au grand air, au bout de quelques jours, un vertige me rappelle que je ne suis pas fait pour cette liberté. Et pourtant je serais prêt à tuer n’importe quelle personne qui voudrait m’en priver. C’est ce que j’ai fait avec ma grand-mère. Son meurtre m’a donné quarante-huit heures de liberté.
- Tu crois que ça valait le coup ?
- Oui. »
« Le diagnostic de l’expert du tribunal est tombé : schizophrène paranoïde. Ça m’a fait le même effet qu’au type qui n’a pas de billet mais à qui on annonce le numéro gagnant d’une loterie. »
« - Intéressé. Je suis intéressé. Mais passionné, non. Passionné, j’imagine que c’est quand un sujet vous porte. Aucun sujet ne me porte longtemps. Je suis trop lourd, il s’essouffle. »
« -Le pourcentage de tueurs-nés est infime. Tous les autres ne font que rendre à la société tout le mal qui leur a été fait. Et quand je dis la société, c’est surtout la famille. De même que la plupart des crimes ont lieu dans le cadre familial, la famille est le principal terrain de fermentation de la criminalité. »
« Non je ne suis pas fou. Non, je n’ai pas de psychose. Je n’ai pas eu d’autre choix que d’exercer des défenses perverses pour ne pas sombrer dans la folie. Je me suis toujours arrêté au seuil de la folie parce que j’étais assez fort pour cela. Ne me demandez pas l’impossible, bordel de Dieu, ne demandez pas à un type qu’on conduit à la folie de ne pas se défendre. »