Personnellement, j'ai dévoré
le Déchronologue tel le Dieu du temps engloutissant sa mouflaille ! :D
Rah la la, ce Villon, quel personnage !
Je n'ai pas trouvé qu'il y avait particulièrement de longueurs ni de difficultés de lecture, tant le style de Beauverger est agréable et fluide !
Pas trop de problème non plus du côté de la succession des chapitres : certes, ils sont dans un apparent désordre, mais on ne suit pas plus de trois, voire quatre "intrigues" (ou moments de l'intrigue) différentes, et comme la narration est assez linéaire au sein de chacun de ces récits, au total il n'y a pas moins de continuité que dans un roman qui comporterait beaucoup de flash backs ou d'anticipations. En plus, la date est bien référencée à chaque chapitre, donc si on est perdu, un coup d'oeil à la table des matières peut aider à se rafraîchir la mémoire. J'ai justement admiré l'habileté de l'auteur à construire progressivement son récit de façon non-linéaire, sans briser pour autant le suspense, et sans perdre le lecteur.
Sinon, pour ce qui est du genre, j'avoue que j'ai finalement d'avantage goûté à tout ce qui relève de la narration, des aventures historiques, à la personnalité du protagoniste (et c'est peu de le dire... j'ai vraiment été sous le charme tout du long :pink:), qu'à l'aspect SF, car je le trouve plus abouti dans ces premiers aspects. La grande originalité du livre tient au fait qu'il rend les deux éléments indissociable, mêle à un roman historique documenté et immersif une trame de science-fiction, qui se rend tangible jusque dans la "forme" que prend le récit, et c'est ce qui m'a plu.
Mais :
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Bien que j'aie vraiment adoré ce livre, j'avoue que la fin m'a un peu déçue, justement en lien avec les problématiques du voyage temporel (tout le " Wibbley-woobly, Timey-Wimey... stuff", pour ceux qui parlent le Doctor Who :P ) que toute sa construction avait soulevées dans ma tête.
Je m'attendais à ce que la construction du récit trouve tout son sens, et à voir, sinon s'expliquer, du moins se développer beaucoup plus d'éléments pour le final... en définitive, ça se passe très vite (un élément de twist, par exemple, est le fait que le Baptiste soit intervenu à plusieurs reprises pour sauver la vie du capitaine, mais l'enjeu que représente sa survie, ça n'est pas réellement explicité, pas de manière complètement satisfaisante et éclairante pour le lecteur, enfin je trouve ; de même que l'apparition des multiples Déchronologues à la toute fin m'est apparue comme un Deus Ex Machina trop vite expédié !), et on reste un peu sur sa faim : voilà pourquoi je trouve le roman moins abouti dans son propos et sa trame proprement SF que dans tout le reste.
Je n'attendais pas qu'on comprenne tous les enjeux, à ce que toutes les questions soulevées trouvent des réponses, mais à un dénouement en point d'orgue, qui vienne vraiment nous décoiffer et tout éclairer. Certes, j'en demande beaucoup, mais ce n'est qu'en proportion de la qualité du roman, justement !
En tout cas, il ne faut pas trop se laisser intimider par la singularité de la narration. Si on se laisse prendre au jeu, et pour peu qu'on soit sensible à la prose de Stéphane Beauverger, ainsi qu'au caractère bien trempé [et souvent aussi sérieusement imbibé =D ] de son héros, on passe un moment merveilleux. Je recommande chaudement ce bouquin !