[Jean-Sebastien Hongre] Un père en colère

Temps pour murir ce roman : 5 ans
Temps pour l'écrire : 1 ans et demi
Temps de relecture :... no comment

Je ne vous cache pas que j'ai souffert. Un accouchement terrible. 3 style narratifs testés avant de trouver celui que j'ai choisi. Imaginez porter ces personnages en moi si longtemps. Le BAT a été une libération.

Je vous dis tout mais ne le répétez pas à mon éditeur :)
J'ai écrit 60% du roman en "je" au passé pour commencer.
Mais ça ne fonctionnait pas, pour mille raisons, notamment le besoin de poser la caméra sur Léa et Fred de manière objective. Le "Je" incluait une subjectivité qui m'éloignait de la dimension clinique et froide que je souhaitais sur un sujet aussi glissant et politiquement dangereux...
Je suis passé au "il" au passé. Là, le fond lourd s'est chargé de la syntaxe et grammaire des temps du passé qui ralentissaient la lecture. Bref, trop lourd selon moi pour le lecteur (un peu comme une scène de torture au ralenti )
J'ai donc fini avec une narration caméra au poing, et des passages de témoignages personnels pour donner de la chair à l'ensemble
Enfin c'est ce que j'ai essayé de faire...
Je vous ouvre le capot comme on dit. Ca n'a pas été simple, sujet sensible... et je voulais essayer de rester sur un fil étroit

Oui, Croc, vous avez bien compris ... Mon plus grand plaisir, ce sont ses retours, et aussi les échanges hier à la radio. Ma page Facebook me donne des joies sincères quand des internautes me disent que mon roman leur a fait du bien parce qu’ils évoquent leurs souffrances, les douleurs du grand peuple des victimes, des humbles et des vulnérables généralement discrets. Je suis fier de leur avoir donné la parole.
Je crois sincèrement qu'un volume considérable d'oubliés est abandonné. Je reçois des histoires sur mon fb, notamment une mère qui reçoit des messages toutes les nuits parce que sa fille deale (15 ans). J'ai réussi à lui avoir une interview dans un magazine (bon c'est france dimanche...) et elle est tellement heureuse que sa douleur soit prise en considération.
Entre nous ce qui me désole un peu c'est quand même le silence des media. Peu de retombées. Sans le net, (et les bloggeurs et le bouche à oreille, mon roman serait un oublié lui aussi

Le bouche-à-oreille domine les médias ! Mouhahaha

Avec tous les témoignages que vous avez eu et que vous recevez encore, vous arrive-t-il d'avoir peur pour l'avenir de la société ?

Pour croc: oui je suis très inquiet. Surtout quand je lis les paroles de booba ou les clip de ses feat ... (avec des millions de vues).

Nous sommes en train de construire une civilisation monstrueuse ou compassion, empathie, attention à l’autre auront disparu car nous nous refusons à défendre, à enseigner, à lutter pour ces belles valeurs. Chacun croit que ca ne va pas le toucher mais, chacun le sent, la bombe va éclater.
Les démocrates ne doivent pas abandonner les territoires aux brutes, ni à ceux qui veulent les instrumentaliser politiquement.
En somme mon message c’est la colère de ce père, la saine voix de la révolte, le chant des combattants de l’humanisme.

Ceux-ci ont sans doute été trop passifs depuis 30 ans, discret, tout en retenu... Selon moi, désormais il faut se battre, rejeter la dérision, le cynisme, l’ironie façon « canal plus » qui continuent à mettre à terre les valeurs.
On doit tous dire stop, quelques soit nos convictions politiques et agir. Ne plus laisser le champ libre aux brutes, à « ceux qui osent tout ».
au fond je suis peut etre un écrivain engagé:)