#634 10 Juin 2016 23:28:02
Bonsoir.
De retour sur ce suivi après un gros passage à vide, qui a également touché mes envies de lecture. :S
Très tardivement, voici donc un court avis sur Seul le silence de R.J. Ellory.
"Il me demanda si je voulait quoi que ce soit.
- Ma vie, répondis-je. Je veux juste récupérer ma vie."
Ces mots, ce sont ceux de Joseph Vaughan dont nous suivons l'histoire sur une bonne trentaine d'années. Mais le personnage principal de ce roman est, selon moi, La Mort, c'est elle que Joseph va croiser dès l'enfance avec le décès prématuré de son père puis avec les nombreux meurtres de fillettes qui inquiètent très vite toute la région et vont obséder l'adolescent. Dès lors, La Mort rôde, hante et traque le jeune homme. Au fil des pages, sur des décennies, l'angoisse est présente, les crimes se succèdent, les drames s'enchaînent. Ces événements qui vont poursuivre Joseph, son désespoir et sa force pour les surmonter le rendent terriblement attachant.
Ellory nous déroule un récit sombre, avec une écriture que j'ai beaucoup aimée, remplie de mélancolie et de poésie au coeur de cette violence. On découvre, bien sûr, le coupable des meurtres sur ces petites filles, mais au-delà de cette enquête, c'est le parcours de vie tragique de Joseph qui marque le lecteur. Un roman noir que je conseille fortement, mais juste en vous prévenant de ne pas vous attendre à un thriller haletant.
Quelques extraits relevés :
"C’avait été ma vie.
Une vie déroulée comme du fil, résistance incertaine, longueur inconnue ; se rompra-t-il abruptement ou continuera-t-il indéfiniment, reliant entre elles de nouvelles vies. Parfois du simple coton, à peine suffisant pour assembler les parties d’une chemise, parfois une corde-triplement tressée, chaque brin et chaque fibre goudronnés et tordus pour repousser eau, sang, sueur, larmes ; une corde pour dresser une grange, pour faire des nœuds d’arrêt et tirer un enfant presque noyé d’une inondation, pour ligoter un homme à un arbre et le battre pour ses crimes.
Une vie à retenir, ou à voir glisser entre des mains indifférentes et inattentives, mais toujours une vie. Et lorsqu’on nous en donne une, nous en souhaitons deux, ou trois, ou plus, oubliant si facilement que celle que nous avions a été gaspillée."
"Le temps ne guérit pas de telles blessures.Le temps ne fait rien que nous rappeler que nous n'en avons jamais assez. "
Ensuite, au mois de mai, un seul livre lu… Il s'agit de Jusqu'à ce que la mort nous unisse de Karine Giebel. Légère surprise avec ce titre car, jusqu'à maintenant, ce que j'avais lu d'elle basculait immédiatement dans une atmosphère tendue et violente. Ici, un joli décor de montagne, des parcours de randonnées ( l'une d'elle avant l'aube avec petit déjeuner devant le lever du soleil derrière les sommets m'a donné terriblement envie), un petit village à l'apparence tranquille et dans un petit chalet, il y a Vincent, guide de randonnée, qui ne vit que pour "ses" montagnes, brisé par une histoire d'amour et qui profite de son grand charme pour dorénavant , "consommer" et traiter les femmes comme "du gibier", "des proies "sans le moindre remords. C'est la mort de son meilleur ami, son "presque frère" , dont il refuse d'accepter qu'elle soit accidentelle, qui va le pousser à en savoir plus, lui faisant croiser le chemin de Servane, jeune femme nouvellement nommée gendarme dans la région. Nous les suivons dans leur enquête, entre magouilles politiques, trahisons, découvertes de meurtres et assistons à la naissance d'une très forte amitié entre les deux personnages. Jamais je n'avais lu autant de descriptions des sentiments dans un roman de K. Giebel ; ici elle prend le temps de nous rendre Vincent et Servane incroyablement touchants, le tout sur un très bon suspens, une fin malgré tout haletante même si on est loin du glauque et oppressant Purgatoire des innocents par exemple.
Et maintenant, ma lecture en cours, est Le Hussard sur le toit de Jean Giono, commencé il y a déjà plusieurs semaines, la fin approche. Donc des nouvelles très bientôt, normalement.
Bonne soirée, bonnes lectures à tous !