Lelf a écritAh ben je dirais que ça dépend des pratiques, j'aime pas trop l'accusation de "tout tout de suite" qui plane sur notre génération, n'alimentons pas les clichés.
C'est pas forcément négatif. Grâce à la technologie, on a des possibilités supplémentaires, on est envahi d'informations qu'on le veuille ou non (c'est prouvé). Apparemment ça développe des qualités (lecture transversale, tri pertinente de l'information, etc. )... bon j'ai lu quelques articles, mais je ne suis pas vraiment penchée sur la question. Et c'est pas une question d'être gâté ou non contrairement à ce que certains croient, ça n'a pas forcément un lien avec le porte-feuille ou le matérialisme, mais c'est plus... je ne trouve pas le mot... disons que s'il se passe quelque chose, on le sait de suite. On est bombardé d'informations, personnelles ou non, à chaque coin de rue, même sans smartphone.
Parfois c'est fatiguant. Il m'est arrivée de faire l'ermite et de me sentir harcelée par quelques textos, j'ai quelques amis qui envoient des textos et au bout de deux heures se demandent si je ne suis pas morte, ou m'en veulent beaucoup si j'oublie de répondre. Ils se demandent pourquoi je ne veux pas de smartphone, j'en serai trop fatiguée car je me connais (le côté geek ressortirait) et ça me gêne d'être en contact permanent avec n'importe qui si je sors de chez moi surtout qu'il s'agit souvent de futilités de mon point de vue. Donc quand on me dit "va sur facebook", "va voir tes mails" ou "coucou ça va, tu fais quoi le week-en prochain?", j'attends le soir si je suis occupée et ça ne change pas la face du monde. Même ma mère m'énerve à vouloir de l'immédiat sur des conversations banales, comme quoi tout le monde le vit différemment. On a la possibilité d'être réactif alors si on attend le soir ou le lendemain pour répondre à un texto, ça fait asocial ou négligeant. (ok je dois l'être un peu! mais je préfère négliger des textos que les moments présents... Je réserve la e-communication à mes moments de solitude et rien ne m’énerve plus que d'être négligée par quelqu'un qui doit absolument répondre à des textos futiles).
A la fac, les profs disent que les étudiants sont tout le temps sur leurs smartphones, l'un d'eux a répondu que c'était un réflexe, il actualise sans cesse mais ça ne l'empêche pas d'écouter attentivement (du moins autant que moi on va dire). Les 3/4 font ça, le règlement l'interdit mais les professeurs l'acceptent assez bien et dès qu'ils ont un doute, ils missionnent même un étudiant d'aller vérifier sur google. Certains profs trouvent que ça change le mode d'enseignement et ils en profitent. L'un d'eux nous a dit "Nous sommes au même niveau". Car on a tout, pas tout au niveau matériel, mais on peut se renseigner sur tellement de choses et tellement vite. Les profs qui dictent ne sont plus intéressants, savoir des trucs trop pointus, ce n'est plus intéressant. Il faut savoir chercher (où, comment, etc.), trier les informations, réfléchir... c'est dû à l'immédiateté, et ça c'est juste génial puisqu'on peut faire de la veille informationnelle. C'est pratique, et si on ne lutte pas contre, on peut en tirer profit
Je pense que même si on est quelqu'un de raisonnable, ça nous change la vie et nos manières de consommer/vivre parfois. Comme tu le dis, il ne faut pas le prendre au pied de la lettre pour tout (certains attribuent la hausse de divorce à cela et je ne suis pas d'accord par exemple).
Je suis de cette génération, car j'ai vécu mon adolescence dans ce contexte. J'ai beau être un peu plus réfractaires que d'autres, je vois les bons côtés et je ne peux pas nier l'influence de cette variable. A partir de 14 ans et demi j'ai eu ma première connexion, et j'ai pu constater que ça a changé ma vie. Je suis devenue un peu geek donc il y a eu du négatif (haha) mais globalement c'est plutôt du positif car cette connexion était la seule chose qu'on avait à un moment donné et elle a permis de m'ouvrir à beaucoup de choses, de personnes, et d'avoir plus d'autonomie (pallier l'écart social, penser différemment, me renseigner, apprendre hors du cadre scolaire). Encore aujourd'hui, si je veux chercher un truc sur la loi de finances ce soir, j'ai Internet, je n'ai pas besoin d'attendre que la Bibliothèque universitaire ouvre. Je veux l'info de suite, et c'est naturel vu le contexte. Voilà un peu de HS juste pour dire qu'on vit indéniablement dans un contexte de l'immédiat et que je le vois de manière assez positive globalement. J'y vois des inconvénients à appliquer l'immédiateté au côté social (point de vue très perso!), mais professionnellement et pouvoir se permettre le soir d'être connectée, je trouve ça génial. Si on peut éviter d'être dans le besoin (culturel, social), il n'y a pas mal de ça. Comme tu le dis c'est pas forcément lié à nos achats compulsifs, mais ça reste un facteur de vie, une variable. Pour ma part, ça a peut-être influencé mon comportement, avec une peur du manque lié à d'autres variables plus personnelles. Car ces comportements surviennent souvent quand ça va mal aussi et je ne pense pas qu'ils soient l'apanage de notre génération (je connais une vieille acheteuse compulsive, au point d'être mise sous tutelle, là c'est vraiment pathologique).
J'avoue que le "je prends je pose" c'est particulier. Peut-être qu'à ce moment là, je n'avais pas tant que ça la tête à la lecture ? Mais trop de choix tue le choix en ce qui me concerne. Il m'arrivait de chercher une demi-heure ou plus quoi lire, c'est long dans une soirée. :) Mais grâce à Livraddict c'est fini, je prévois mes PAL de la semaine, je me laisse souvent guider (LC) ou je choisis de prendre un livre au hasard et j'arrive carrément à m'y tenir en fait. Je lis moins de livres en même temps aussi. J'ai perdu ce truc d'être d'humeur pour ci ou pour ça et je me suis canalisée.
Pour la plume de l'auteur, je le vérifie direct en librairie en ouvrant une page au hasard et je vois si ça me donne envie, en général je ne me trompe pas. Si j'ai envie de m'asseoir et de le lire de suite, c'est bon ! C'est parfois avec les achats internet que j'ai quelques surprises mais ils étaient un peu de l'ordre de la pulsion donc je vais les diminuer voire me les interdire (même quand je ne regrette pas les livres, je culpabilise de ne pas faire vivre les librairies indépendantes alors que j'en ai une pas loin). Je trouve que c'est une bonne technique de lire un extrait (dispo en ligne aussi !) et ça évite les mauvaises surprises.
Quand ça m'ennuyait, la plume de l'auteur était rarement en cause, mais parfois les introductions sont un peu longues. Par exemple, j'ai pas accroché au début de Shutter Island (prologue génial mais le début du premier chapitre m'a un peu ennuyé et ça aurait été dommage d'arrêter car là je suis à fond).