#1 09 Mai 2014 14:21:11
L'écriture est ma passion et cela fait maintenant plusieurs années que j'écris sans cesse. Je partage peu mes textes, n'en lisant que de courts extraits à ma famille. C'est ainsi un exploit que je fais aujourd'hui en postant ici les premiers paragraphes de mon roman... (N'ayez pas peur de ce “style” tarabiscoté, un peu vieillot, qui est le mien, non je n'arrive décidément pas à être moderne...) Mon Dieu, je suis terrorisée !
Prologue
Anvers, Ohio
1926
C'était un jour de grand embarquement. Le train de New-York avait ramené comme accrochées à son flan des bribes de la cité, et les gens se pressaient autour des rouages pour en humer le parfum. Les gares sont des lieux romanesques, des terrains propres à aiguiller les destins, c'est pourquoi j'en ai fait l'origine de cette histoire, le point convergent de l'avenir et du passé de mes personnages. Jusqu'où les aura menés la gare d'Anvers ? Les aura-t'elle seulement menés quelque part ? Ces interrogations n'ont pas leur place à l'instant, où nos protagonistes indistincts bataillent dans une foule confuse.
Elles étaient deux jeunes filles parfaitement différentes, pourtant bien soeurs. L'aînée, de taille moyenne, des mèches d'une blondeur éclatante se dérobant d'un chapeau cloche bon marché, traçait avec application son chemin, ouvrant la voie à sa cadette d'un an. Celle ci, le menton fière et affûté, frêle mais frondeuse, portait ses cheveux sombres savamment maîtrisés à coup d'aiguilles en un chignon sur la nuque. Elles étaient vêtues de robes simples et délavés, chaussées de souliers fermés éraflés, mais tout en elles aspirait à l'envol, à la distinction. Leur beauté précieuse sauvait la pauvreté de leur mise, leur personne témoignant plus d'une ardeur d'émancipation que d'une quelconque richesse. A étudier les traits altiers des soeurs Taylor, c'était d'un rayonnement dont on été frappé.
Nul besoin de préciser leur état d'esprit actuel ; elles même n'en avaient que faire. Je reviendrais plus tard sur ce point, quand l'irréparable, bon ou mauvais, quelque soit sa nature, serait commis. Pour le moment la ville d'Anvers perdait assurément ses ambassadrices de beauté, à moins qu'elles n'aillent prêcher ailleurs leurs origines Midwesterner.
Victoria Taylor, grande soeur de profession, se refusait à jeter un regard en arrière, non pas dans la foule compact mais plutôt sur les événements l'ayant conduit jusqu'ici, elle qui réfléchissait d'habitude à deux fois avant de s'engager sur quelques chemins. Peut-être fallait-il une exception à la règle, se disait-elle vaguement. Elle avançait donc ainsi, précipitée sans préavis vers la dernière et douloureuse maille du filet de sa vie passée.