[Topic unique] Des trésors dans vos livres

 
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #421 16 Mai 2021 15:43:11

    A filtered environment could have consequences for curiosity. According to psychologist George Lowenstein, curiosity is aroused when we’re presented with an “information gap.” It’s a sensation of deprivation: A present’s wrapping deprives us of the knowledge of what’s in it, and as a result we become curious about its contents. But to feel curiosity, we have to be conscious that something’s being hidden. Because the filter bubble hides things invisibly, we’re not as compelled to learn about what we don’t know.
    As University of Virginia media studies professor and Google expert Siva Vaidhyanathan writes in “The Googlization of Everything”: “Learning is by definition an encounter with what you don’t know, what you haven’t thought of, what you couldn’t conceive, and what you never understood or entertained as possible. It’s an encounter with what’s other—even with otherness as such. The kind of filter that Google interposes between an Internet searcher and what a search yields shields the searcher from such radical encounters.” Personalization is about building an environment that consists entirely of the adjacent unknown—the sports trivia or political punctuation marks that don’t really shake our schemata but feel like new information. The personalized environment is very good at answering the questions we have but not at suggesting questions or problems that are out of our sight altogether. It brings to mind the famous Pablo Picasso quotation: “Computers are useless. They can only give you answers.”
    Stripped of the surprise of unexpected events and associations, a perfectly filtered world would provoke less learning. And there’s another mental balance that personalization can upset: the balance between open-mindedness and focus that makes us creative.


    Eli Pariser, The Filter Bubble

  • Elizewyn

    Restaurateur de livres

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    #422 04 Juin 2021 17:31:50

    "Tu aurais probablement choisi de revenir car soit la vie a un sens, et il est trop compliqué à déchiffrer, soit elle n'en a aucun, et alors il vaut mieux boire, manger, danser et faire l'amour le temps que ça dure. J'en sais quelque chose. Promets moi d'en profiter."
    Alors voilà : les 1001 vies des urgences, Baptiste Beaulieu
  • Elizewyn

    Restaurateur de livres

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    #423 21 Juin 2021 08:36:54

    “My mama say education will give me a voice. I want more than just a voice, Ms. Tia. I want a louding voice,” I say. “I want to enter a room and people will hear me even before I open my mouth to be speaking. I want to live in this life and help many people so that when I grow old and die, I will still be living through the people I am helping.”
    The Girl with the Louding Voice, Abi Daré
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #424 22 Juin 2021 19:17:22

    Mary Anne est belle, débordante de vie. Je n’ai qu’à tendre la main pour la toucher, pourtant elle rayonne dans une autre dimension. Nous nous situons sur des plans différents, elle est l’intermédiaire entre nous et ces gens dont ses lèvres prononcent le nom. Elle s’en va trop vite.
    Avant de filer, elle dit toujours : « À bientôt. » Quelquefois, on peut distinguer un scintillement humide dans ses yeux et un fil invisible semble la retenir. D’autres fois, on dirait qu’elle détale pour échapper à des flammes sous ses pieds. La plupart du temps, cela dit, elle a l’air d’aller bien. On la sent à l’aise là où elle est, sachant où elle va et ce qu’elle doit faire ensuite.
    Quand elle se retourne sur le seuil pour nous saluer de la main, Beevi lui répète invariablement de boire beaucoup d’eau et d’être prudente au volant.
    Moi, j’ai envie de lui dire que nous ne sommes que la somme de nos folies, racontées ou tues, mais je me contente, comme d’habitude, d’un : « Merci, Mary Anne. »


    Shih-Li Kow, La somme de nos folies

  • Elizewyn

    Restaurateur de livres

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    #425 10 Juillet 2021 07:16:46

    Love can't cure a mental illness. There are lots of ways to help him, you can just be there. To listen. To talk. To cheer him up if he's having a bad day. And on the bad days you can ask what to could do to make things easier. Stand by his side, even when things are hard. But also knowing that sometimes people need more support than just one person can give. That's love darling"
    Heartstopper, Alice Oseman

    Et dans la même veine :

    "Non, parce qu'on ne sauve pas les gens d'eux-mêmes, Lazare. On peut les aimer, les accompagner, les encourager, les soutenir. Mais chacun se sauve soi-même, s'il le veut, s'il le peut. Tu peux aider les autres, Lazare. Mais tu n'es pas tout puissant."

    " La plupart des gens préfèrent se faire mal en répétant les mêmes choses plutôt que d'expérimenter quelque chose de nouveau."
    Sauveur & fils, saison 1 Marie-Aude Murail

    Dernière modification par Elizewyn (10 Juillet 2021 07:16:59)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #426 22 Juillet 2021 17:05:37

    D'autres infos sur la Roumanie dans le Times. Les étudiants qui ont fait la révolution et renversé l'ancien régime ne savent pas comment former un nouveau gouvernement. Ceux qui savent former un gouvernement sont ceux de l'ancien régime renversé par les étudiants. Ce sont ces gens là qui sont en train de revenir au pouvoir en Roumanie. Les étudiants se sentent trahis.

    J'ai de la sympathie pour eux. Je trouve qu'il y a beaucoup d'analogies entre les troubles en Roumanie et ma propre vie. Pauvres étudiants... S'ils pensent qu'ils ont été trahis, là, qu'ils attendent seulement de grandir un peu et qu'ils commencent à se trahir eux-mêmes. Les choses comment à vraiment mal tourner quand vous n'avez plus que vous-même à renverser pour que votre vie s'améliore.


    Steve Tesich, Karoo

    Dernière modification par FloXy (22 Juillet 2021 17:07:24)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #427 29 Juillet 2021 19:20:36

    J’aurais simplement voulu lui dire quelques mots. Mais il n’y avait que le silence quand j’ouvrais la bouche. J’aurais voulu lui dire qu’il y a des choses que je ne comprenais pas, que je ne savais pas moi-même.
    J’aurais voulu lui dire que je ne savais pas ce que j’étais, que ne je savais pas qui j’étais, j’aurais voulu lui avouer des choses dont je n’avais jamais parlé. J’aurais voulu lui dire que j’avais coupé les ponts avec ma famille, que j’avais besoin d’aide, que j’aurais aimé lui parler, juste lui parler. J’aurais voulu lui dire que je me sentais seul et que je me sentais abandonné. J’aurais voulu lui dire que j’avais grandi dans un monde qui était pour moi ultraviolent. J’aurais voulu lui dire qu’autour de moi je trouvais le monde si fou, si fou.
    J’aurais voulu lui dire que je ne m’accordais pas le droit d’être moi-même, qu’on ne m’avait jamais accordé le droit d’être moi-même, et que j’avais l’impression d’être mon propre tyran en permanence, mon propre monstre. J’ai un monstre en moi.
    C’est ça que je devais lui dire ? « Barbara, je t’aime. J’ai un monstre en moi et je me bats au quotidien contre la haine. »
    Peut-être. Après tout. J’aurais voulu lui dire aussi que j’avais passé ça sous silence, même après l’avoir rencontrée. Toujours. Que j’avais honte de mon corps. Que ce sentiment de honte n’était jamais très loin. J’aurais voulu lui dire que j’avais honte et que cette honte était comme une vague, cette petite vague qui vient vous lécher les pieds imperturbablement quand vous êtes au bord de la mer, toutes les huit secondes à peu près, toutes les huit secondes comme le temps qu’il faut pour répondre à Questions pour un champion, lors de la dernière manche. J’avais honte et ma honte était une vague, j’avais honte et ma honte était un ruisseau, j’avais honte et ma honte était une guerrière, j’avais honte et ma honte était un océan, j’avais honte et ma honte était une montagne, j’avais honte et ma honte était un volcan. Tu n’imagines pas, Barbara, en fait ma vie c’était ça, ma vie c’était ce sentiment, la honte. Pour moi il était normal d’avoir honte comme ça de son corps, la honte pour moi était normale comme le vent, normale comme l’eau du robinet, normale comme le fait de trier les poubelles, normale comme les nuages noirs en hiver, normale comme une alarme qui vous réveille tous les jours à la même heure, normale comme un mauvais cauchemar, toujours le même, qui vous terrasse dans vos nuits sans sommeil. Personne n’était là pour me dire que ce n’était pas normal.
    [...]
    J’aurais voulu lui dire que je voulais tout découvrir avec elle. J’aurais voulu lui dire que je n’ai pas eu de corps. Que je vivais sans corps. Que je ne me reconnaissais pas dans mon corps.
    Et aussi que mon amour pour la poésie, c’était contre ça, contre le désespoir, contre la solitude et vers la joie, et toujours vers le corps, trouver un corps par les mots. Et que si je parlais toujours de poésie c’était dans l’espoir que toutes les millions de pensées qui traversaient mon corps, toutes les millions d’émotions qui traversaient mon corps, que parmi elles il y en aurait quelques-unes que j’arriverais à communiquer avec des mots.
    Et qu’elle était arrivée.
    Et qu’avec elle le monde dans lequel je vivais avait changé.
    Sauf que voilà. Je me suis tu.
    Et maintenant je devais répondre à une question de Julien Lepers sur un roman de Dostoïevski.


    Olivier Liron, Einstein, le sexe et moi

  • FloXy

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    #428 18 Août 2021 23:49:13

    Quelque chose me submergea alors que j’avançais dans la librairie avec Leila vers la sous-section de la littérature appelée « Classiques ». C’était peut-être le souvenir de toutes les librairies et bibliothèques de ma vie. Une sensation de quasi-vertige fit non pas tant tourner la boutique autour de moi que tournoyer mon esprit dans ma tête, formant un petit tourbillon de livres, au centre duquel je distinguai, comme dans une vision, un minuscule point de clarté absolue.
    Si Dieu devait se révéler maintenant et avec lui une poignée de vérités incontestables, presque tous ces livres disparaitraient.
    La section << Philosophie >> disparaitrait.
    Tous les livres de la section << Religion >> seraient retirés des étagères.
    Adieu, la physique et l'astrophysique. Adieu les sciences et la section << Sciences >>. Une poignée de vérités venant de Dieu rendraient tous les livres jamais écrits sur les sciences totalement superflus.
    La section << Voyages >> resterait.
    Les grands livres, les grands livres traitant des grandes questions métaphysiques, disparaitraient parce que ces grandes questions n'existeraient plus.
    Il n'y aurait plus aucun rôle pour l'humanité et la civilisation, si la vérité venait à être révélée. Comme si l'humanité était une sorte de réponse biologique à l'absence de vérité.
    Si j'étais Dieu, me dis-je, je n'aurais pas le cœur d'apparaitre maintenant. Pas après que ces livres et des millions d'autres ont été écrits. Non, je n'aurais pas le cœur d'apparaitre aussi tard pour dire : << Me voilà, je suis venu pour vous dire la vérité et rendre superflus les siècles que vous avez passés à la rechercher. >> Non, s'Il était vraiment un dieu d'amour, Il resterait dans son coin. Il était trop tard, maintenant.
    La tragédie de ce pauvre Dieu solitaire qui avait attendu trop longtemps pour apparaître m’envahit. Il était là, quelque part à la lisière d’un monde en expansion permanente, s’éloignant toujours plus de nous, filant loin de nous à la vitesse de la lumière. Il était là, avec sa poignée de vérités pour toute compagnie. Et nous, nous étions là, tout en bas, essayant de deviner ce que pouvait être la vérité, tentant de répondre aux grandes questions qui nous échappaient parce que même les indices que nous avions n’étaient pas bons.
    Comment expliquer l’amour que j’ai ressenti pour toute l’humanité à ce moment-là ? Ce sens d’une futilité tragique qui m’unissait à chaque être vivant par des liens plus forts que le sang ou la fraternité. Et mon cœur s’élançait également vers ce Dieu solitaire, tout en haut, qui ne pouvait pas revenir régler les choses sans détruire l’homme.


    Karoo, Steve Tesich

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #429 29 Août 2021 19:10:24

    "Ce n'est pas vrai parce que ce n'est pas bien" : ainsi pourrait se résumer le déni politiquement correct du réel. Les mots ne doivent pas servir à dire ce qui est, mais ce qui devrait être. Et au lieu de prendre pour objet des dénominations et, à travers elles, les hiérarchies utilisées par les acteurs, on modifie le vocabulaire pour tenter d'imposer une vision du monde conforme aux attendus - ce qui prive à la fois de la capacité d'analyse de la réalité et des moyens de la transformer effectivement, compte tenu de la très faible prise sur le monde que ce genre de propos parvient à établir. A vouloir cumuler la posture du chercheur qui étudie les phénomènes avec celle de l'acteur qui tente d'agir sur eux, on ne fait que de la recherche au rabais et de la politique de campus.


    Ce que le militantisme fait à la recherche, Nathalie Heinich

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #430 30 Août 2021 15:20:07

    “I have a lot of faults. We all do. But I have a great respect for the truth. I’ve never been comfortable with an ‘accepted truth,’ as some people call it. That’s not truth. It’s a distortion caused by opinion or misunderstanding or some other factor. The truth can’t have a ‘version.’ I know you get that, Gutsy, because you have that kind of mind. Always have. That’s why people don’t always trust you: because they can never be sure you’ll side with them or back the ‘version’ of the truth they insist is real. You’re not a follower. You’re not even a pack animal, despite your friends Spider and Alethea. You’re more like Sombra there.”
    She said nothing. Gutsy never needed her ego stroked and generally felt uncomfortable with compliments.


    Broken Lands, Jonathan Maberry