#523 14 Juillet 2016 14:39:36
C'est intéressant cette discussion sur le vocabulaire ! J'ai eu aussi à faire face à des problèmes de compréhension - une collègue qui se dit végétarienne et j'ai appris par la suite qu'elle mangeait en fait du poisson, par exemple. Ca m'arrive encore régulièrement vu que je ne suis végétarienne que depuis moins d'un an, les gens que je ne rencontre pas trop souvent ne sont pas encore au courant. Quand je dit que je suis végétarienne on me demande aussi, une fois sur deux, si je mange du poisson. Moi ce qui me pose problème ce n'est pas la mauvaise connaissance des termes mais le fait que cette question montre bien qu'ils n'ont aucune idée des raisons pour lesquelles on devient végétarien : ça n'a aucun sens au niveau éthique de manger du poisson et de refuser la viande, mais eux ils pensent d'abord que c'est un choix de "goût", de "mode de vie", une sorte de religion en somme, une décision sans fondement, une sorte de caprice. L'idée que je refuse de manger des animaux qu'on a tués pour moi, et que donc forcément je ne mange pas d'animaux qu'ils soient terrestres ou marins, ça ne leur viendrait même pas en tête. Il faut que j'explique mes raisons mais dans la grande majorité des cas les gens s'en foutent et la conversation ne dure pas plus que quelques secondes. C'est ça qui me frustre personnellement.
Un autre truc qui me frustre ce sont les gens qui mettent des statuts enflammés sur les réseaux sociaux à propos de festivals où on mange des chiens en Chine, des corridas en Espagne, des animaux maltraités dans les zoos, qui incitent à signer des pétitions etc... Et puis qui mangeant de la viande à tous les repas. J'ai envie de leur dire "vous vous rendez compte de tous les animaux que vous payez pour que l'on tue ? Vous n'avez pas l'impression d'être un poil hypocrite ?" Mais bien sûr je ne dis rien parce que ce n'est pas comme ça qu'on ouvre une conversation constructive. Comme dit ci-dessus, nos choix alimentaires font des victimes et ne sont pas purement "personnels", mais en même temps personne ne peut forcer une autre personne à arrêter de manger de la viande. Alors il faut y aller doucement et convaincre sans braquer, quand l'occasion se présente, ou par l'exemple. Sinon on fait plus de mal que de bien.
Sinon je suis en ce moment chez mes parents où on est neuf à table tous les soirs, nous ne sommes que deux végétariens récents, et tout le monde est très ouvert. Je suis en train de devenir végétalienne mais ce n'est pas évident pour le moment car je ne connais pas assez de produits et de recettes qui me conviennent, donc de mon côté je ne fais pas une crise s'il y a du fromage ou de l'oeuf dans un plat, même si je n'en mets pas quand je cuisine moi-même. De leur côté ils sont tout contents de me proposer des plats sans produits animaux, et de goûter ceux qui je fais, et les apprécient de plus en plus. Entre gens de bonne volonté on s'entend :)
Le seul souci que j'ai rencontré récemment c'est un à barbecue, une amie qui m'a demandé très sérieusement pourquoi j'acceptais de tuer des légumes pour les manger et pas des animaux. J'ai trouvé ça tellement idiot que j'ai cru qu'elle se foutait de moi et j'ai rigolé, mais elle était sérieuse, elle ne voyait pas de différence au niveau moral 0_o J'ai commencé à parler d'êtres vivants et de cerveau et de système nerveux et de souffrance, mais j'étais prise tellement au dépourvu que je n'ai pas été très convaincante, et puis elle était persuadée que les animaux ne souffrent pas dans les abattoirs. Mon père aussi est persuadé que les vaches à lait passent une vie heureuse, n'ont besoin que d'un veau pour produire du lait toute leur vie et meurent de vieillesse au milieu d'un pré fleuri. Que répondre à ça quand ils ne veulent pas croire que ce n'est pas le cas ?