#98 13 Septembre 2014 22:54:15
Concernant les SP... Comme toi, Kyradieuse, j'étais très enthousiaste, au début. Mais j'ai vité déchanté, cependant pas pour les mêmes raisons.
C'est arrivé lorsque j'ai reçu mon premier service de presse via mon blog perso, et pas à travers un forum. Il s'agissait de Idhun, de Gallego Garcia, dont j'avais adoré L'impératrice des éthérés. Je le lis et, un peu surprise, je déteste. Pas de souci : les partenariats, je les traite tout de suite, mais je conserve ma liberté de ton, et je fais part de ma déception. Peu après, je parcours d'autres blogs, et je constate que pas mal d'autres lecteurs n'ont pas trop aimé non plus. Ou en tout cas que les avis sont très partagés.
Quelque part, même si j'en avais conscience dans un coin de ma tête, la réalité m'a sauté à la figure : avis favorable ou pas, les éditeurs ont juste bénéficié à travers les blogs d'un formidable marketting viral. Ce n'est pas l'avis des lecteurs qui leur importait, mais la pub, le fait que l'on en parle massivement, peu importe le ressenti (c'est pas nouveau, mais ça m'a particulièrement sauté aux yeux à travers cet exemple) : les gens ont acheté en masse, évidemment pour se faire leur propre avis.
Que la quantité (de posts sur un livre) prime sur la qualité (du livre), m'a énervée profondément. Dans le fond, les éditeurs peuvent faire peut de cas de nos avis, ils ont à travers les blogs des lecteurs une plateforme de publicité totalement gratuite : la main-d'oeuvre de communication est gratuite, et si ce service pub leur coûte "quelques" (je suis au passage toujours aussi étonnée qu'on nous dise que l'industrie du livre souffre, et pourtant de constater le nombre de services de presse qui sont distribués...) livres (parfois des épreuves non corrigées, là j'ai trouvé que c'était le pompon), ça leur permet quand même, j'en suis sûre, des économies non négligeables sur la com' autour de leurs sorties.
Et, travers qui me gêne toujours, lorsque je vois les (désormais traditionnelles) phrases de remerciement en début d'article, j'ai aujourd'hui des warnings qui s'allument dans ma tête. Je sais que des bloggers gardent leur liberté de ton malgré un partenariat. Et même si ça n'empêche pas certains de dire qu'ils n'ont pas aimé un livre, je trouve souvent que ça donne quand même des circonvolutions alambiquées pour dire qu' "un tel truc n'était pas tout à fait bien écrit même si bon dans l'ensemble c'est pas trop mal. Et merci pour le part' " :/ . Ça me dérange, et ça me donne envie... d'aller voir l'avis de quelqu'un qui a acheté le livre.
En cela, j'ai désormais du mal à remercier un éditeur de son service de presse quand ça devrait être l'inverse. C'est le lecteur qui fournit la visibilité du livre. Je ne reproche absolument rien aux bloggers. Ça m'énerve juste d'avoir l'impression que leur avis compte peu face au potentiel publicitaire de leur blog. Ça donne une impression d'exploitation. Certains en sont conscient, d'autres pas forcément. Mais je ne trouve pas ça spécialement honnête.
Cependant, je ne crache pas sur tous les services de presse. Je pense qu'une petite maison d'édition ou un jeune auteur, qui ont besoin de visibilité et pas forcément des fonds énormes... ben ça peut être intéressant (faire découvrir un auteur au lecteur, et offrir une visibilité). Mais les services de presse des grosses maisons d'édition... je reste très dubitative.
Voilà où j'en suis de mes réflexions après mon épisode "Idhun". Je n'évoque pas ici d'autres aspects qui m'ont dérangée. Et je précise, pour clore mon propos, que je ne crache pas sur le travail (car j'imagine que ça demande une certaine logistique) effectué par les membres des forums qui sollicitent les services de presse et les re-dispatchent aux membres. J'ai juste un peu de... rancoeur (? terme peut-être un peu fort, mais proche du sentiment que je ressens) vis-à-vis des éditeurs qui, sous couvert de "générosité" profitent bien de l'ensemble. Ça reflète bien notre société, où le populaire l'emporte sur le qualitatif, où la pub est omniprésente, où l'on ne paie plus les choses à leurs vraie valeur de fabrication.
Quelque part, je pourrai m'en ficher royal et me dire que, contre quelques mots sur une page virtuelle, j'ai gagné un livre. Mais du point de vue de mes principes, ça me gêne.